Évangile : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »Homélie :
Après avoir invoqué les saints dans les litanies, nous avons chanté : »Réjouissons-nous dans le Seigneur, célébrons ce jour de fête en l’honneur de tous les saints. Les anges se réjouissent en ce jour de fête ; ils en glorifient le Fils de Dieu ».
La joie du ciel rejaillit sur notre terre. Nous célébrons en une même fête tous les saints, connus ou inconnus, canonisés ou demeurés cachés, éloignés ou proches de nous dans le temps et dans l’espace. En admirant leur sainteté, c’est la sainteté même de Dieu que nous célébrons car elle est la source de tout don parfait. Ils ont fait fructifier dans leur vie la grâce qu’ils ont reçu de Dieu en répondant à son amour.
Et pourtant, s’ils sont parvenus au terme de la route, s’ils ont trouvé auprès du Seigneur Jésus, qu’ils ont suivi, la vie et le bonheur promis, ils restent proches de nous qui sommes encore en chemin. Ils ont connu les difficultés de la marche, les épreuves, les combats de la Foi mais aussi la joie du secours de Dieu. Ils ont mis en Lui leur confiance et nous encouragent à poursuivre notre route.
En effet, nous ne sommes pas seuls. Les saints continuent de nous accompagner. L’auteur de l’épître aux Hébreux, après avoir rappelé la fois des ancêtres, encourage les chrétiens en marche avec cette belle expression : » Enveloppés d’une immense nuée de témoins ». (He,12,1). C’est cette foule immense que nous retrouvons dans l’Apocalypse, » Une foule que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, peuples et langues ». La vocation à la sainteté n’a pas de frontières elle est un don merveilleux de Dieu qui offre à tous le Salut. Le nombre des sauvés est incalculable, puisque les 144 000 élus symbolisent non un chiffre limité mais au contraire la plénitude et l’ouverture vers l’infini.
La suite du texte précise que ce sont ces élus qui se tiennent devant le trône en habit blanc et tenant des palmes à la main. Ces deux détails nous disent que ce sont les martyrs, ceux qui ont rendu témoignage au Seigneur jusqu’à mourir pour lui. Ils ont traversé la grande épreuve de la persécution – c’est dans ce contexte qu’a été écrit le livre de l’Apocalypse -. Le sang de l’Agneau les a purifiés et, avec Lui, ils ont vaincu la mort.
Mais Saint Jean, qui a vu s’ouvrir le ciel dans son exil de Patmos où il écrit l’Apocalypse, précise dans sa première épître quelle est cette sainteté. Elle n’est plus le fait des seuls martyrs. Elle est la marque de tous ceux qui sont enfants de Dieu. Nous sommes tous appelés à la sainteté. Dieu est saint et son plus grand désir et que nous le devenions. C’est cela vivre en enfant de Dieu, partager sa vie et son bonheur en plénitude, car tel est son immense amour. Et cela nous sera pleinement révélé lorsque nous verrons le Fils de Dieu lors de son avènement. Nous serons transfigurés à son image. Tel est le bonheur que connaissent les saints et auquel nous sommes appelés.
C’est ce bonheur que Jésus nous propose dans l’Évangile des Béatitudes. Il nous fait entrevoir la liturgie céleste mais pour y parvenir nous devons mettre en œuvre ce programme qui n’est autre que l’Évangile. Les Béatitudes sont le porche d’entrée de l’enseignement de Jésus et la suite du Sermon sur la montagne précise que nous devons mettre en pratique la loi nouvelle et entrer par une porte étroite si nous voulons partager sa vie et son bonheur. Lui-même prend la tête de la marche et nous invite à le suivre. Sa vie et son enseignement sont une annonce du Royaume des cieux et le passage obligé pour lui est la traversée de la mort. Nous devons passer nous aussi par la mort et la résurrection à sa suite. C’est ce chemin qu’ont suivi les saints, tout ceux qu’il a appelé dès le début, puis tout au long des siècles.
Dans les Béatitudes, Jésus propose le bonheur, mais un bonheur précédé par des épreuves. Lui-même les a traversées et nous donne la force de les porter avec Lui. C’est d’ailleurs ce qu’il nous montre en proclamant le Royaume de son Père, Royaume à venir mais qui se construit des maintenant dans les douleurs du présent et la joie de l’espérance. Ce Royaume va à l’encontre de l’esprit du monde. Les hommes recherchent la richesse, la puissance, au besoin par la force et même le meurtre. Ils sont prêts à se battre pour parvenir à leurs fins, obtenir la satisfaction de leurs désirs. Ils vont jusqu’à la persécution pour imposer leur loi.
Jésus a vécu en pauvre, il a manifesté douceur et miséricorde, recherché la paix, accueilli les humbles, vécu dans l’intimité de son Père, enduré la violence des hommes jusqu’à mourir. En proposant cet idéal de bonheur, étranger à l’esprit du monde, il nous invite à voir au-delà de nos limites, à mettre en Dieu notre confiance, à marcher dans la foi et l’espérance. Il appelle à Lui tous ceux qui peinent sous le fardeau, tous les cœurs brisés, les humbles, les pauvres, les affamés, les persécutés. « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai ». (Mt, 11..) avons-nous chanté dans l’Alléluia.
Les saints ont mis en pratique les Béatitudes et l’Évangile annoncée par Jésus. Ils ont répondu à son appel et l’ont suivi, donnant leur vie jour après jour dans un amour désintéressé. Que leur exemple nous encourage. Malgré nos faiblesses et notre péché, avançons dans la foi et l’espérance. Ils sont proches de nous et comme nous, ils ont connu bien des épreuves. L’amour est plus fort que le péché et que la mort.
Père Claude
Prieur du Bec