Fête de la Dédicace – Jean (10, 22-30)

Évangile« Le Père et moi, nous sommes UN »

On célébrait la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. Les Juifs firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! »

Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

Nos églises sont donc des maisons de prière pour tous les baptisés qui s'y réunissent pour célébrer le Seigneur et faire mémoire des merveilles qu'il réalise continuellement. C'est le rôle de notre église abbatiale, si souvent rappelé par saint Benoît. Elle est le lieu de la présence de Dieu. C'est là qu'est célébré plusieurs fois par jour l'Office divin, `` l'œuvre de Dieu``. C'est un espace où le temps est sanctifié.

Homélie :

En célébrant l’anniversaire de la consécration de notre église abbatiale, nous ne faisons pas seulement mémoire d’un événement passé. C’est, pour chacun de nous qui célébrons tous les jours la louange du Seigneur, une invitation à approfondir le mystère de l’Église à laquelle nous appartenons, Église fondée sur le Christ et vivifiée par l’Esprit.

Cet édifice de pierre est le cadre d’une réalité qui le dépasse. Il est habité par la présence de Celui que l’univers ne peut contenir. En reprenant les paroles de Jacob à Béthel, nous avons chanté : » C’est ici la maison de Dieu et la porte du ciel ». Mais l’Église est aussi le lieu où le Christ vient à la rencontre de l’homme, où se réalise notre salut. Nous sommes invités à entrer toujours plus profondément dans cette relation avec Dieu qui vient nous communiquer sa vie et sa sainteté.

Rappelons-nous cette parole que le prophète Isaïe place dans la bouche du Seigneur : »Ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples ». C’est en effet le lieu où l’homme, reconnaissant la présence de Dieu, viens le prier et lui rendre un culte, comme le montrent de nombreux textes bibliques. Où se souvient de la grande prière du roi Salomon qui, après l’achèvement du temple, intercède pour lui-même et pour le peuple et demande la bénédiction du Seigneur. Les prophètes rappellent souvent la présence de la gloire du Seigneur et le respect qui lui est du. C’est dans le Temple que sont offerts les sacrifices et que le peuple se rassemble pour la prière et pour les fêtes.

Mais dans l’oracle d’Isaïe que nous venons d’entendre, il est dit que la maison de prière est ouverte aux étrangers qui s’attachent au Seigneur par amour et qui observe sa Loi. Car le Seigneur veut sauver et rassembler tous les hommes. Ce sera précisément la mission de Jésus.

Nos églises sont donc des maisons de prière pour tous les baptisés qui s’y réunissent pour célébrer le Seigneur et faire mémoire des merveilles qu’il réalise continuellement. C’est le rôle de notre église abbatiale, si souvent rappelé par saint Benoît. Elle est le lieu de la présence de Dieu. C’est là qu’est célébré plusieurs fois par jour l’Office divin,  » l’œuvre de Dieu ». C’est un espace où le temps est sanctifié.

Cette église ce n’est pas pour autant une entité à part. Elle fait corps avec l’Église universelle. Toute communauté est une cellule de l’Église entière. Elle est solidaire de tous les baptisés et accueille tous ceux qui veulent s’y recueillir. Elle porte dans sa prière les intentions et les soucis des hommes. Mais sa vitalité dépend du dynamisme du corps tout entier qui est la source de son renouvellement.

Car cette église où le Seigneur est présent ne se réduit pas à un édifice de pierre. C’est aussi l’ensemble du peuple qui le constitue. Le véritable temple, c’est la communauté rassemblée, appelée par le Seigneur pour le célébrer dans la foi et la charité. Pierre le rappelle avec force : »Approchez-vous du Seigneur Jésus : Il est la pierre vivante, que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie ». « Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus ».

L’église est une réalité vivante, fondée sur le Christ Jésus, mort et ressuscité, qui lui donne son Esprit. Ses membres sont ainsi reliés au Christ, unis par l’Esprit Saint. En Jésus nos vies sont offertes à son amour. Si nous sommes fidèles à notre baptême, la présence du Seigneur ressuscité se manifeste en nous et autour de nous. Ce qui est vrai de tout baptisé l’est aussi de ceux qui se consacrent à Lui par la profession monastique. Le chant d’offertoire de cette fête est le même que celui de la profession : « Dans la simplicité de mon cœur, j’ai tout offert avec joie. Garde de cet engagement, Seigneur mon Dieu ». Pour chacun de nous qui sommes marqué par le sceau du baptême, ce n’est pas seulement le temps de la prière qui est un culte rendu à Dieu, mais c’est toute la vie. Nous sommes appelés à nous offrir et à accomplir la volonté de Dieu par toute notre existence.

C’est un lien vital qui s’établit ainsi entre le Christ Jésus et chacun de nous, un lien personnel mais aussi un lien entre lui et l’ensemble de son peuple. Cette relation très forte est exprimée dans l’évangile du Bon Pasteur dont nous venons d’entendre la conclusion. Si nous appartenons au troupeau donc il est le berger, nous reconnaissons sa voix, nous écoutons sa Parole. Il y a entre Jésus et ses brebis une relation de connaissance et d’amour réciproque. Cette relation est profonde, voulu par le Père. C’est le Père qui nous donne à son Fils et c’est ce qui fait la solidité de cette relation. En Jésus nous avons notre assurance. Nous pouvons nous appuyer sur sa Parole : « Mon père, qui me les a données, est plus grand que tout et personne ne peut rien arracher de la main du Père ». C’est cette relation de chaque brebis avec le Fils uni au Père qui fonde l’unité des brebis entre elles.

Entrons toujours plus dans cette relation avec Jésus qui lui-même nous unit à son père, car dit-il : « Le Père et moi nous sommes un ». Laissons-nous attirer, purifier et façonner par sa Parole vivante. Que l’amour qui nous unit à Lui soit le lien qui nous unit entre nous. Qu’Il nous maintienne dans la fidélité et la sainteté.

 

Père Claude
Prieur du Bec