Évangile : « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson »
En ce temps-là, Jésus disait aux foules des Juifs : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Homélie :
L’Église vient de célébrer le mystère pascal. La première partie de l’année liturgique est consacrée à l’avènement du Seigneur Jésus dans notre humanité, à sa proclamation du Royaume des cieux parmi les hommes, à la célébration de sa Passion, de sa mort et de sa résurrection, à sa glorification auprès de son Père. Mais il ne nous abandonne pas. Il nous donne deux signes de sa présence : L’effusion de l’Esprit Saint à la Pentecôte et le sacrement de l’Eucharistie, rappel du dernier repas avec ses disciples la veille de sa Passion.
Par son Pain vivant, il soutient notre marche à sa suite. Il fortifie tous ceux qui croient en Lui. En transformant notre vie dans la sienne, il nous donne déjà part à son éternité bienheureuse. La première lecture de cette fête nous rappelle le don de la manne aux Hébreux dans le désert, où il n’y avait ni pain ni eau. C’est une nourriture inconnue, qui provoque l’étonnement, à tel point que tous se demandent : » qu’est-ce que c’est ? » – en hébreu « man hou », d’où le nom de « manne ». Et Moïse leur dit : » c’est le pain que Dieu a préparé pour vous ». Le temps de cette traversée du désert est un temps de mise à l’épreuve. Et souvent le peuple sera tenté par le découragement, le murmure et la révolte. Mais Dieu est fidèle et soutient son peuple dans sa marche.
Mais cette nourriture mystérieuse et plus qu’un aliment physique, c’est un symbole. Dieu se révèle à travers ce signe comme étant lui-même ce qui fait vivre. À travers la pauvreté et la faim, l’homme doit comprendre qu’il ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui vient de la bouche du Seigneur. Et ce qui vient de sa bouche, c’est sa Parole, sa Loi, ses commandements qui sont l’expression de son amour. Et l’homme vit vraiment s’il met en pratique la loi du Seigneur car c’est ainsi qu’il découvre l’amour de Dieu et en vit à son tour. » ce n’est donc pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui vient de la bouche de Dieu. » C’est cette phrase que Jésus opposera à Satan pendant sa quarantaine au désert dont nous entendons le récit au début du Carême.
Cette parole se réalise pleinement en Jésus car il est lui-même la manne donnée par le Père et la Parole qui sort de sa bouche. Nous avons chanté dans la séquence : »Lauda Sion » ces paroles : » le voici, le pain des anges, il est le pain de l’homme en route, le vrai pain des enfants de Dieu ». Pain donné par Dieu pour soutenir la marche des Hébreux, il est en Jésus le pain du ciel donné pour fortifier notre marche à sa suite vers le Royaume des cieux.
Dans l’évangile de Jean, après la multiplication des pains, Jésus se présente comme le pain vivant, descendu du ciel, capable de donner la vie éternelle à celui qui le mange. Il annonce le sacrement qui est vraiment son corps et son sang et qui donne la vie éternelle. Et il insiste sur la nécessité de manger sa chair et de boire son sang pour obtenir la vie. Il en donnera le signe la veille de sa Passion en faisant du pain et du vin le mémorial de sa mort et de sa résurrection. Cette vie qu’il donne ainsi et la vie de l’âme, la vie spirituelle. La vie éternelle commence dès maintenant par l’union à Dieu. Le Verbe de Dieu incarné vient en nous dans l’Eucharistie. « Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson ». Par l’Eucharistie, nous demeurons en Jésus et Jésus demeure en nous. L’Eucharistie réalise une parfaite union dans l’amour. Et nous participons à sa relation au Père. Jésus nous communique sa vie d’union au Père et nous enseigne à manifester l’amour qui vient du Père.
C’est précisément ce que nous rappelle l’apôtre Paul dans ce bref extrait de la première lettre au Corinthiens, un passage bref mais si dense ! Paul résume l’enseignement de Jésus. L’Eucharistie est communion au corps et au sang du Christ. C’est un mystère d’amour, un mystère de communion. Nous sommes en union avec Jésus, le verbe incarné.
De ce sacrement est que nous sommes unis entre nous : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, nous avons tous part à un seul pain ». L’Eucharistie est source de charité fraternelle. L’unité profonde des fidèles s’enracine dans la participation à l’unique Pain. C’est un miracle d’amour infini.
Pourtant nous savons que le péché nous divise. Nous sommes souvent prisonniers de notre étroitesse, rivalité, de notre orgueil. Bien des séparations, incompréhensions demeurent entre nous au niveau local de notre voisinage, de nos familles ou de communautés, comme au niveau plus large des relations entre nos églises. Au Seigneur de nous purifier, de nous convertir, de changer et d’ouvrir nos cœurs. Il nous a donné sa vie, son amour. Il attend que nous lui répondions par notre amour pour Lui et par l’unité entre nous.
Frère Claude
Prieur du Bec