CHAPITRE 73 : QU’EN CETTE RÈGLE, N’EST PAS CODIFIÉ L’OBSERVANCE DE TOUTE JUSTICE.
Dimanche 1er mai :
Après ce dernier chapitre, la Règle ne se referme pas ; au contraire, elle est une ouverture sur la vie véritable. Saint Benoît n’a pas plus la prétention d’égaler ses prédécesseurs qui ont proposé d’autres règles, que de voir en ses frères des moines parfaits ou des ascètes infatigables. Non, il propose simplement un chemin pour des moines ordinaires, et même comme il le dit ici : « lâches, paresseux et négligents », mais un chemin de vie, inspiré par l’Esprit-Saint. Sa doctrine a comme source la Parole de Dieu, l’Évangile, les Épitres, toute l’Écriture.
Cette Règle nous met en route en nous faisant revenir vers le Seigneur. Elle se veut accessible à celui qui veut devenir disciple du Seigneur Jésus. Si nous la mettons en pratique, nous pourrons parvenir, comme saint Benoît nous le promet à la fin de son chapitre : « aux sommets de vertu et de contemplation ».
2/3 PROLOGUE :
Lundi 2 mai :
En reprenant la lecture de la Règle, nous pouvons nous laisser éclairer par le mystère pascal que nous célébrons en cette période de l’année.
L’invitation du Père qui nous aime est un appel à suivre le Christ qui a renoncé à sa volonté pour obéir à son Père. A sa suite, il nous faut, nous aussi, renoncer à notre volonté propre et saisir les armes forte et glorieuses de l’obéissance, nous dit saint Benoît qui reprend cette invitation tout au long de sa Règle.
Il recommande aussi de faire fructifier les talents qu’il a placé entre nos mains. Cela nous rappelle naturellement la parabole des talents, mais aussi la parole de Jésus à ses disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit en abondance ». C’est une des grâces du temps pascal ; c’est un effet de la vie nouvelle communiquée par le ressuscité.
Mardi 3 mai :
Saint Benoît nous exhorte à vivre en ressuscités, car nous avons facilement tendance à rester endormis, à nous satisfaire d’une vie tranquille et routinière. Mais la Parole de Dieu nous réveille chaque matin, comme le serviteur d’Isaïe, dans le troisième chant. Elle nous pousse à entrer dans la vie nouvelle et véritable, à marcher dans la lumière de Pâques pour que la vie du Ressuscité se communique à nous et pour que nous la transmettions en témoins de notre fidélité à l’évangile.
Mercredi 4 mai :
Le Seigneur nous propose la vie, Sa Vie, une vie nouvelle qu’il apporte par sa Résurrection. S’engager à sa suite, c’est renoncer à soi-même pour faire sa volonté ; c’est un mouvement pascal, un mouvement de mort et de résurrection. C’est ce qui se passe dans le baptême, et l’engagement à la suite du Christ dans la vie monastique est dans la continuité de notre baptême.
Marcher à la suite du Christ, c’est répondre à sa voix qui nous invite à la suivre. C’est la voix du Ressuscité qui dit à ses disciples : « C’est moi, n’ayez pas peur », celle qui appelle Marie-Madeleine par son nom ; c’est la voix de l’inconnu d’Emmaüs qui explique les Écritures aux deux pèlerins.
Jésus promet sa vie à ceux qui le suivent comme nous pouvons l’entendre dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn. 6, 40)
Pour cela, mettons en œuvre l’exhortation qu’il nous adresse dans le Prologue, à nous détourner du mal et à faire le bien.
Jeudi 5 mai :
Après avoir entendu l’appel du Seigneur, celui qui veut marcher à sa suite avance dans la foi et la pratique des bonnes œuvres.
Saint Benoît, s’appuyant sur le psaume 14, précise encore ce qu’il faut faire pour suivre le Christ et marcher dans son sentier. Mais tout ce que nous pouvons accomplir de bon, c’est lui qui en est la source, et c’est à lui qu’il faut rendre gloire. C’est encore lui qui nous donne de demeurer dans son amour.
Vendredi 6 mai :
Écouter la Parole de Dieu et la mettre en œuvre, c’est bâtir sur le Roc. Bien souvent dans le monde, et même dans la vie chrétienne, on bâtit sur le sable ; on s’appuie sur l’intérêt, sur les impressions, sur l’immédiat. Bâtir sur la Parole de Dieu peut être déroutant à première vue, inquiétant même ; mais c’est faire un acte de foi.
La Maison de Dieu, elle, est bâtie sur le Rocher qu’est le Christ ressuscité. Il est la pierre rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse aux yeux de Dieu. C’est la pierre angulaire sur laquelle repose l’Église. C’est en Lui que nous mettons notre foi et en qui nous sommes unis. C’est Lui que saint Benoît nous exhorte à choisir. Marcher à sa suite, c’est marcher vers la Vie, celle qu’il veut nous donner déjà, grâce à sa Résurrection.
Samedi 7 mai :
Au fur et à mesure que nous avançons dans le Prologue, saint Benoît propose à ceux qui répondent à l’appel du Seigneur de se préparer à l’obéissance et à le servir malgré les difficultés diverses et nombreuses.
Marcher à la suite du Christ est exigent car cela suppose des renoncements à sa volonté propre, à des satisfactions immédiates. Cette exigence se retrouve dans l’évangile d’aujourd’hui où l’on voit que la prédication de Jésus à Capharnaüm sur le pain de vie a découragé un grand nombre de disciples. Aussi il sonde les Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » et nous connaissons la réponse de Pierre : « A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn. 6, 67-68).
Comme Pierre, comme les Douze, marchons à la suite du Seigneur pour parvenir à la vie éternelle.
Dimanche 8 mai :
« Nous allons donc fonder une école du service du Seigneur » nous dit saint Benoît à la fin de son Prologue. Et Dom Guillaume commente :
« Pour Benoît, le monastère est un lieu où l’on apprend et où l’on ne peut demeurer et persévérer si on ne désire pas apprendre. Tel est le premier sens du mot discipline qui vient de ‘’disciple’’. Aussi, pour entrer et demeurer au monastère, pour durer dans la vie monastique, il faut une âme de disciple.
C’est donc en observant les disciples de Jésus dans les Évangiles, en méditant leurs réactions, leurs peurs, leurs attentes, leurs désirs, et ce long chemin de conversion qu’ils ont dû parcourir que nous pourrons découvrir à notre tour ce que signifie véritablement ‘’apprendre’’.
En effet, Jésus ne leur donne pas de recettes toutes faites, valables en toutes circonstances, mais il leur enseigne cet art bien plus difficile, l’art d’apprendre, de discerner la trace de Dieu dans la masse des événements et des réalités. »
Fin du Prologue