Évangile : « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts »
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Homélie :
Nous voici rassemblés en ce jour, en union avec toute l’Église, pour célébrer le cœur de notre foi : la résurrection de Jésus, Pâques, la fête des fêtes. Cet événement capital est source de joie et de paix. Il illumine notre vie et notre monde. Jésus, fils de Dieu, condamné à mort sous Ponce Pilate, s’est affranchi des liens de la mort. Il est sorti vainqueur du tombeau. Il est vivant. Cette affirmation est pour nous centrale car, selon l’apôtre Paul, si le Christ n’est pas ressuscité, la vie, le monde n’ont plus aucun sens. Vide est notre foi. Nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. (Cf 1 Co 15)
Pourtant c’est une toute petite étincelle qui a embrasé le monde. C’est la foi de quelques-uns qui s’est transmise et propagée à l’univers entier. Au matin de Pâques, selon l’évangile de Jean que nous venons d’entendre, Marie de Magdala se rend au tombeau. C’est le matin du premier jour, le lendemain du grand Sabbat. Au cours de cette nuit, nous entendions l’évangile de Luc rapportant la venue de plusieurs femmes au tombeau à la pointe de l’aurore, à qui 2 messagers divins ont annoncé que ce Jésus qu’elles cherchaient n’était plus ici, qu’il était ressuscité. Ces témoignages concordent.
Marie de Magdala constate que la pierre a été enlevée du tombeau et qu’on a emporté le Seigneur. Elle n’est pas prête à comprendre la résurrection, pas plus d’ailleurs que les disciples. Car Dieu nous surprend toujours dans sa manière d’agir. Elle court aussitôt avertir Pierre et Jean qui viennent à leur tour. Marie de Magdala, Pierre et Jean, c’est déjà l’Église naissante. C’est sur leur foi encore indécise, telle une flamme tremblante, que va reposer la foi des autres disciples et la nôtre après eux. Lorsqu’ensemble ils ont observé le linceul et les bandelettes restés la, Jean à l’intuition que Jésus n’a pas été enlevé mais a repris vie. Aussitôt, dira l’Évangile : « il vit et il crut ».
Et, marque importante, l’évangéliste fait observer que « jusque-là les disciples n’avaient pas vu que, d’après les Écritures, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » On peut très bien avoir une connaissance intellectuelle des textes sacrés, s’il manque l’intelligence du cœur et le contact avec la réalité, ils restent fermés mais à celui qui les lit. Il a donc fallu l’événement de la Résurrection pour que l’Écriture s’illumine. Il a fallu le rappel de cette relation intime avec leur maître pour que les disciples découvre le sens des annonces qu’il leur avait faites lorsqu’il était avec eux. C’est maintenant qu’il commence à comprendre ce que signifiaient les annonces des prophètes et des psaumes – rappelons-nous les chants du Serviteur que nous avons entendu pendant cette Semaine Sainte. Les prédictions de Jésus lui-même à son sujet dévoilent maintenant leur signification. On se souvient combien Pierre avait été scandalisé lorsque Jésus a annoncé sa Passion. La résurrection illumine à présent leur esprit et leur cœur.
Jésus ressuscité est source de lumière. Sa résurrection révèle le sens de sa Passion qui, sans elle, apparaîtrait comme un échec dramatique. C’est la Victoire de l’amour. Tout au long de cette semaine pascale, les apparitions du Ressuscité aux disciples, aux femmes et aux autres, nous montreront la naissance et la croissance de la foi dans leurs cœurs. Et, grâce à leur témoignage, nous croyons nous aussi que Jésus est ressuscité.
L’annonce de la résurrection de Jésus est l’objet de la prédication des apôtres au début de l’Église. Annoncer, proclamer la bonne nouvelle de Jésus qui a été envoyé par le Père, qui est passé en en faisant le bien, qui a été persécuté, condamné et qui est mort, puis est ressuscité le troisième jour, voilà la mission des apôtres. Mais cette prédication n’aurait pas atteint son but si, grâce au don de l’Esprit Saint, elle ne suscitait pas dans le cœur des auditeurs la foi, l’adhésion du cœur et de tout l’être à Jésus ressuscité. La foi se traduit par une conversion, l’abandon du péché et l’ouverture à la grâce pour entrer dans une vie nouvelle. Le baptême agrège le converti au Corps de l’Église, la communauté des disciples.
Dans la nuit, nous avons renouvelé les promesses de notre baptême et nous allons maintenant affirmer notre foi, celle que partagent tous les nouveaux baptisés qui, partout dans le monde, reçoivent les sacrements en cette fête de Pâques.
L’apôtre Paul nous exhorte à vivre en ressuscité. « Si vous êtes ressuscité avec le Christ, recherchez les choses d’en haut », écrit-il aux Colossiens. La vie du Christ ressuscité nous transforme intérieurement. Nous ne pouvons plus rester prisonnier des passions d’ici-bas. Cela ne signifie pas que nous devions nous désintéresser des choses de la terre et du monde. Le chrétien doit au contraire s’engager au service de la justice, de la paix et du bien commun. Ce qu’il faut quitter, c’est toutes les formes de convoitise, l’attachement aux choses matérielles, au pouvoir, à l’égoïsme, qui sont une idolâtrie et nous détournent de Dieu. Vivre en ressuscités nous engage à ouvrir nos cœurs aux pauvre, au malade, à l’isolé, à pratiquer le service, le partage, la générosité, à nous faire le prochain de ce qui attendent notre aide. Car l’amour que Jésus a manifesté en mourant pour nous et en ressuscitant doit se répandre dans le monde.
Ainsi avec toute l’Église, en cette fête de Pâques et tout au long de ce temps pascal, proclamons notre foi en Jésus ressuscité, demeurons ferme dans l’espérance de la vie nouvelle promise par Dieu, et témoignons par notre amour que Jésus sauve le monde.
Père Claude
Prieur du Bec