Écouter une parole du Bec en 2022 – S16

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 62 : DES PRÊTRES DU MONASTÈRE.

Dimanche de Pâques, 17 avril :

Encore un commentaire de Dom Guillaume : « Lorsque l’abbé choisit parmi les siens quelqu’un pour être ordonné prêtre, ce que craint par-dessus tout saint Benoît, c’est que ce dernier ne cède à la vanité et à l’orgueil. Voilà pourquoi saint Benoît lui rappelle, avec force et insistance, qu’il est, bien plus strictement que les autres, soumis à la rigueur de la Règle et à l’obéissance. Mais, si cela arrivait quand même, est-ce que ça signifierait que l’abbé a fait une erreur de discernement, qu’il s’est trompé ?

En fait, le problème se pose pour toute fonction, toute responsabilité dans une communauté. Il y a des frères qui attrapent la grosse tête et s’imaginent être au-dessus de tous, et parfois de l’abbé lui-même, quand on leur confie une charge.

En revanche, il y a aussi des frères qui, dans l’exercice d’une fonction, se révèlent et font preuve d’une étonnante maturité. Ainsi, la fonction ou la charge peuvent parfois révéler quelqu’un, mais aussi parfois le détruire […] Mais, est-ce une raison pour se méfier de tout le monde ? C’est saint Paul qui, en définitive, nous donne la réponse : ‘’L’amour prend patience, l’amour rend service, l’amour ne se gonfle pas, l’amour croit tout, espère tout, supporte tout, l’amour ne passera jamais’’ (1 Cor. 13,4-8) ».

 

CHAPITRE 63 : LES RANGS DANS LA COMMUNAUTÉ.

Lundi 18 avril :

Dans ce chapitre, et on le verra surtout dans la seconde partie, saint Benoît insiste sur le respect que les frères doivent avoir les uns pour les autres. Déjà, le fait de garder l’ordre d’entrée ou la place déterminée par l’abbé, pour des raisons sérieuses et non arbitraires, doit favoriser la paix dans la communauté.

Au-delà d’un simple aspect disciplinaire, pourrait-on dire, la Présence du Christ en chacun appelle le respect mutuel, et le baptême nous rend égaux en nous faisant tous enfants de Dieu ; la liturgie pascale vient de nous le rappeler. Dans notre vie quotidienne, nous participons déjà à la Création nouvelle, grâce à la Résurrection de Jésus.Mardi 19 avril :

De Dom Guillaume : « Benoît propose un critère de rang qui n’est ni de naissance, ni de richesse, ni les qualités physiques ou intellectuelles, etc. Tous ces critères définissent le rang dans la société car, dans tout groupe, s’établit obligatoirement un rang. Il paraît que cela existe même dans un troupeau de vaches !

Cependant, le critère choisi par Benoît n’est pas de cet ordre, il est fonction, tout simplement, de la date d’entrée, et même de l’heure. Et il insiste pour que l’abbé, de manière arbitraire, ne bouleverse pas cet ordo de la communauté. Parce que ce qui constitue l’être véritable du moine, de chacun de nous, c’est l’appel qui nous a amené ici, la vocation qui a fait de nous un frère. Cela ne dépend pas de nous, comme le dit saint Paul, c’est un don de Dieu, nous n’avons pas à en tirer orgueil (Ep. 2,8).

Ni l’âge, ni les fonctions remplies dans la communauté, ni l’état de clerc ne changent cela. Notre être a été engendré, constitué par Dieu, lorsqu’il nous a appelés par notre nom. Ainsi, la place que nous occupons n’est ni un privilège, ni le résultat de quelques mérites, mais bien un don de Dieu.

D’une certaine manière, chacun de nous a l’âge de son entrée.

 

CHAPITRE 64 : DE L’ORDINATION DE L’ABBÉ.

Mercredi 20 avril :

Ce chapitre complémentaire sur l’abbé traite plus spécialement du choix de celui qui doit exercer cette charge, et ce choix est celui de la communauté.

Mais ce n’est pas une affaire uniquement privée, ne regardant que la communauté. Un monastère n’est pas une entité autonome ; elle fait partie de l’Église. Et même s’il ne relève pas directement de l’évêque, le monastère est inséré dans un diocèse où il exerce un certain rayonnement sur les chrétiens d’alentour. Il importe donc que la communauté, et donc son abbé, donne un bon témoignage à l’Église locale et à tous ceux qui viennent au monastère.

S’il arrivait un scandale, les chrétiens du voisinage doivent le signaler pour que l’autorité ecclésiale puisse intervenir.

Il est donc important que nous ayons toujours conscience d’être d’Église. Nous ne sommes pas au-dessus des autres chrétiens ; nous avons, au contraire, à les soutenir par la prière, tout en restant simplement à notre place.

 

Jeudi 21 avril :

Dans le portrait qui est donné de l’abbé aux versets 7 à 22 de ce chapitre, un des traits principaux qui en ressort est la miséricorde.

D’abord, l’abbé est au service de ses frères. Ensuite, il doit avoir un certain nombre de qualités, mais la miséricorde doit pénétrer tous ses actes, dans sa façon de gouverner comme de corriger. Il doit aussi tenir compte de la fragilité et de la faiblesse de certains et ainsi veiller à mesurer les efforts demandés.

La miséricorde est une qualité divine comme le Christ l’a manifesté dans ses actes et dans son enseignement, avant comme après sa Résurrection. Il a reconnu la faiblesse de beaucoup, même chez ses disciples. Mais au cours de ses apparitions, il les a fait passer de l’incrédulité à la foi. De même l’abbé doit exhorter et conduire ses frères avec douceur, mais aussi avec fermeté sur le chemin de l’évangile. C’est bien ce qui est dit de lui au chapitre 2 de la Règle. Ainsi, on voit que ces deux chapitres 2 et 64 se complètent. L’abbé doit être aussi ce bon serviteur qui distribue en son temps le froment à ses compagnons, c’est-à-dire le pain de la Parole de Dieu et de la Sagesse évangélique.

 

CHAPITRE 65 : DU PRIEUR DU MONASTÈRE.

Vendredi 22 avril :

Le chapitre sur le prieur décrit une situation de crise. Cette crise consiste en un conflit d’autorité dans le cas où, principalement, le prieur est nommé ou élu par ceux qui ont choisi l’abbé. Et on peut  voir que même en politique une telle situation provoquerait ce genre de crise : récemment, on a entendu qu’un candidat éliminé au premier tour de l’élection présidentielle lançait un appel pour être nommé premier ministre !

Le prieur, qui est le second de l’abbé, est appelé à exercer un service dans l’obéissance et l’humilité. Et si le pouvoir lui ‘’monte à la tête’’, il tombe alors dans l’orgueil et se pose ainsi en rival de l’abbé. La communauté se trouve alors divisée et souffre durablement de cette situation.

Nous sommes disciples du Christ ; il doit rester notre maître et notre modèle. C’est lui qu’il faut suivre et servir : « Le Fils de l’homme est venu pour servir et non pour être servi » nous dit Jésus peu avant sa Passion, en ce moment précisément où nous revivons le mystère pascal.

 

Samedi 23 avril :

L’avis de sagesse proposé par saint Benoît est que ce soit l’abbé qui choisisse lui-même celui qu’il voudra avoir comme ‘’second’’ (car, contrairement à ce qu’on pourrait croire dans ce cas, le prieur n’est pas le premier, mais le second). Et l’abbé fera ce choix « avec le conseil de frères craignant Dieu ». C’est le meilleur moyen pour éviter les conflits et les rivalités.

La tentation d’orgueil peut concerner, non seulement le prieur, mais n’importe quel moine à qui est confié une responsabilité. C’est la raison pour laquelle il est toujours important de mener le combat spirituel et de se savoir simplement et seulement au service de la communauté.

Tous égaux devant Dieu