Écouter une parole du Bec en 2022 – S15

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 57 : DE CEUX QUI EXERCENT UN MÉTIER DANS LE MONASTÈRE.

Dimanche 10 avril :

« Afin qu’en toutes choses, Dieu soit glorifié » (1 P. 4,11). Cette expression de l’Écriture, reprise ici par saint Benoît, est comme l’expression symbolique de l’idéal bénédictin. Faisons la nôtre dans toute notre vie et dans toutes nos journées, que ce soit à l’église, pour l’office divin, dans notre prière personnelle, dans nos actes et dans toutes nos activités, pensées, etc… Que Dieu soit glorifié !

 

CHAPITRE 58 : DU RITE DE LA RÉCEPTION DES FRÈRES.

Lundi 11 avril :

     Dans ce chapitre sur la réception des frères en communauté, on peut remarquer la sagesse, la prudence et la patience de saint Benoît. Sans doute a-t-il vu bien des candidats à la vie monastique se présenter, plein de zèle et d’enthousiasme, puis se décourager au premier obstacle. Il insiste donc sur la durée, sur le pas à pas, sur la persévérance de l’impétrant. On examine ses aptitudes pendant un certain laps de temps avant de lui faire connaître la Règle en la lui lisant plusieurs fois (à cette époque, peu savaient lire, surtout les jeunes paysans), lui laissant la possibilité à chaque étape de s’engager un peu plus ou de se retirer.

Il est important que le postulant connaisse la Règle, cette loi sous laquelle il veut servir le Christ, car la Règle est une mise en œuvre de l’évangile. Son but est de nous tourner vers le Christ par notre conversion en nous faisant marcher à sa suite.

En cette Semaine Sainte, nous comprenons que le chemin est exigeant, car nous voyons où il a mené le Christ, notre maître, et le disciple doit prendre sa croix pour le suivre ; mais c’est un chemin vers la vraie Vie, la Vie éternelle.

Si nous rencontrons des épreuves que nous n’avions pas programmées il nous faut quand même les accepter comme un passage vers la vie promise par le Christ.Mardi 12 avril :

     Le novice qui s’engage par la profession monastique est reçu par la communauté, comme il est aussi reçu par Dieu. Et saint Benoît insiste davantage sur le fait qu’il est reçu, plus sur le fait que le novice s’offre lui-même. La communauté le reçoit et l’accueille comme étant désormais un de ses membres. Et aussitôt que le frère aura déposé sa charte sur l’autel, il adressera trois fois cette prière au Seigneur : « Accueille-moi, Seigneur, selon ta Parole et je vivrai ». On reconnaît là l’appel du Seigneur qui est premier, car ce n’est pas l’homme qui a l’initiative de ce choix de vie ; c’est Dieu qui appelle et qui suscite la réponse. Mais cet appel ne supprime pas la liberté et la réflexion de l’élu ; bien au contraire, les années de discernement sont la preuve du long délai exigé pour son engagement qui est définitif étant son offrande totale. Celui-ci donne non seulement tout son avoir, mais surtout tout son être et sa volonté. C’est un engagement qui dure toute une vie, avec toutes ses épreuves et même ses remises en cause dans les traversées difficiles.

En ce temps de la Passion, marchons à la suite du Christ qui s’est offert totalement à son Père dans l’obéissance filiale.

 

CHAPITRE 59 : DES FILS DE NOBLES OU DE PAUVRES QUI SONT OFFERTS.

Mercredi 13 avril :

Nous aurons remarqué que la liturgie de la Semaine Sainte propose la lecture des quatre chants du Serviteur au livre du prophète Isaïe. Ils sont répartis à la messe des trois premiers jours ; le quatrième ouvrant la célébration de la Passion du Vendredi Saint.

Lorsqu’on les lit l’un après l’autre, on constate une progression, une tension croissante depuis le premier jusqu’au dernier. Ce serviteur est envoyé par Dieu dont il a toute la faveur pour rétablir le droit et apporter la lumière aux nations, avec douceur et humilité. Non seulement il restaurera Israël, mais son salut atteindra les extrémités de la terre. C’est ce qu’expriment les deux premiers chants.

Le troisième, celui du mercredi, qui est aussi celui du dimanche des Rameaux, nous le montre persévérant dans sa mission malgré les résistances, les moqueries et les outrages. Il reste fidèle car il a mis sa confiance en Dieu.

Enfin le quatrième chant, celui du Vendredi Saint, se trouve aux chapitres 52 at 53 d’Isaïe et montre en lui l’innocent rejeté, persécuté, broyé par la souffrance et remettant sa vie comme un sacrifice ; mais un sacrifice fécond car offert pour sauver les multitudes.

Ainsi, en relisant ces chants du Serviteur, nous pouvons rejoindre et suivre Jésus en cette Semaine Sainte, marcher avec lui vers sa Passion et sa mort acceptée par amour pour tous les hommes. Et même s’il a connu la déréliction, il a mis sa confiance en son Père qui l’a sauvé de la mort et lui a donné de la terrasser au matin de Pâques. En lui, nous avons le salut et la résurrection ; soyons-en bien assuré.

 

CHAPITRE 60 : DES PRÊTRES QUI VOUDRAIENT HABITER DANS LE MONASTÈRE.

Jeudi Saint, 14 avril :

Au cours de la messe Chrismale il y a, après l’homélie, la rénovation des promesses sacerdotales. Par trois fois, l’évêque interroge les prêtres présents en leur demandant s’ils veulent renouveler leurs engagements attachés à la charge ministérielle reçue le jour de leur ordination, être fidèle à la célébration des mystères de Dieu et à l’enseignement.

Dans son homélie, l’évêque s’adresse à eux, les encourageant à rester fidèle à leur engagement, mais aussi aux fidèles en leur demandant de soutenir les prêtres, de les aider et de prier pour eux.

Dans ce chapitre 60, il y est question des prêtres qui voudraient se fixer dans un monastère. Même s’ils n’exercent plus dans ce cas le ministère qu’ils avaient auparavant, ils continuent de servir le Christ et l’obéissance promise à l’évêque est alors transférée à l’abbé et à la Règle. Mais c’est toujours le Christ, l’unique Pasteur, qui est servi.

En ce Jeudi Saint, nous pouvons tous nous rappeler notre engagement du début, avec sa triple promesse. Que nous soyons prêtres ou non, nous servons tous le Christ qui s’est fait lui-même serviteur et obéissant à son Père. Redisons-lui aujourd’hui notre désir de le servir et de nous donner comme lui-même s’est offert.

 

CHAPITRE 61 : DES MOINES ÉTRANGERS ; COMMENT LES RECEVOIR.

Vendredi Saint 15 avril :

     D’un commentaire de Dom Guillaume Jedrzejczak :

« Du moine étranger qui demande l’hospitalité, comme de celui qui désire entrer dans la communauté, saint Benoît n’attend qu’une seule chose : qu’il se contente de ce qu’il trouve ; ni plus, ni moins. Le grand signe d’une vocation monastique authentique est cette capacité de prendre ce qui est donné, sans exiger davantage, mais aussi, sans se défiler devant ce qui est demandé.

D’ailleurs, la vie de chaque jour permet de discerner s’il en est bien ainsi car le quotidien est le meilleur critère pour juger d’une vocation véritable. Les grandes phrases ne suffisent pas, car dans la vie quotidienne, tout finit toujours par se découvrir.

Pour connaître quelqu’un, il n’est pas toujours nécessaire de savoir ce qu’il a fait avant d’entrer, ou de connaître sa famille. Mais il suffit de le voir vivre au jour le jour. Il suffit de voir comment il se comporte avec les autres, surtout les frères plus fragiles. Il suffit de le voir dans le travail et les services communautaires, surtout les plus humbles et les moins enviés. Il suffit de le voir à l’église, à l’étude, au réfectoire, pour le connaître bien mieux et plus lucidement qu’il ne se connaît parfois lui-même et pour discerner s’il ‘’cherche vraiment Dieu’’ ».

 

Samedi Saint, 16 avril :

D’un commentaire de Dom Guillaume :

« Pour saint Benoît, deux solutions sont possibles pour l’accueil du moine étranger. Soit on lui dira ‘’poliment de s’en aller pour que les autres ne soient pas contaminés par sa misère’’ (v.7), soit ‘’on l’encouragera même à rester, pour que les autres soient édifiés par son exemple’’ (v.9).

Le progrès spirituel n’est donc pas la seule affaire personnelle de chacun, qui ne concernerait que lui-même. Pour Benoît, en plus de la responsabilité que nous avons de notre propre existence, nous assumons, en entrant dans une communauté , une certaine responsabilité à l’égard de nos frères. Et le plus petit d’entre nous peut, par son dynamisme intérieur, entraîner toute une communauté !

En effet, nous avons souvent l’impression que le monde, ou la communauté, tournent très bien sans nous et que, quoi que nous vivions, en bien ou en mal, cela n’affecte pas ceux qui nous entourent. Or, il existe une communion à un niveau plus profond, non visible aux yeux du corps, mais perceptible aux yeux du cœur qui fait que, sans nous en rendre compte, nous portons nos frères, l’Église, le monde ».

Portrait d'un jeune novice bénédictin - Giovanni Francesco Caroto - huile sur toile - (Museo di Castelvecchio (Verona, Italy))