Évangile : « Comme Jésus priait, après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit »
En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Homélie :
C’est au milieu de l’agitation suscitée par Jean Baptiste qu’apparait Jésus de Nazareth. Un inconnu, originaire d’un village inconnu, que l’ancien Testament, pas plus qu’aucun texte de la très ancienne littérature juive ne nomme. Jésus apparait soudainement, un homme parmi les hommes et, lorsqu’il vient à Jean, il semble un pêcheur parmi les autres pêcheurs.
C’est dans une solidarité pleinement consciente avec une humanité pécheresse qu’il prend part au mouvement de repentance qui soulève le pays et qu’il va se faire baptiser avec les autres.
Nous ne saurons jamais ce qu’a signifié, dans la vie intérieure de Jésus, l’expérience du baptême. Il semble que ce fut une expérience toute personnelle, profondément intime. Aucun des participants n’a vu ce qui se passait et n’a entendu la voix du Père : le ciel pour s’ouvre pour Jésus seul et lui seul entend la parole de Dieu. Jésus sait ce qu’il a su depuis le commencement : il est le Fils bien-aimé, qu’il a toujours été, il possède l’Esprit Saint qu’il a toujours porté en Lui.
Le baptême de Jésus nous renvoie à notre baptême. Rappelons-nous qu’au début de son pontificat, le pape François avait demandé à tous les fidèles de retrouver la date de leur baptême. Dans une de ces premières audiences générales, il avait dit : « le baptême est le sacrement sur lequel se fonde notre foi et qui nous greffe comme membres vivants, sur le Christ et son Eglise. Avec l’Eucharistie et la confirmation, ils forment ce qu’on appelle l’initiation chrétienne : celle-ci est un grand et unique évènement sacramentel qui nous configure au Seigneur et fait de nous un signe vivant de son Amour ».
Dans les remous actuels qui traversent notre Eglise et le monde entier, il est urgent, plus que jamais, que nous retrouvions notre identité chrétienne, la grâce de notre baptême.
Le baptême est le sacrement de la Foi. Mis au tombeau avec le Christ, plongé dans sa mort, le chrétien revit, au cœur de la communauté des croyants, le mystère de la Passion et de la Résurrection du Christ, gage pour lui d’une vie nouvelle et, au dernier jour, de la résurrection de la chair.
En se faisant baptiser par Jean Baptiste, Jésus nous ouvre le chemin de la vraie vie, cette vie nouvelle, nous en découvrirons les beautés tout au long de notre existence. Rien de figé ou de circonscrit dans ces découvertes, mais, au contraire, une marche, une liberté, une quête, il nous faudra toujours « allers vers », vers Dieu. Impossible de s’arrêter en chemin, la grâce du baptême est vivante à jamais, elle est le centre de notre vie chrétienne, nous introduisant de plus en plus dans notre sanctuaire intérieur. Dieu seul en voit les fruits et les fait voir à qui il veut, cela suffit. C’est cela le rayonnement du baptisé. J’aime beaucoup de chant : « sur le visage du Christ rayonne la gloire de Dieu ». Il en est de même pour nous si nous restons fidèles dans la Foi, l’Amour et la Fidélité.
Quand Jésus vient se faire baptiser, impossible d’apercevoir le moindre signe de puissance. Il est là, comme au jour de sa naissance, incognito, seuls les bergers ont été avertis, seul Jean Baptiste sait qui il est. Le monde dans lequel Jésus se manifeste est représenté par quelques personnes, très peu, c’est toujours comme cela que Dieu agit, encore aujourd’hui.
Jésus s’assied sur le banc des pécheurs, telle est, en effet, le sens de son baptême. Le Christ prend pleinement part à la destinée humaine, le baptême annonce la communion du Sauveur avec ceux qu’Il vient sauver.
Le Christ s’identifie à tous les hommes, à tous les pécheurs, sans exception, qui ont besoin du pardon. Je pense à ces paroles qu’il adressait à Nicodème : « En vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ». Comme le dit encore le pape François : « Nous devons réveiller la mémoire de notre baptême. Nous sommes appelés à vivre notre baptême tous les jours comme une réalité actuelle de notre existence ».
Le baptême, c’est notre nom, gravé dans la main de Dieu comme nous le lisons dans Isaïe (49, 14-15) : « Sion disait : le Seigneur m’a abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée. Une femme oublie-t-elle son enfant ? N’a-t-elle pas compassion du fruit de ses entrailles ? Quand elle l’oublierait, Moi, je ne l’oublierais pas, dit le Seigneur. Voici, je t’ai gravé sur la paume de mes mains ».
Être baptisé, c’est proclamer que notre nom est gravé sur la paume de la main de Dieu.
Quelles que soient nos errances, nos fautes ou nos chutes, nous sommes aimés.
Nous n’avons pas besoin de justifier notre existence sur terre, nous sommes aimés.
Même si nous nous éloignions, notre nom reste marqué éternellement sur ses Mains, nous sommes aimés. Point final. Amen !
Frère Michel
Moine du Bec