Paroles du Bec en 2022 – S1

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Catégorie : Vie monastique

PROLOGUE de la RÈGLE de SAINT BENOÎT :

 

Samedi 1er janvier, solennité de sainte Marie, Théotokos :

      Le premier mot du Prologue est : ‘’Écoute’’ : « Écoute, ô mon fils, l’invitation du maître, et incline l’oreille de ton cœur…» On peut rapprocher cette invitation de saint Benoît du psaume 44 : « Écoute fille, regarde et tends l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père ; alors le roi désirera ta beauté, il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui… » Chez saint Benoît, celui qui appelle, c’est « le père qui t’aime » ; dans le psaume, c’est le roi qui t’aime, lui aussi. Dans les deux cas, il faut quitter sa vie ancienne pour répondre à l’appel de celui qui vous aime, qui veut votre bonheur. Et ce bonheur, c’est servir dans l’obéissance le vrai Roi, Jésus-Christ.

Le psaume 44, avec notamment les versets 11 et 12, est appliqué à Marie. Elle aussi a écouté et gardé dans son cœur tout ce qu’elle a vu et entendu ; elle a reconnu dans son enfant le Fils de Dieu, son Seigneur. C’est tout au long de sa vie qu’elle approfondit la découverte de ce mystère. Comme elle, nous aussi, nous accueillons Jésus pour faire de lui le Seigneur de nos vies et nous mettre à son école et à son service.

En ce premier jour de l’année, cette fête de la Vierge Marie et la lecture du Prologue nous invitent à quitter le passé pour nous ouvrir à la nouveauté, à l’espérance, à ne pas demeurer abattus devant les catastrophes, tout ce qui a pu peser au cours de l’année passée. Mettons notre confiance dans le Christ qui vient renouveler le monde, avec le soutien de Marie dont la foi a été indéfectible.Dimanche 2 janvier, solennité de l’Épiphanie :

L’exhortation de saint Benoît que nous entendons aujourd’hui, au début de cette deuxième partie du Prologue : «Levons-nous donc, à la fin ! » nous rappelle la démarche des Mages qui se sont mis en route à cause de l’étoile qu’ils ont vue et qui les guidait jusqu’à l’enfant de Bethléem, et dont ils venaient d’apprendre la venue au monde. Ce sont des chercheurs de Dieu ! Leur quête peut inspirer la notre, car un jour, nous nous sommes mis en marche à la lumière d’un appel. Il a fallu, peut être, un certain temps pour arriver à d’abord l’identifier ! Mais dès l’instant où nous avons compris que c’était un appel du Seigneur qui nous attirait à lui, nous nous sommes résolument engagés à sa suite.

Comme les Mages, ne cessons pas de reconnaître le Sauveur qui nous parle au cœur, se révélant à sa manière dans les événements, dans des rencontres ou dans nos relations. Écoutons donc sa voix et suivons-le.

 

Lundi 3 janvier :

     On peut établir un parallèle – ou même un lien – entre le Prologue de la Règle que nous lisons en ce moment et ce temps de Noël et de l’Épiphanie que nous célébrons ces jours-ci.

Le Prologue contient un appel à suivre Jésus par un changement de vie, un renouvellement de tout notre être intérieur. La liturgie célèbre les manifestations du Seigneur qui vient dans le monde pour partager notre humanité et nous révéler l’amour de son Père. Et les évangiles de cette semaine sont autant d’épiphanies.

Laissons-nous saisir par cette nouveauté, tant par la venue de Jésus en notre monde, que par les appels de la Règle à suivre cette école du service du Seigneur pour marcher à sa suite. On sait combien la Règle est une mise en œuvre des évangiles ; marchons à la suite de Jésus qui nous appelle.

 

Mardi 4 janvier :

Dans ce passage du Prologue, saint Benoît remarque ceci : « Ceux qui, remplis de crainte du Seigneur, ne s’élèvent pas de leur bonne observance, mais estiment que ces biens en eux viennent du Seigneur, certainement pas d’eux-mêmes, glorifient celui qui agit en eux ! » Cette remarque rejoint le mystère que nous célébrons en ce temps de Noël, et plus particulièrement ce que dit saint Jean dans sa première épitre qui sera lue à la messe d’aujourd’hui : « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. (1 Jn. 4, 10) »

En effet, ce n’est pas nous qui avons l’initiative du bien que nous faisons. Si nous le faisons, c’est parce que Dieu nous inspire de répondre à son amour. Il nous inspire d’aller à sa rencontre, car il est venu jusqu’à nous en Jésus son Fils. Rendons-lui grâce pour la révélation de son amour et répondons-lui par la mise en pratique de ses volontés qui sont toujours de meilleur pour nous.

 

Mercredi 5 janvier :

Celui qui s’appuie sur les paroles du Seigneur et les accomplit est comme l’homme sage qui a fondé sa maison sur la pierre. Il peut marcher aves assurance à la suite du Seigneur.

Mettre sa foi dans le Seigneur, c’est proclamer que « Jésus est le Fils de Dieu », comme le rappelle aujourd’hui saint Jean dans son épitre. Et « celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu (1 Jn. 4, 15) ». Ce thème est cher à saint Jean et on le retrouve dans son évangile. La foi donne de l’assurance et c’est cette foi dans l’amour de Dieu qui nous établis solidement en Lui. L’amour parfait bannit la crainte qui, avec saint Pierre, nous fait marcher sur la mer à l’appel de Jésus qui nous dit : « Viens ! ».

En ce temps où nous célébrons la nouveauté qu’il nous apporte par sa venue au monde, qu’il renouvelle aussi notre foi et fortifie notre amour.

 

Jeudi 6 janvier :

Si nous voulons habiter sous la tente du Seigneur, comme nous le dit saint Benoît dans ce nouveau paragraphe, il faut en remplir les obligations et nous hâter de faire maintenant ce qui doit nous avancer pour l’Éternité. Pour cela, saint Jean nous donne un moyen sûr pour y parvenir en nous en précisant les obligations : « Aimer Dieu et aimer son frère ». C’est le commandement que nous tenons de Lui.

En remplissant ces conditions, nous pourrons parvenir à la vie éternelle et en gardant ses commandements nous montrons que nous aimons Dieu, et grâce à l’amour, ces commandements ne sont pas pesants. Et ainsi, nés de Dieu, nous demeurons dans son amour et nous sommes certains, dès maintenant, de la victoire.

 

Vendredi 7 janvier :

« Á mesure que l’on avance dans la vie monastique et dans la foi, le cœur se dilate » nous dit saint Benoît à la fin de son Prologue, et on progresse dans la vois du salut. Et il conclut par ces mots : « Puissions-nous ne dévier jamais, persévérer en sa doctrine dans le monastère jusqu’à la mort, et partager les souffrances du Christ par la patience pour avoir part aussi à son Règne.»

Toujours dans sa première Épitre, saint Jean insiste sur la foi au Fils de Dieu et dans « le témoignage que Dieu a rendu à son Fils. Et voici ce témoignage : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle et que cette vie est dans son Fils. Qui a le Fils a la vie. » Tel est bien le but de notre vie, comme saint Benoît l’explique tout au long de son Prologue : Rechercher Jésus, c’est rechercher la vie vraie et éternelle, celle que nous donne le Fils, car par sa mort et sa résurrection, il nous en donne l’assurance. Pour y parvenir, il nous faut marcher à sa suite et lui offrant nos propres vies.

 

CHAPITRE 1 : DES GENRES DE MOINES.

 

Samedi 8 janvier :

Père Claude n’a pas commenté ce matin la première partie de ce chapitre, mais nous a lu un texte du Père Abbé Jean-Michel de Landévennec en Bretagne :

 » La vocation monastique est pour une grande part, une vocation de veilleurs, c’est du moins ce qui m’a sauté aux yeux en méditant les textes de la liturgie de Noël cette année et en constatant que la naissance de Jésus est reçue par des hommes et des femmes en état de veille ! A commencer par les bergers de Bethléem : « Il y avait des bergers qui demeuraient dans les champs et qui veillaient sur leur troupeaux durant la nuit ». (Evangile de la nuit). Peut-être étaient-ils les seuls habitants de Bethléem à n’être pas trop accaparés par leurs petites affaires et assez libres d’eux-mêmes pour se rendre disponibles et veiller sous la voûte étoilée, habités par une secrète espérance.

Arrivée, après un long voyage, au moment ultime de sa grossesse, Marie aussi veille, attentive et heureuse de mettre bientôt au monde un enfant. Elle est soutenue par Joseph qui lui veille sur elle tout en s’enquérant, non sans quelque inquiétude, d’un gîte convenable. Mais le Seigneur veille lui aussi, qui leur trouve pour logement de fortune, une étable, pour berceau, une crèche et pour premier secours et visiteurs, des bergers !

Quant à la messe du jour, le prophète Isaïe nous y met en présence de la voix d’autres veilleurs : « Ecoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie car de leurs propres yeux ils voient le Seigneur qui revient à Sion ». Ces guetteurs à leur poste de vigie peuvent être de bons compagnons de veille pour nous moines qui, selon la Règle de saint Benoît, faisons profession de chercher vraiment Dieu (RB 58, 7) !

Quant aux Mages, ces arpenteurs du ciel, ne c’est qu’au terme de longues nuits de veilles qu’ils ont repéré cette étoile du matin, astre unique entre tous dont la vue les réjouit d’une très grande joie !

Puisse l’année qui s’ouvre nous trouver en cette attitude de veille qui permet que reconnaître la présence du Seigneur au cœur du quotidien. »

Le Guetteur - P Planchon 2017 - Chaillevette