Ascension 2020 – jeudi 21 mai
Tout pouvoir m’a été donné…
De toutes les nations faites des disciples…
Apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés…
Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde…
Que de TOUT ! Matthieu, d’ordinaire si sobre, dit ici la plénitude du mystère du Christ, l’envoyé de Dieu, Son Fils bien-aimé, venu rassembler tous les hommes dans l’unité de son corps ressuscité, pour les introduire avec lui dans la gloire du Père.Magnifique composition littéraire qui ne relate pas un événement enregistrable, mais brosse l’esquisse d’un mystère, celui de la présence de Dieu dans nos vies, dans le cosmos et l’histoire, celui de notre participation à la grâce de Pâques. L’Ascension de Jésus ressuscité n’est pas tant un départ de la terre, une séparation d’avec nous, que la promesse d’une présence, autre certes, mais bien réelle, tout intérieure.
Tout pouvoir m’a été donné : Jésus ressuscité est remonté chez son Père ; il est assis à sa droite et partage sa gloire et sa puissance. Sans décrire l’ascension en termes visuels, Matthieu en dit ainsi le mystère que Paul développe dans sa lettre aux Ephésiens : (Dieu) a fait de son (Christ) la tête de l’Eglise qui est son corps, et l’Eglise est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude. Nous sommes donc, par le baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, ressuscités dans le Christ, héritiers avec lui, dès maintenant, de la vie éternelle.
De toutes les nations faites des disciples : Les Douze ne sont plus que onze ; quelle misère pour la mission universelle qui va leur être confiée ! Mais Jésus n’a pas besoin de héros pour accomplir l’œuvre du Père, l’œuvre du Salut conçue par Son amour infini pour tous les hommes ; il a besoin de cœurs purs, simples et confiants, qui laissent passer le souffle de l’Esprit. « Que ma vie, disait Tagore, soit comme une flûte de roseau, que Tu puisses emplir de musique », la musique de l’amour de Dieu. L’identité du Chrétien, ce n’est pas sa fonction, fût-il Apôtre, c’est son lien avec Jésus : il est son disciple, son compagnon. Nous sommes tous frères, tous disciples, baptisés et chercheurs de Dieu, catéchètes et catéchisés, chrétiens confirmés et néophytes. Et tous, nous sommes témoins de la paix et de la joie qui nous font vivre et espérer.
Apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés : croire en Jésus, l’envoyé du Père, n’est pas une question de savoir, de dogme ; c’est un engagement à la suite du Christ, un engagement à suivre la voie des béatitudes qu’il nous a tracée. Le commandement de l’amour réunit tous les autres commandements et doit informer tous les aspects de notre vie. Pour dépasser le doute qui agacera toujours notre foi, rien de mieux que nous donner, serrer le Christ de plus près.
Et moi, je suis «avec vous » tous les jours jusqu’à la fin du monde : Matthieu commençait son Evangile par la demande de l’Ange du Seigneur à Joseph d’assumer la paternité de l’Emmanuel (1, 23) ; il l’achève en confirmant cette présence de Dieu « avec nous », en Jésus ressuscité. Dieu nous est présent dans Son Christ ; le sommes-nous par la conscience de tout recevoir de Lui, le désir de Lui être fidèles, en étant d’authentiques disciples de Son Fils ?
Cette page nous révèle la totalité du mystère chrétien : « Désormais, à la droite du Père, c’est-à-dire dans l’intimité de la vie de Dieu, il y a un corps d’homme, parce qu’en Christ les cieux sont descendus sur la terre et la terre est montée au ciel ». (Enzo Bianchi, ‘Donner sens au temps’, p.107) Comment garder pour nous cette Bonne Nouvelle ? Comment ne pas témoigner de l’espérance qui nous fait vivre aujourd’hui en hommes nouveaux appelés à partager la gloire du Christ, notre tête ?
Fr. Paul-Emmanuel
Abbé du Bec