Prière sacerdotale de Jésus – (Jn 17, 1-11)

Publié le

Catégorie : Homélies

7ème dimanche de Pâques -A- 2020

L’extrait de la ‘prière sacerdotale’ de Jésus, que nous livre la liturgie du 7ème dimanche de Pâques, est très précieux pour nous, car il nous révèle qui est Dieu, que Jésus appelle son Père, et qui est Jésus, Son Fils en qui nous trouvons notre véritable identité.

Jésus, dans cette prière dite à quelques heures de sa passion, reconnaît se recevoir totalement de son Père : il est son Fils, dont la parole est la Sienne, et l’œuvre, aussi, l’accomplissement de Sa volonté de Salut pour tous les hommes. « Je suis dans le Père, et le Père est en moi », a-t-il répondu à Philippe qui lui demandait, il y a un instant, de leur montrer le Père.Si Jésus est la tête du corps qu’est l’Église, si l’Église est le sacrement du Christ ressuscité, la relation unique de Jésus à son Père, que nous révèle cette prière, devrait aussi être aussi la nôtre ; car, en Jésus ressuscité, nous avons la Vie, nous sommes fils du Père, appelés, comme lui, à partager Sa gloire.

Ce ne sont pas des mots vides, faciles ! Le chrétien n’est pas d’abord celui qui va à la messe (les ‘tala’, qui vont à la messe), celui qui ne mange pas de viande le vendredi, celui qui attend le mariage à l’église pour faire chambre commune, qui respecte tous les commandements, celui de la charité, en premier… Le chrétien est celui qui dit « tu » à Dieu, comme Jésus, celui qui se sait appelé par Dieu par son nom, véritable sujet autonome et libre devant son créateur.

Notre époque pense que toute dépendance s’oppose à la liberté, qu’elle est source d’infantilisme ; que l’indépendance totale est seule digne de l’homme ; que rien ne devrait l’arrêter dans son désir de toute puissance, sa volonté d’être seul maître de sa destinée… Cette pensée risque de réduire l’homme à ses capacités humaines, de le faire buter devant le mystère, de le jeter finalement dans le désespoir.

Dans la dépendance de Dieu, il acquiert, au contraire la liberté de Jésus lui-même : « Ma vie, nul ne la prend ; c’est moi qui la donne ! » Et ce n’est pas la domination sur l’univers qui lui est alors donnée : le sera-telle un jour ? On le voit aujourd’hui face à l’impuissance du monde à maîtriser un petit virus de rien du tout. C’est la Vie éternelle qu’il reçoit de Dieu, dont Jésus ressuscité est le gage ; la Vie éternelle déjà commencée, dans le don de l’Esprit Saint reçu au baptême, qui fait de nous des hommes nouveaux, dans le Christ.

 

Fr. Paul-Emmanuel
Abbé du Bec