Évangile : Jésus jeûne quarante jours, puis est tenté
En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.[blockquote text= »
Adam, nous dit saint Paul préfigure celui qui doit venir, le Christ. Par lui, la grâce va surabonder et triompher du péché, la vie sera victorieuse de la mort. Adam a été vaincu par le Tentateur, Jésus va le mettre en échec par son obéissance et sa confiance totale en son Père. »
Homélie :
Nous venons d’entrer dans le temps du Carême, le temps de la préparation aux fêtes pascales. C’est un temps de conversion, un temps favorable pour faire halte afin de reprendre la bonne direction. La voix du salut que Dieu veut nous donner. Ce salut nous est donné par la mort et la résurrection de Jésus. C’est donc vers lui que nous devons nous tourner.
Il nous faut pour cela nous préparer au combat spirituel, accepter l’épreuve à laquelle est soumise notre fidélité. Les tentations surviennent le long du chemin. C’est en nous appuyant sur Jésus que nous pourrons leur résister. Car lui-même les a connues et, par son obéissance filiale à son Père, il en a été victorieux.
Les lectures de ce dimanche nous propose deux récits de tentation : Celui de la Genèse avec le succès du tentateur et celui de l’Évangile ou Satan est mise en échec par Jésus.
Dans le premier récit, l’homme et la femme, que Dieu a créés à son image, ont été placés au centre de la création, dans une parfaite harmonie. Mais le serpent, le tentateur, vient briser cette tranquillité. Il déforme ce que Dieu a dit en insinuant la suspicion envers Lui : » Alors, Dieu vous a dit: Vous ne mangerez pas… » Et la femme précise que c’est le fruit d’un seul arbre qui est interdit. Le tentateur peut alors ruiner la confiance de l’homme et de la femme envers Dieu. Il défigure sa parole et son amour, en semant la confusion.
C’est alors la chute. L’homme – cet homme désigne bien sûr toute l’humanité – découvre sa faiblesse, sa vulnérabilité. Il est obligé de se cacher, de se protéger. Le voici exposé à la peine, à la souffrance et à la mort.
Mais Dieu n’a pas dit son dernier mot. Il ne peut supporter de voir sa création ruinée par le péché et la désobéissance. C’est pourquoi, à la plénitude des temps, il envoie son Fils. C’est ce que l’apôtre Paul a compris et développe dans l’épître aux Romains.
La mort est la conséquence du péché d’Adam et elle est passée en tous les hommes parce que tous ont péché par la suite. La mort est une sanction du péché, mais elle affecte tous les hommes, tant ceux qui ont vécu sous la loi de Moïse que ceux d’avant Moïse qui était sans loi. C’est toute l’humanité qui est soumise à la mort.
Adam, nous dit saint Paul préfigure celui qui doit venir, le Christ. Par lui, la grâce va surabonder et triompher du péché, la vie sera victorieuse de la mort. Adam a été vaincu par le Tentateur, Jésus va le mettre en échec par son obéissance et sa confiance totale en son Père.
En se récit symbolique placé par les évangélistes au début de la vie publique de Jésus, c’est toutes les tentations et les épreuves rencontrées au cours de son ministère qui sont synthétisées.
Comme dans le récit de la Genèse, Satan essaie d’insinuer le doute chez son adversaire : « Si tu es le Fils de Dieu jette-toi en bas… » Pour renforcer ses suggestions, Satan s’appuie sur la Parole de Dieu. Mais, à chaque fois, Jésus lui répond par la parole de Dieu. Jésus déjoue ses pièges, Il ne se laisse pas prendre par les flatteries. Plusieurs fois dans les évangiles, Jésus rejettera ce genre de propos séducteur, tant de la part des foules que des responsables du peuple.
Jésus ne veut pas faire de miracle à des fins personnelles. Il cherche toujours à faire grandir la foi chez ceux qui viennent à lui. Il rappelle l’importance de la Parole de Dieu, vraie nourriture pour nous soutenir dans notre marche vers le Royaume. C’est ce qu’il rappelle dans la première tentation.
Dans la deuxième, c’est une provocation à tenter Dieu que Satan propose à Jésus, en s’appuyant sur deux citations de l’Ecriture – c’est plus sûr – mais c’est peine perdue pour lui. Jésus lui oppose une autre parole de l’écriture. S’il doit porter secours, n’est pas à lui, mais aux pauvres, aux malades, aux souffrants à qui il annonce le Royaume des cieux.
Enfin, Satan lui propose la domination sur l’univers. Or nous le savons, Jésus a toujours refusé les compromissions avec le pouvoir temporel. Son royaume n’est pas de ce monde et c’est au sommet de la croix qu’il sera élevé. C’est sur le Calvaire qu’il attirera à lui tous les hommes. Tout pouvoir lui sera remis, mais par son Père, après sa résurrection.
Ainsi, dès le début de ce Carême, Jésus nous montre la direction à suivre. Nous marchons avec Lui vers Pâques. Mais il nous faut pour cela prendre notre part du combat qu’Il a mené contre Satan, car nous savons qu’Il a assumé toutes nos épreuves et nos souffrances. Il accueille nos combats et nos tentations et les porte jusqu’à sa Croix. Comme Il a assumé les épreuves de son peuple au long de son histoire et de l’humanité avant Lui, Il est à nos côtés, aujourd’hui, depuis qu’Il a vaincu le péché et la mort.
Aussi pour résister aux assauts de l’adversaire, il nous faut prendre appui sur la Parole de Dieu. En ce temps de Carême où nous avons à renoncer à tout ce qui nous alourdit et entrave notre marche, grâce à l’ascèse, au jeûne, à la prière, mettons-nous à l’écoute de la Parole du Seigneur. Ouvrons nos cœurs à tous ceux qui souffrent et qui peinent autour de nous. Marchons dans la foi vers la victoire du Crucifié.
Frère Claude
Prieur du Bec