14ème dimanche du temps de l’Église -A- 2020 (Mt 11, 25-30)

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Catégorie : Homélies

Les accents de cette action de grâce de Jésus sont comme l’écho du Magnificat de Marie : grandes sont tes œuvres, Seigneur, pour ceux à qui le monde ne prête aucun intérêt, parce qu’ils ne se mettent pas en avant et attendent tout de Toi, les tout-petits !

Comment ne pas relier cette prière à ce que Jésus a déclaré plusieurs fois à ses disciples : Si vous ne changez et ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. (Mt 18, 3) Ou encore : Laissez faire ces enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le Royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux. (Mt 19, 14)On peut voir l’illustration de cet enseignement, dans l’épisode de la rencontre de Jésus avec la Cananéenne :  Seigneur, Fils de David, ma fille est cruellement tourmentée par un démon… viens à mon secours, lui dit la femme – Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël, lui répond Jésus… Il n’est pas bon de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. – C’est vrai, Seigneur, reprend-elle, mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Alors Jésus lui déclare : Femme, ta foi est grande ! Qu’il t’arrive comme tu le veux… (Mt 15, 21…28)

La foi est un don de Dieu, pas le résultat de recherches savantes ou la récompense d’une vie morale exemplaire ; elle est la révélation de Dieu Lui-même aux cœurs purs et simples, désencombrés d’eux-mêmes et affamés ou assoiffés d’amour. Cela ne veut pas dire que la raison n’a rien à dire dans l’acte de foi, ni que les interrogations n’y ont pas leur place ; mais Dieu est Dieu, et nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, de même que nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils. (Mt 11, 27)

Rappelons-nous saint Anselme : Que désirant je te cherche, que cherchant  je te désire, et que t’aimant je te trouve, que je   t’aime en te trouvantBon Seigneur, je te rend grâce, car ce que j’ai cru d’abord par un don de ta munificence, je le comprends à présent à ta lumière…

Saint Paul, aux Corinthiens, nous aide à pénétrer ce mystère : Considérez, frères, qui vous êtes, vous qui avez reçu l’appel de Dieu : il n’y a parmi vous ni beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de bonne famille. Mais ce qui est folie dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre les sages ; ce qui est faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui dans le monde est vil et méprisé, ce qui n’est pas, Dieu l’a choisi pour réduire à rien ce qui est, afin qu’aucune créature ne puisse s’enorgueillir devant Dieu. C’est par Lui (Dieu) que vous êtes (que vous existez) dans le Christ Jésus, lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et délivrance, afin, comme dit l’Écriture, « que celui qui s’enorgueillit, s’enorgueillisse dans le Seigneur ». (1 Co 1, 26-31)

Ce n’est pas une incitation à la paresse ! Au contraire, c’est une invitation pressante à nous ouvrir sans réserve au don de Dieu, son amour qui nous engage à nous donner, en retour, totalement à Lui.

 

Fr. Paul-Emmanuel
Abbé du bec