Vigile du 17ème dimanche du temps de l’Église -A- 2020 (Mt 13, 44-52)

Le Royaume des cieux n’est pas comme un trésor caché dans un champ, mais comme un trésor qu’un homme découvre par hasard dans un champ, recache sur place, puis, vendant tout ce qu’il possède, l’achète avec le champ.

De même, le Royaume des cieux n’est pas comme une perle de grande valeur, mais comme une perle fine qu’un homme cherche et qu’il achète, quand il l’a trouvée, en vendant tout ce qu’il possède.

Le Royaume de Dieu n’est donc pas une entité en soi, ni un espace localisable, mais la relation, l’alliance qui s’établit entre Dieu et l’homme, et qui, comme toute alliance, vit, bouge, augmente ou diminue d’intensité, traverse des crises et s’approfondit dans la fidélité.
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Ce sont là des paraboles, des histoires, sur ce qu’est le Royaume de Dieu, mais pas des définitions. L’homme tient donc une grande place dans ces deux histoires, car le Royaume de Dieu n’existe pas sans lui qui a été créé précisément pour y entrer, en faire partie.

Le Royaume de Dieu n’est donc pas une entité en soi, ni un espace localisable, mais la relation, l’alliance qui s’établit entre Dieu et l’homme, et qui, comme toute alliance, vit, bouge, augmente ou diminue d’intensité, traverse des crises et s’approfondit dans la fidélité. Le Royaume est donc avant tout un mystère d’intériorité, même s’il a besoin de prendre corps dans des rites, des institutions, des règles qui sont le signe de sa réalité présente et la prophétie de sa pleine réalisation dans l’au-delà.

Ce que nous devons retenir de cet enseignement de Jésus, c’est que, nous engager à le suivre (et nous sommes tous appelés à marcher à sa suite, quelque soit notre vocation) induit des choix coûteux qui peuvent aller jusqu’à tout quitter de ce qui fait l’ordinaire, l’attrait de la vie.

Ayant découvert la promesse d’un bonheur incomparable, celui de la communion à l’amour sans mesure de Dieu, on peut effectivement vendre tout ce que l’on possède, pour ne vivre que de et pour cet amour. Il ne s’agit pas d’un mépris du monde et de ses joies, mais d’un amour autre qui est d’abord une grâce, un appel de Dieu. Le Royaume des cieux commence donc à partir du moment où l’homme quitte quelque chose (biens, relations, tranquillité, notoriété, sécurités de toutes sortes…), pour suivre le Christ de plus près. Et nous faisons tous l’expérience que l’amour, quel qu’il soit, exige des ruptures, des choix coûteux, des prises de distance par rapport à certains attachements ou liens.

La troisième parabole ajoute un point essentiel aux deux premières, celui de la communauté de foi que et qui constitue le Royaume. Jusque là, on aurait pu croire que ce mystère était purement individuel : moi et mon Dieu. Non ! C’est ensemble que nous formons le Royaume de Dieu ; c’est un peuple que Dieu désire constituer. On comprend mieux alors la parabole du filet plein de poissons : tous sont conviés à entrer dans le Royaume de Dieu, mais tous ne répondent pas à cette invitation : si c’est par ignorance ou excès de misère et de souffrance, Dieu, qui connaît le secret des cœurs, sait qui est pour Lui ; mais s’il s’agit d’un refus conscient ou d’une autosuffisance spirituelle, ce qui peut arriver, on s’exclut alors soi-même du Royaume.

Où est notre trésor ? S’il est vraiment source de vie pour nous, sommes-nous prêts à abandonner les petits plaisirs ou les biens futiles qui nous encombrent la vie, pour nous attacher à lui ? Car, nous le devinons, le trésor du Chrétien, c’est le Christ qui nous dit à tous : « Suis-moi ! »

Fr. Paul-Emmanuel
Abbé du Bec