Évangile : « Tout ce que possède le Père est à moi ; l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître »
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »Homélie :
Au début de notre célébration, nous avons fait le signe de la croix, en disant « au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Et tout à l’heure, après cette homélie nous dirons à nouveau : « Je crois en un seul Dieu : Père, Fils et Saint Esprit. » Ce sont les termes de notre Profession de foi en ce Dieu Trinité – un terme qui n’existe que dans notre religion.
Au terme du Temps pascal que nous avons célébré dimanche dernier par la fête de la Pentecôte, la liturgie va nous entraîner pendant un certain nombre de semaines à suivre pas à pas le Christ Jésus dans sa vie terrestre, en évoquant les signes qu’il a opérés et les paroles qu’il a prononcées au milieu des hommes.
La liturgie en ce mois de juin nous invite à méditer sur de grands mystères centraux de notre foi. Aujourd’hui, la Sainte Trinité ; dimanche prochain, la fête du Saint-Sacrement ; le vendredi suivant, la fête du Sacré-cœur. Nous devons rendre gloire à Dieu pour ces opportunités qui nous sont données de méditer et de prier sur ce qui fait vraiment le cœur de la foi chrétienne. Aujourd’hui donc, nous fêtons la Sainte Trinité.
La confession de foi en un Dieu unique, Père, Fils et Esprit, est la spécificité absolue de notre foi chrétienne par rapport à toute autre religion. Aucune des religions n’a osé aller jusqu’à reconnaître un Dieu personnel, c’est-à -dire un Dieu qui se définit dans sa relation.
Cette relation interpersonnelle du Père, du Fils et de l’Esprit, cette constitution relationnelle du Dieu unique inscrit dans la logique propre de la Révélation judéo-chrétienne que Dieu ne se passe pas de l’humanité, que Dieu ne se lasse pas de l’humanité, que Dieu se donne non seulement par l’acte originel de la création, mais encore historiquement par sa Parole qu’il transmet à travers ses prophètes, par sa présence effective en Jésus de Nazareth, par l’Esprit-Saint répandu à la Pentecôte.
C’est ce Dieu qui a voulu se susciter un interlocuteur non seulement dans le premier homme en la personne d’Adam, mais à travers l’alliance du peuple choisi en Israël, mais encore à travers tous ceux qui croiront en son Fils et qui deviendront effectivement par la puissance de l’Esprit répandu en leurs cœurs enfants de Dieu dans le Christ, héritiers dans le Christ comme nous le disait saint Paul à l’instant.
Nous devons comprendre que notre baptême dans le Père, le Fils et l’Esprit-Saint nous fait entrer dans cette relation exceptionnelle qui unit les trois Personnes de la Trinité. Il nous rend participants de la vie trinitaire, il nous plonge dans la vie trinitaire au point que dorénavant nous ne pouvons plus être nous-mêmes sans nous révéler en même temps comme enfants de Dieu et sans vénérer Dieu comme notre Père.
On a souvent tendance à dire, et on l’entend beaucoup, que finalement Dieu, c’est le même Dieu pour tout le monde, il n’y a que les chemins qui changent. Nous découvrons en ce jour que notre Dieu n’est pas n’importe quel dieu : » Avez-vous déjà entendu parler d’un autre dieu ? » nous demande le Deutéronome. Avez-vous entendu parler ailleurs d’un Dieu Père ? Avez-vous entendu parler ailleurs d’un Dieu qui vient partager l’existence humaine dans son humanité la plus complète ? Avez-vous entendu parler d’un Dieu qui vient habiter le cœur des hommes par la puissance de son Esprit ?
Le Dieu auquel nous croyons n’est pas n’importe quel Dieu. C’est le Dieu d’amour qui se révèle et se manifeste dans sa relation entre le Père et le Fils, relation tellement intense qu’elle constitue elle-même une Personne, et c’est à cette communion du Père, du Fil et de l’Esprit que nous sommes associés par le baptême, quand l’Esprit-Saint fait de nous des enfants de Dieu. La Trinité n’est pas seulement une histoire qui se passe dans le ciel, sans que nous y soyons intéressés. La Trinité s’inscrit dans notre existence humaine et transforme notre existence humaine.
Participant de la vie trinitaire par le baptême, nous devenons à notre tour des êtres de relation, des êtres qui ne peuvent pas atteindre la plénitude de leurs possibilités s’ils n’entrent pas en communion d’amour avec le Père, le Fils et l’Esprit-Saint et si cette communion d’amour ne se diffuse pas et ne se concrétise pas dans notre manière d’être avec les autres.
Que l’Amour du Dieu, Père et Fils, qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint éclaire nos relations fraternelles et nous introduise de plus en plus dans la communion avec la Sainte Trinité.
Frère Dieudonné
Moine du Bec