Solennité de l’Ascension du Seigneur – Matthieu (28, 16-20)

Évangile« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre »

En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Ascension du Seigneur, notre victoire. Oratoire saint Joseph du Mont Royal
À la suite des apôtres, nous sommes envoyés en mission. La foi se transmet de témoin en témoin, de génération en génération. C'est aujourd'hui que nous devons annoncer la résurrection de Jésus.

Homélie :

Dans les premiers temps de l’Église, la mémoire de l’Ascension était évoquée au terme de la cinquantaine pascale. On célébrait en ce même dimanche l’entrée du Seigneur Jésus dans la gloire et l’effusion de son esprit. Puis pour mieux approfondir la richesse du mystère pascal, la liturgie a célébré au 40e jour la fête de l’Ascension. On est même allé jusqu’à en faire un point final, le dernier jour du temps pascal, avec l’extinction du cierge pascal après l’évangile de la messe de ce jour. Or cette fête est seulement une étape du temps pascal. Elle évoque la dernière apparition de Jésus ressuscité à ses disciples et son appartenance totale au monde invisible. C’est dès l’instant de sa résurrection qu’il inaugure la création nouvelle et le don de l’Esprit Saint. Loin d’être un achèvement, l’Ascension est une ouverture vers la plénitude, un élan vers la vie en Dieu. Le temps pascal s’achève à la Pentecôte. Mais peut-on qu’il s’achève ?

Nous entendions hier soir à l’office de vêpres le récit de l’enlèvement du prophète Élie au ciel, un récit qui présente de nombreuses similitudes avec le récit de l’Ascension de Jésus. Au terme de plusieurs étapes, Elie, accompagné de son disciple Élisée, franchit le Jourdain, et parvient en cette terre de Moab où est mort Moïse. Élisée lui demande une double part de son esprit puis il le voit monter vers le ciel dans un char de feu. Sur mon temps sa tristesse, il revient en Israël ou il doit poursuivre sa mission.

Jésus emmène ses disciples hors de la ville, sur le mont des Oliviers. Il les exhorte à demeurer dans la ville, dans l’attente de l’effusion de l’Esprit Saint. Il s’élève alors vers le ciel et devient invisible à leurs yeux. Renonçant à leurs espoirs déçus, ils suivent l’ordre de Jésus et retournent à Jérusalem. Dans la prière, ils attendent la venue de l’Esprit Saint qui les enverra annoncer l’Évangile à toute la terre.

L’ascension célèbre le retour du Christ auprès du Père dans la gloire. C’est un acte de Dieu. Le Père ramène auprès de lui son Fils qu’il a envoyé vers nous. C’est la réponse de son amour à celui qui lui a témoigné une parfaite obéissance jusqu’à l’accomplissement de sa mission terrestre, mission qu’il ne cessera de poursuivre dans la gloire qui a toujours été la sienne.

En fait, c’est dès l’instant de sa résurrection que Jésus est entré avec son humanité dans la Vie de Dieu. Sans cesser d’être homme, il est un avec Dieu, il est Dieu avec son Père et l’Esprit Saint. Fils unique de Dieu devant qui nous nous prosternons comme les disciples, il demeure vraiment homme et reste notre frère. Il monte au ciel avec notre humanité qu’il a assumée par son incarnation et qu’il a libérée du péché et de la mort par sa Pâque.

Il nous précède dans la gloire où nous vivons dans l’espérance. Et comme le montre l’apôtre Paul, s’il est glorifié dans les cieux, il est chef de l’Église qui lui est unie comme le corps dont il est la tête. L’église le rend présent dans le monde comme lui-même nous rend présents auprès de Dieu.

Telle est la mission que Jésus confie à ses disciples au moment de les quitter. Après sa résurrection, jésus les réunit en Galilée, sur la montagne où il leur avait ordonné de se rendre. Il est maintenant le Seigneur de l’univers, le pouvoir et l’autorité lui ont été conférés par Dieu. Il veut rassembler tous les hommes dans la maison de son Père. Mais il ne peut accomplir cette mission sans ses disciples. C’est à eux qu’il la confie en les envoyant annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités du monde : « De toutes les nations, faites des disciples ». Et la Galilée, carrefour des nations, point de jonction entre Israël et les païens, constitue le point de départ de l’annonce de l’Evangile : Jésus est venu sauver tous les hommes.

Et l’Évangile de saint Mathieu s’achève avec cette promesse de Jésus : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Leur foi, et la nôtre, et fonder sur cette promesse infaillible de Jésus. Il est pour toujours Emmanuel, « Dieu avec nous ».

À la suite des apôtres, nous sommes envoyés en mission. La foi se transmet de témoin en témoin, de génération en génération. C’est aujourd’hui que nous devons annoncer la résurrection de Jésus.

L’Église peut affronter des tempêtes et des crises. Nous sommes découragés par la pauvreté de nos forces, de nos moyens, de nos effectifs. Rappelons-nous les promesses de Jésus. Ouvrons-nous l’Esprit Saint qui ne cesse de nous le rendre présent. Il poursuit son œuvre dans le monde. Il fait toujours germer de nouvelles formes de vie. Il renouvelle sans cesse son Église. Jésus reste au milieu de nous. Prions l’Esprit Saint de nous garder dans l’espérance et dans l’amour.

 

Frère Claude
Prieur du Bec