Écouter une parole du Bec en 2023 – S20

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Catégorie : Vie monastique

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Dimanche 14 mai :

Saint Benoît montre ici la difficile tâche de l’abbé qui doit constamment faire avancer l’ensemble du troupeau tout en s’adaptant à chacun ; déployer son zèle sur tous les fronts sans jamais avoir de repos. Et les besoins de l’un ne sont pas ceux de l’autre, car ce que saint Benoît montre, c’est la diversité et le mélange de ceux qui composent une communauté et qui n’est pas aussi parfaite, vue de l’intérieure, qu’elle pourrait en donner l’impression de l’extérieur.

Il lui faut corriger et reprendre les indisciplinés, encourager les obéissants, les doux, les patients. C’est toujours un équilibre à trouver dans la recherche incessante de la paix et de l’unité. Et c’est bien pour nous accompagner dans cette conversion incessante que le Christ est venu. L’abbé doit donc guider les uns comme les autres, rappeler la loi divine en restant attentif à chacun. Nous n’aurons jamais fini de nous convertir, de tomber et de nous relever, car l’essentiel est de toujours revenir au Christ qui nous conduit sur le bon chemin.Lundi 15 mai :

Saint Benoît indique ici que le rôle de l’abbé est toujours double : il doit enseigner par la parole autant que par l’exemple, par le dire comme par le faire. Et pour les disciples, leur tâche est d’accueillir cet enseignement pour le mettre en pratique. Le dire et le faire, ou l’écoute et la mise en œuvre, sont toujours les deux faces du même mouvement, de la même attitude.

Dans la Bible, le mot ‘’davar’’ qui veut dire ‘’parole’’, a toujours le double sens de parole et d’acte, de mise en œuvre de ce qui vient d’être entendu. Pour le croyant, l’un ne va pas sans l’autre, car la Parole de Dieu est vivante, donc active. Au Livre de l’Exode, lorsque Dieu commande, le peuple répond : « Nous le ferons et nous l’écouterons ». Et écouter a ici le sens de comprendre, ce que saint Anselme, dans son Proslogion traduit par : « Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre ».

Il en va de même avec l’enseignement de Jésus lorsqu’Il exhorte ses disciples à garder ses commandements pour faire sa volonté qui est la volonté de son Père. C’est bien la marque de notre amour pour Dieu.

L’abbé doit donc enseigner pour que tous mettent en pratique ce qu’il a dit et pour la conversion des frères, tout en restant attentif à chacun. Car s’il a charge des âmes il lui faut aussi se conformer au rythme et au caractère de chacun pour que tous ensemble puissent progresser sur la voie qui mène à la Vie en Dieu.

Mardi 16 mai :

En concluant ce chapitre sur l’abbé, saint Benoît invite celui-ci, et nous tous par la même occasion, à marcher dans la foi et la confiance. Il s’appuie sur deux citations : celle de Jésus dans le Sermon sur la montagne (Mt. 6) : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroit », et celle du Ps. 33 : « Rien ne manque à ceux qui cherchent Dieu. »

En s’adressant à l’abbé, saint Benoît s’adresse aussi à chacun de nous pour nous rappeler que la priorité est bien le service du Seigneur et que nous devons toujours garder notre foi en Lui, que ce soit en temps de paix ou en temps de crise, dans toutes les situations difficiles que nous pouvons vivre.

Il nous faut d’abord servir Dieu, le chercher, ancrer notre confiance et notre espérance en Lui, et Lui-même veillera sur nous. Mais cela ne veut pas dire que nous ne devons rien faire, négliger notre devoir, nos travaux, les activités du quotidien ; mais si nous Lui confions tous nos soucis, comme il est dit dans un autre psaume : « Décharge ton fardeau sur le Seigneur et Il prendra soin de toi », Il s’occupera de nous et nous guidera. En ce temps avant la Pentecôte, prions l’Esprit-Saint pour accueillir Jésus en nous.

CHAPITRE 3 : DE L’APPEL DES FRÈRES EN CONSEIL.

Mercredi 17 mai :

     Dans ce chapitre sur l’appel des frères en conseil, nous pouvons noter l’importance de l’écoute. On voit comment, dès le début de la Règle, écouter est une attitude qui caractérise bien le moine : il est invité à écouter Dieu et ses appels dans sa Parole. C’est l’attitude du disciple qui écoute son maître, une attitude que l’on retrouve tout au long de la Bible : Israël est appelé à écouter le Seigneur pour mettre ses commandements en pratique ; les disciples écoutent Jésus. Et nous sommes des disciples qui écoutent leur maître pour mettre en pratique ses commandements, surtout celui de l’amour.

Dans ce chapitre, l’écoute est pour tous, à commencer par l’abbé vis-à-vis de ses frères qu’il doit écouter avant de prendre des décisions importantes. Les avis différents de chacun peuvent, et doivent, éclairer et guider ses décisions. Mais qu’en communauté, le conseil des frères se déroule dans un climat de paix, dans le respect de chacun, avec humilité et sous la conduite de l’Esprit-Saint, et non avec violence et agressivité comme cela se voit trop souvent dans nos sociétés.

Le but de l’écoute mutuelle en conseil est la recherche du bien spirituel de la communauté et de chacun ; un bien qui passe par de réalités concrètes et qui doit favoriser la charité.

Jeudi 18 mai, solennité de l’Ascension :

Comme nous le disions déjà hier, ce qui importe c’est l’écoute mutuelle avec le respect de la parole de chacun. Mais dans la communauté, la Règle doit rester la référence pour tous ; elle est un facteur d’unité et d’ordre. Inspirée par l’Évangile et la Parole de Dieu, il faut donc y revenir sans cesse.

    Il est possible qu’à la suite d’une réunion, lors de la décision finale prise par l’abbé, on ne puisse tenir compte de tous les désirs individuels. Mais, comme dit saint Benoît, que tous acceptent ce que l’abbé aura jugé salutaire, car le bien de l’ensemble a plus d’importance que tel ou tel intérêt particulier. Et lorsqu’il s’agit d’un bien spirituel, du bien du plus grand nombre, nous devons toujours y attacher plus d’importance qu’à tel autre désir plus personnel.

L’Esprit-Saint nous appelle toujours à élargir notre cœur pour entrer dans les vues de Dieu, qu’il s’agisse de nos communautés, de notre entourage, de l’Église, ou tout simplement du bien de chaque homme.

CHAPITRE 4 : QUELS SONT LES INSTRUMENTS DES BONNES ŒUVRES.

Vendredi 19 mai :

Ce chapitre est une invitation à nous mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint. Ces instruments des bonnes œuvres sont, pour la plupart, inspirés par l’Écriture Sainte. C’est le cas du premier des instruments des bonnes œuvres qui commence par le grand commandement de l’amour : « D’abord aimer le Seigneur ton Dieu [..] Ensuite, ton prochain comme toi-même » donne le ton de tous les autres qui sont inspirés du Décalogue, des Épitres de Paul ou des Paroles de Jésus. C’est un commandement double et pourtant unique, car l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont indissociables. Et les instruments suivants développent ce premier, ce grand commandement.

Toutes ces pratiques culminent dans l’amour du Christ à qui l’on ne doit rien préférer ; c’est tout l’enseignement de Jésus dans les Évangiles, mais aussi de l’apôtre Paul dans ses épitres. Ainsi, lorsque saint Benoît dit : « Se refuser soi-même à soi-même pour suivre le Christ », on entend saint Paul déclarer : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».

Samedi 20 mai :

Dans cette seconde série d’instruments des bonnes œuvres, beaucoup concernent notre relation au prochain avec la recherche de la paix, de la vérité, de la charité et aussi de la maîtrise de soi. Cette liste peut être rapprochée des listes des fruits de l’Esprit-Saint que l’on trouve dans les Épitres de saint Paul (Galates et Éphésiens).

Ces instruments très divers qui sont énumérés ici montrent que l’action de l’Esprit-Saint touche tous les aspects de notre vie. Il n’est aucun domaine qui ne soit concerné par le regard et la présence de Dieu : que ce soient nos actes, nos paroles, nos pensées, nos tendances, toute notre vie, tous les replis de notre cœur doivent être éclairés par la lumière de Dieu ; nous devons nous laisser transformer par son amour.

Cette quantité d’instruments peut nous sembler difficile à mettre tous en œuvre, et c’est vrais d’un simple point de vue humain. Mais si nous prions l’Esprit-Saint pour qu’Il nous guide et nous aide à mettre en œuvre les commandements de Dieu, nous pourrons alors progresser vers la sainteté. Prions-le particulièrement en ces jours préparatoires à la Pentecôte, mais bien sûr aussi après, car cette fête n’est pas le point final du temps pascal après lequel on oublie de le prier ! Au contraire, c’est une ouverture, un nouveau point de départ pour notre vie de disciple du Christ.

 

Frère Claude
Prieur du Bec

Blason de l'abbaye royale Notre Dame du Bec