Saint Anselme 2021 : Isaïe 28, 5-6 et 16-17; Colossiens 1, 24-29; Jean 15,9-17
Il est un peu difficile d’évoquer brièvement Saint-Anselme. Depuis la biographie que nous a laissée de lui son secrétaire Eadmer, on a beaucoup écrit sur lui.
Sa personnalité est riche, son action et son œuvre sont variées. Sa vie a été mouvementée alors que son désir profond était de demeurer dans « son nid du Bec ». S’il a été amené à sortir de lui-même, à quitter le silence du cloître, pour se donner aux différents services auquel il a été appelé, c’est toujours dans la fidélité à l’appel premier qu’il a entendu dès son enfance.
S’il a été affronté à de multiples difficultés en raison de ses responsabilités, il a su y faire face grâce à sa fidélité à sa vocation monastique. Devenu archevêque de Canterbury, il ne trouvait de repos que dans son monastère cathédral, avec les moines » comme le hibou avec ses petits ».Très jeune, il a entendu l’appel à la vie monastique, et même si ce désir a été contrarié dans sa jeunesse par des difficultés familiales, il l’a retrouvé au point de se mettre en route pour rejoindre Lanfranc à Avranches où celui-ci n’était plus, et le retrouver finalement au Bec. C’est là que s’est épanouie sa vocation. Il a trouvé en Dieu son rocher, puis, comme le dit le prophète Isaïe, cette intuition qui lui vient de son enfance lorsqu’il imaginait Dieu trônant sur les cimes enneigées qui entouraient le Val d’Aoste.
Au cours de ses années au Bec- la moitié de sa vie – comme moine, prieur puis abbé – il a pu s’adonner à la contemplation, à l’étude de l’écriture, à la réflexion philosophique et théologique, toutes activités qu’il poursuivra jusqu’à son dernier souffle.
Avec lui, laissons-nous guider, avec les textes que nous venons d’entendre, par ces deux maitres qui ont été les siens, l’apôtre Paul et Jean l’Évangéliste.
Dans l’épître aux Colossiens, Paul exprime son amour de l’Église, amour qui s’enracine dans celui qu’il a pour le Christ. On ne peut séparer le Christ de l’Église. Souffrir pour celle-ci, c’est souffrir pour celui-là. Paul doit lutter pour faire connaître le mystère du Christ à toutes les nations. Il se donne tout entier à sa mission.
Saint-Anselme parce qu’il était fidèle à l’appel du Christ à le suivre totalement dans la vie monastique, à répondu à l’appel de l’Église lorsque lui a été confiée la charge épiscopale de Cantorbéry. Non sans luttes ni tergiversations, il est vrai. Mais il a reconnu la volonté de Dieu en cet appel et il s’est toujours attaché à servir l’Église. Il a dû résister aux prétentions du pouvoir politique, ce qu’il obligera par deux fois à partir en exil.
On sait jusqu’au mènera cet affrontement. Un des successeurs de saint-Anselme, saint-Thomas Becket, le paiera de sa vie.
Ainsi, comme l’apôtre Paul à qui il adresse une longue prière, saint Anselme aime l’Église, sa mère, d’un amour indéfectible. Cet amour donné à l’Église ne fait qu’un avec celui de Jésus pour ses disciples et de ceux-ci pour lui.
C’est en effet Jésus qui a choisi ses disciples, comme nous le dit l’Évangile selon Saint-Jean, il les a envoyés pour qu’ils portent du fruit, un fruit qui demeure. L’Église a traversé les siècles. Au soir de sa passion, Jésus s’entretient longuement avec ses disciples. Il sait qu’il va donner sa vie pour eux, pour tous ceux qui viendront à leur suite, pour tous les hommes. L’amour qu’il leur demande d’avoir les uns pour les autres, c’est l’amour qui l’unit à son Père et qu’il a pour eux.
Saint Anselme a entendu cet appel à aimer. Il l’a instamment demandé au Seigneur, à l’Esprit Saint, à Marie, aux saints. En témoigne ses prières. Retenons quelques mots de sa prière à saint Jean : » Jean, Jean, si vous êtes ce disciple que Jésus aimait, je vous prie, par ce privilège, faites que je sois le pêcheur à qui Dieu pardonne, que Jésus soit pour moi un lien propitiatoire pour mon salut ».
« Voici que je vous entends formulant le précepte d’ouvrir son cœur, et je vous vois possédant cette richesse d’aimer Dieu et d’être aimé de lui… Espère et réjouis-toi, réjouis-toi et aime, mon âme… Ô bonté, Ô piété, Ô amour ! Insiste et espère, non de toi, mais de Lui, car il exaucera ton désir ! »
Cet appel à aimer que Saint-Anselme a entendu, il l’a adressé à tous ceux avec qui il était en relation, moines, fidèles, abbés, évêques, leur donnant des conseils pour la conduite de leur vie ou pour le gouvernement d’une communauté ou d’un diocèse.
Retenons de notre Saint-Père Anselme sa fidélité dans l’amour. Fidélité à aimer Dieu dans notre vocation monastique, baptismale, fidélité à aimer notre prochain là où nous nous trouvons, fidélité à l’Église. Nous ne sommes pas isolés. Nous appartenons à une communauté de foi et d’amour, enracinée sur le roc qu’est le Christ, fondée sur les apôtres, et dont la tradition s’enrichit au long des siècles. Anselme l’a toujours professée et il a apporté son humble pierre à la construction de cet édifice.
Fr. Claude
Prieur du bec
Note du Webmaster : voir ICI la très belle prière de Saint Anselme
