Évangile : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour »
En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux.Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Homélie du 3ème dimanche après Pâques – B
La rencontre des pèlerins d’Emmaüs avec Jésus ressuscité – que nous avons chantée la semaine de Pâques – se prolonge et s’enrichit aujourd’hui de la manifestation de Jésus aux Apôtres, aux disciples, à toute la communauté des croyants auxquels s’adresse St Luc : à tous ceux qui ont du mal à croire à la Résurrection de Jésus, venant d’une culture écartelée entre le corps et l’esprit.
La manifestation humble, discrète de la résurrection de Jésus est loin de nos fantasmes d’une toute puissance irrésistible ou d’une évanescence éthérée. Ces récits tout simples nous donnent, comme aux Apôtres, des signes du mystère de la résurrection. Les récits de la manifestation de Jésus après sa résurrection nous invitent à entrer dans une relation personnelle avec Jésus dans sa Vie nouvelle. Cette vie nouvelle, la vie même de Dieu, la vie éternelle, jaillissant de la connaissance de l’infinie miséricorde de Dieu, Jésus nous la donne en nous donnant sa Paix : la promesse de paix annoncée par la bouche de Zacharie (Luc 1,79), mais aussi par la bouche des anges au début de l’Évangile selon Luc.
Cette Paix s’accomplit – dans la chair ressuscitée de Jésus et dans l’épaisseur de notre chair promise à la résurrection – par la promesse du pardon qui traverse toute l’aventure de Dieu avec les hommes dans la Bible. Ce pardon convertit notre cœur, comme il l’a fait pour les premiers chrétiens, et le vivifie dans la paix du Christ que le monde ne peut nous donner.
Apprenons, en méditant en silence ces témoignages à nous établir dans la Paix du Christ qui habite les profondeurs de notre cœur, sans nous perdre dans nos ‘pourquoi ?’ et nos ‘comment ?’ au-delà de nos sentiments mêlés et notre trouble devant la nouveauté du mystère de Dieu. Ce qui importe, pour accueillir la Parole du Christ et communier avec Lui, c’est le ‘pour qui ?’ de la Résurrection. C’est à nous et pour tous que Jésus communique par son humble Esprit-Saint le mystère de son amour. Il nous est donné dans la paix de son pardon.
Cette paix, gage de sa présence, nous conduit à la joie d’être témoins, par toute notre vie, de la Bonne nouvelle du pardon inconditionnel de Dieu. Ce pardon est le don de l’Esprit-Saint, la Joie de Dieu, manifestée dans la résurrection de Jésus. « Partage ton pain, il diminue, partage ta joie elle augmente » disait Tagore. Que dire alors de la joie, que personne ne pourra nous ravir, dit Jésus, de partager sa Vie éternelle dès à présent dans la paix de sa présence et de la partager humblement avec tous ceux et celles vers qui l’Esprit du Seigneur nous envoie dans sa douce charité.
Frère Jean-Marie
Moine du Bec