Fête de la Pentecôte – Jean (14, 15‑16. 23b-26)

Évangile« L’Esprit Saint vous enseignera tout »

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Jean II Restout, Pentecôte, 1732, Musée du Louvre
Pâques et Pentecôte sont les deux faces d’un meme acte sauveur : la Résurrection du Sauveur et l’effusion de l’esprit Saint sont l’expression de l’amour infini de Dieu.

Homélie :

La fête de la Pentecôte célèbre l’accomplissement du mystère pascal. Ce cinquantième jour est le couronnement du temps pascal. A Pâques, nous proclamons la victoire du Christ sur la mort et le péché. A la Pentecôte, nous accueillons dans la joie le don de l’Esprit Saint en plénitude accordé à toute la terre. Pâques et Pentecôte sont les deux faces d’un meme acte sauveur : la Résurrection du Sauveur et l’effusion de l’esprit Saint sont l’expression de l’amour infini de Dieu. D’ailleurs, l’Evangile de Jean situe le don de l’Esprit Saint aux Apôtres le soir de Pâques, jour unique qui inaugure les temps nouveaux. Le livre des Actes des Apôtres en montre le déploiement au cinquantième jour.

En situant cet évènement cinquante jours après Pâques, la liturgie de l’Eglise reprend le calendrier des fêtes juives. Cinquante jours après la Pâque, la Pentecôte était la fête de la moisson et commémorait l’Alliance, ainsi que le rapporte le livre de l’Exode. L’effusion de l’Esprit Saint sur les cent vingt frères réunis au Cénacle marque la naissance de l’Eglise, comme le livre de l’Exode décrit la naissance du peuple d’Israël, sauvé par Dieu.  Désormais, la mission des Apôtres est lancée et ne s’achèvera qu’avec la récapitulation de toutes choses dans le Christ.

Dans le récit de saint Luc, l’action de l’Esprit Saint est exprimée au moyen de symboles.  C’est d’bord celui d’un vent violent.  En hébreu, le même mot désigne l’esprit et le souffle.  Ce vent violent remplit la maison ou sont réunis les disciples. Il en résulte un mouvement qui se communique à tous ceux qu’il touche et qui ne s’arrêtera plus. Il nous faut accueillir ce souffle et le laisser ranimer et féconder notre vie.

L’Esprit se manifeste aussi comme un feu.  C’est le feu de l’Amour qui transforme tout ce qu’il touche, qui nous embrase de l’intérieur et change nos relations, nous rendant accueillants et attentifs les uns aux autres.

A ce symbole du feu de l’amour est associé celui des langues.  Les langues de feu sont posées sur chacun d’eux. Elles communiquent le don de la parole et de la louange. Les Apôtres expriment les merveilles de l’Amour de Dieu et sont compris de tous les auditeurs dont la diversité d’origine exprime l’universalité de tous les peuples. L’Esprit Saint rassemble dans l’unité les peuples et les cultures tout en respectant leur individualité propre et leur diversité. La langue de l’Esprit Saint est celle de l’amour et de la communion.

Dès lors, les Apôtres commencent à annoncer le mystère du salut.  Ils témoignent de Jésus, mort et ressuscité pour ramener tous les hommes à son Père. Il leur avait bien dit au moment de disparaitre à leurs yeux : « Vous serez revêtus d’une force venue d’en haut ».  Cette force, c’est l’Esprit Saint qui les a transformés et les envoie annoncer le salut à tous les peuples, en dépit des oppositions et des persécutions qui ne feront qu’augmenter leur audace.

Rendre témoignage en faveur de Jésus, tel est le rôle de l’Esprit Saint en nous.  Il est le Défenseur, celui qui donne aux disciples le courage de l’annoncer. Après l’Ascension, le Ressuscité cesse d’être visible pour les siens, mais il leur demeure présent par son esprit. Ils proclament la mort et la résurrection de Jésus, l’exhortation à la conversion et au baptême pour une vie nouvelle. Leur mission se poursuit dans le témoignage de tous leurs successeurs, martyrs, saints connus ou inconnus.

L’œuvre de l’Esprit Saint n’aura jamais fini de nous émerveiller et de nous surprendre. Il ne cesse d’agir dans l’Eglise, mais aussi au-delà de ses limites, ces limites que nous devons toujours repousser. Il fait germer des pousses nouvelles là ou nous ne les attendons pas, comme en témoignent les nouveaux baptisés venus d’horizons divers. Il est à l’œuvre au-delà de nos appartenances confessionnelles. Il dépose dans les cœurs des semences de vérité chez les chercheurs de Dieu, chez tous ceux qui brisent les verrous de l’égoïsme en donnant leur vie et leur temps au service des pauvres et des souffrants. Nous tous, qui sommes disciples de Jésus, reconnaissons et accueillons l’œuvre de l’Esprit Saint en eux.

Mais cette œuvre de l’Esprit Saint autour de nous et au-delà de nous, nous pouvons la discerner si nous lui ouvrons nos propres cœurs. Dans le discours après la Cène, Jésus leur annonce à plusieurs reprises qu’il leur enverra son Esprit, cet Esprit qui le rendra présent après son départ. Il sera leur Défenseur devant les assauts du monde. Il sera leur Consolateur, leur réconfort comme nous venons de le chanter dans cette si belle séquence : « Veni Sancte Spiritus ».

Grace à sa présence, ils pourront intérioriser l’enseignement de Jésus.  Une condition est nécessaire cependant pour que l’Esprit Saint demeure en eux et en nous, c’est celle de l’amour : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma Parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui ». L’Esprit Saint nous établit dans l’amour du Père et du Fils.

Grace à Lui, nous entrons dans une relation filiale avec le Père, qui fait de nous ses enfants, comme le dit l’apôtre Paul dans l’épitre aux Romains. Nous ne sommes plus sous l’emprise de la chair mais sous celle de l’Esprit.  L’Esprit nous entraine sur un chemin de conversion et nous guide vers la liberté des enfants de Dieu.

Que cette puissance d’amour qu’est l’Esprit Saint nous garde fidèles à la Parole de Jésus et fasse de nous ses disciples et les témoins de son amour.

 

Frère Claude
Prieur du Bec