Écouter une parole du Bec en 2023 – S21 – 21 mai

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 21 mai :

Dans cette troisième série d’instruments des bonnes œuvres, nous sommes davantage tournés vers l’au-delà, vers la Vie future auprès de Dieu. Mais nous devons avoir conscience que nous vivons déjà dans cette nouvelle Création, car par la Résurrection de Jésus, nous sommes entré dans la Vie nouvelle, et tous ces instruments nous rappellent que la vie monastique, comme celle de tout baptisé, est union au Fils de Dieu ressuscité.

Nous sommes aussi appelés à avoir conscience de la Présence de Dieu, non comme celle d’un souverain lointain à craindre, mais comme celle d’un Père attentif à tous ses enfants, plein d’amour et de miséricorde.

Lundi 22 mai :

Ce qui traverse ce chapitre, du début à la fin, c’est le grand commandement de l’amour ; amour de Dieu et amour du prochain ; amour donné et amour reçu. L’amour est relation et la plupart des instruments des bonnes œuvres sont les différentes facettes de cet amour. Et si ce programme pouvait sembler difficile et même hors de notre portée, saint Benoît conclut par cet encouragement : « Et de la miséricorde de Dieu, ne jamais désespérer ».

On peut voir aussi dans tout ce chapitre comme un condensé concret de la Règle. C’est un programme pour toute la vie pour lequel la clôture et la stabilité donnent le cadre de notre mise en œuvre. Par ces différents moyens, nous évitons la dispersion puisqu’ils permettent la régularité de nos efforts.CHAPITRE 5 : DE L’OBÉISSANCE.

Mardi 23 mai :

L’obéissance est l’un des trois vœux que nous prononçons lors de la profession monastique. C’est aussi l’un des vœux prononcés lors de l’engagement de toute vie consacrée. Et saint Benoît nous dit qu’elle « se trouve chez ceux-là qui sont décidés à n’avoir rien de plus cher que le Christ, à cause du service saint qu’ils Lui ont voué ».

L’obéissance suppose d’abord l’écoute de celui qui nous parle, qui donne un ordre. Elle s’appuie sur la Parole du Seigneur : « Qui vous écoute m’écoute ». Celui qui obéit lâche sa volonté propre pour exécuter celle de celui qui commande avec, là encore, comme référence, l’exemple de Jésus lui-même lorsqu’il dit : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé ». Et l’obéissance du Fils rend gloire à son Père comme Jésus l’exprime dans sa prière à son Père : « Moi je T’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que Tu m’avais donnée à faire ». Pour les disciples, obéir, c’est accueillir les Paroles que le Fils leur transmet, lui qui les a reçues de son Père.

Mercredi 24 mai :

L’obéissance, nous dit saint Benoît, a une double relation : une relation à Dieu et une relation aux hommes. Elle nous met en relation avec Dieu, car Il voit notre cœur ; et si nous murmurons ou obéissons de mauvais grès, Il le voit. Ce qu’Il attend de nous, c’est un cœur qui écoute, qui obéit à sa voix, et non le cœur double de celui qui dit oui, mais qui ne fait pas. « C’est l’amour que je désire, et non les sacrifices », dit le prophète Osée.

Et cette obéissance : « sera agréable à Dieu et douce aux hommes que si l’ordre est exécuté sans impatience, sans retard, sans tiédeur ni murmure, ni parole de résistance ». La douceur est un des fruits de l’Esprit ; c’est Lui qui nous guide et nous instruit. Il favorise aussi le lien entre les hommes, entre nous, dans nos communautés. Suivre ses appels facilite et assouplit les relations fraternelles, car l’obéissance va de pair avec la charité et même, elle la précède. Par l’obéissance, la charité est facilité, alors que la désobéissance blesse l’entourage.

Et l’obéissance nous fait entrer dans la relation du Fils à son Père. Nous reconnaissons qu’Il prie son Père pour nous, pour que nous fassions sa volonté et demeurions dans l’unité.

CHAPITRE 6 : DU SILENCE.

Jeudi 25 mai :

Les trois chapitres que nous lisons ces jours-ci : hier, l’obéissance, aujourd’hui le silence et demain, l’humilité, sont liés. L’obéissance est une forme d’humilité et le silence, qui en est une de ses conditions, la favorise. Le bavardage peut être une façon de se mettre en avant alors que la maîtrise de notre parole aide à nous situer à notre juste place devant Dieu.

Dans l’imaginaire de beaucoup de gens, les moines sont toujours en silence, et on entend souvent cette question : « Est-ce que vous avez le droit de parler ? ». Connaissant la vie monastique de l’intérieur, nous savons bien ce qu’il en est du silence comme de la parole ; il y a les principes et … la réalité !

Saint Benoît sait, lui aussi, ce qu’il en est ; c’est pourquoi il nous propose un cadre pour les temps de paroles à cause de la valeur du silence. Le silence est un idéal qui doit imprégner nos vies pour favoriser notre vie intérieure, notre relation avec Dieu qui ne peut être entendu que par un cœur écoutant, accueillant, qui n’est pas agité par toutes sortes de bruits et de bavardage, même intérieurs. Tant de paroles inutiles, de bavardages peuvent être des occasions de péchés : paroles de colère, de rancune, de médisance… Le silence peut aussi être troublé par toute une agitation intérieure, bruit des pensées qui font la guerre à l’âme. C’est bien pourquoi la parole doit être limitée et encadrée par le silence et la prière pour rester attentifs aux appels de l’Esprit-Saint.

En ce temps de préparation à la Pentecôte, prions-le tout particulièrement de venir habiter nos cœurs pour les purifier et les établir dans le silence de Dieu. Une des hymnes de ce temps préparatoire à l’effusion de l’Esprit se termine ainsi : « Tournons les yeux vers l’hôte intérieur, car Il habite nos silences et nos prières. »

CHAPITRE 7 : DE L’HUMILITÉ.

Vendredi 26 mai :

Avec ce chapitre 7 de la Règle, nous entrons dans un chapitre majeur, puisque l’humilité est un des piliers de la vie du moine. Il ne s’agit pas ici d’une simple qualité morale, tout juste bonne à améliorer la vie en société pour éviter les heurts entre caractères trop affirmés ! Non, car l’humilité est une des vertus de Dieu Lui-même. Notre Dieu qui est grand, puissant, plein de gloire, est aussi, et on pourrait dire surtout, ‘’humble’’.

Et cette humilité de Dieu nous est manifestée dans les Écritures : Dieu s’abaisse pour venir à la rencontre de l’homme, sa créature, puisqu’Il va jusqu’à lui envoyer son Fils pour le ramener à Lui, le péché nous en ayant éloigné.

C’est donc en revenant à l’Écriture Sainte, « la divine Écriture » comme dit saint Benoît, en la relisant, la méditant sans cesse, en y écoutant la Parole de Dieu, que nous deviendrons plus humbles. Isaïe nous déclare, en parlant du Serviteur de Dieu : « Chaque matin, Il réveille mon oreille comme un disciple » (3e chant du Serviteur). Et ce serviteur annonce le Christ venu faire la volonté de son Père. L’humilité du moine, comme pour tout chrétien, a donc pour fondement celle du Christ, comme nous pouvons le lire tout au long de ce chapitre 7.

Samedi 27 mai :

Ce chapitre commence par une citation de l’Évangile que l’on trouve en plusieurs endroits, notamment dans la parabole du pharisien et du publicain : « Quiconque s’exalte, sera humilié ; et qui s’humilie, sera exalté ». Pour parvenir au sommet de l’humilité, il faut s’abaisser tout en vivant simplement notre quotidien. Et pour atteindre l’humilité parfaite, saint Benoît propose une échelle, l’échelle de Jacob, qu’il emprunte au Livre de la Genèse, selon son interprétation personnelle.

Ce sera par toute notre vie que nous pourrons monter vers Dieu. Tout notre être est appelé, entrainé dans ce mouvement de montée et de descente. Descente si nous n’écoutons pas les appels du Seigneur ; montée lorsque nous accomplissons sa volonté. L’humilité manifeste véritablement notre amour pour Dieu, car elle nous tourne vers Lui et elle est le seul moyen pour parvenir à la gloire céleste. Le Christ nous attend en haut de l’échelle, prêt à nous accueillir en nous tendant la main ; à nous de la saisir. En cette veille de Pentecôte, prions l’Esprit-Saint de renouveler nos cœurs, de les ouvrir complétement à Dieu en nous tournant vers Lui.

 

Frère Claude
Prieur du Bec

Du silence : parles Seigneur, ton serviteur écoute