Écouter une parole du Bec en 2023 – S18

Dimanche 30 avril : 

     Dans cet avant-dernier chapitre de sa Règle, qui est aussi un chapitre de conclusion, saint Benoît nous donne un condensé de ce qui fait notre vie en nous rappelant un commandement qui doit englober tous les autres et pénétrer toute notre vie : c’est celui de l’amour. Et pour vivre de cet amour, il en décline ici les huit moyens : patience, respect, attention aux autres, prévenance… La crainte de Dieu doit être une crainte d’amour et non une crainte d’esclave. On pense à la première Épitre de saint Jean : « L’amour parfait bannit la crainte » (Jn. 4, 18). Et par-dessus tout, ne rien préférer au Christ, cette recommandation étant donnée de nouveau ici (cf. chapitre 4, v. 21), comme dans le chapitre des instruments des bonnes œuvres.

L’Évangile du Bon Pasteur de ce dimanche ne nous propose pas autre chose. Si nous écoutons la voix de Jésus, et si nous le suivons, il nous donnera la vie en abondance, sa Vie, car tel est bien son désir. Et de même qu’il a donné sa Vie pour ses brebis, il nous appelle à donner, nous aussi, notre vie par amour en suivant son chemin de mort et de résurrection qui mène à la vie en plénitude. Ce chemin passe par la vie quotidienne, souvent sans éclat, mais c’est notre fidélité qui en fait le prix.

Saint Benoit

CHAPITRE 73 : QU’EN CETTE RÈGLE, N’EST PAS CODIFIÉ L’OBSERVANCE DE TOUTE JUSTICE.

Lundi 1er mai :

Avec ce dernier chapitre, la Règle ne se referme pas ; au contraire, elle s’ouvre sur la vie véritable. Saint Benoît n’en fait pas non plus un absolu mais un moyen, parmi d’autres, pour tendre à la perfection chrétienne. S’il existe d’autres règles plus anciennes et d’autres maîtres spirituels, même celle de saint Benoît ne peut égaler, et surtout remplacer, la Parole de Dieu, l’Écriture Sainte, qui est le Chemin de Vie destiné à tous les chrétiens.

Par sa Règle, saint Benoît s’adresse à des débutants qui s’engagent sur le chemin de la perfection, et nous sommes tous et toujours des débutants en chemin, mais un chemin de vie inspiré par l’Esprit-Saint. Elle s’inscrit aussi dans toute la Tradition de l’Église. Elle n’est pas non plus un livre qu’on referme après l’avoir terminé, mais elle ne cesse pas de nous accompagner et de demeurer une référence tout au long du chemin que nous avons encore à parcourir.

Si la Règle nous met en route, c’est pour nous faire revenir vers le Seigneur. Elle sera accessible à celui qui veut devenir disciple du Seigneur Jésus. En la mettant en pratique, nous parviendrons, comme saint Benoît nous le promet à la fin de son chapitre : « aux sommets de vertu et de contemplation ».

 

 

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PROLOGUE :

Mardi 2 mai :

« Écouter l’invitation du maître, recueillir avec amour l’avertissement du Père qui nous aime », c’est entendre la voix du bon Pasteur ; c’est nous reconnaître parmi les brebis qui entendent la voix de leur berger. Et il s’établit entre elles et Lui, une relation de confiance et d’amour, une véritable connaissance du cœur.

« Moi, je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent » dit Jésus au chapitre 10 de saint Jean. Et cette connaissance du Pasteur par les brebis va en s’accroissant au fil du temps, depuis le premier appel auquel nous avons déjà répondu, et jusqu’à la fin ! Mais cette réponse à l’appel reçu implique aussi de renoncer à notre volonté propre et à une obéissance aimante et empressée, « fortes et glorieuses » comme nous le dit saint Benoît qui reprend cette invitation tout au long de sa Règle.

Mercredi 3 mai :

Saint Benoît nous appelle à ouvrir l’oreille de notre cœur, à écouter la voix du Père qui nous aime pour que nous revenions à Lui. Il insiste en nous exhortant à nous lever, à sortir de notre sommeil pour demeurer en éveil. Nous sommes toujours tentés de rester dans une certaine torpeur, de nous écouter au lieu d’entendre l’appel du Seigneur. Mais la Parole de Dieu nous réveille chaque matin, comme le serviteur d’Isaïe, dans le troisième chant. Elle nous pousse à entrer dans la vie nouvelle et véritable, à marcher dans la lumière de Pâques pour que la vie du Ressuscité se communique à nous et pour que nous la transmettions en témoins de notre fidélité à l’évangile.

Le pire serait d’endurcir nos cœurs. C’est un reproche que l’on entend dans la bouche du Seigneur qui traite souvent ses auditeurs de « cœurs endurcis et lents à croire. »

Le Seigneur nous appelle sans cesse à sortir de nous même pour rester fidèles à ce qui conditionne notre vie quotidienne : offices, prière, travail, services, en conciliant celui du Seigneur et ceux des frères. En témoignant par notre fidélité, nous témoignons aussi du Seigneur ressuscité. C’est notre responsabilité dans l’Église.

Jeudi 4 mai :

Le Seigneur s’adresse à chacun de nous, à celui qui désire la vie, Sa Vie, et qui aspire à voir des jours heureux. Il attend notre réponse et nous propose un programme que l’on trouvera dans le psaume 33 : « éviter le mal, faire le bien et rechercher la paix ».

Il nous faut être le serviteur dont parle Jésus dans l’Évangile, l’ouvrier recherché par le Seigneur et qui n’est pas au-dessus de son Maître, mais marche à sa suite. Jésus a été l’ouvrier travaillant à établir le Royaume de son Père en faisant sa volonté par son obéissance ; Il a ainsi inauguré la création nouvelle dans laquelle il veut faire entrer tous ceux qui marchent à sa suite en faisant sa volonté. Et il nous donne ainsi la preuve de son amour : « Voici que dans sa tendresse, le Seigneur nous montre le chemin de la vie ».

Marcher à la suite du Christ, c’est répondre à sa voix qui nous invite à le suivre. C’est la voix du Ressuscité qui dit à ses disciples : « C’est moi, n’ayez pas peur », celle qui appelle Marie-Madeleine par son nom ; c’est la voix de l’inconnu d’Emmaüs qui explique les Écritures aux deux pèlerins.

Vendredi 5 mai :

Après avoir répondu à l’appel du Seigneur qui veut nous donner la Vie véritable, il nous faut marcher sur le chemin où l’Évangile nous guide. Et le terme de ce chemin, c’est la Demeure du Seigneur, la Tente du Roi. Et lorsque l’on dit ‘’habiter la Demeure du Seigneur’’, cela veut dire ‘’demeurer avec Lui’’.

Dans l’Évangile de saint Jean, Thomas demande à Jésus : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ? (Jn. 14, 5) ». Jésus répond : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». C’est donc Jésus seul que nous devons suivre et il nous faut passer par Lui pour demeurer sous sa Tente. Et en accueillant sa Parole qui est la Vérité, en la mettant en pratique, nous obtiendrons sa Vie en plénitude. Dès maintenant, nous demeurons en son Amour, si nous gardons ses commandements.

Samedi 6 mai :

     Écouter les paroles du Seigneur et les mettre en œuvre, c’est fonder sa vie sur le Christ, car il est le Roc sur lequel nous pouvons nous appuyer en toute confiance. Et nous retrouvons ici la parabole de la maison bâtie sur le roc. Bien souvent dans le monde, et même dans la vie chrétienne, on bâtit sur le sable ; on s’appuie sur l’intérêt, sur les impressions, sur l’immédiat. Bâtir sa vie sur le Christ, sur sa Parole consiste à mettre en pratique tout ce qu’Il enseigne, c’est accomplir ses commandements dans la foi.

Au chapitre 14 de l’Évangile de saint Jean, Jésus recommande à ses disciples de croire en Lui : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». Sa force, c’est son union avec le Père, la relation d’amour qu’Il a avec Lui. Et croire en Jésus, c’est aussi glorifier le Père et obtenir la Vie qu’Il veut nous donner. Cela sera le fruit de notre fidélité de chaque jour.

 

 

Frère Claude
Prieur du Bec