Écouter une parole du Bec en 2023 – S13

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 46 : DE CEUX QUI COMMETTENT QUELQUE AUTRE FAUTE.

Dimanche 26 mars :

     Ce chapitre vient en complément des chapitres précédents, mais rejoint aussi, en quelque sorte, le chapitre 7 ‘’De l’humilité’’, car il traite de la reconnaissance des autres fautes. Il y a celles de la vie quotidienne, matérielle, concrète, et il y a celles de la vie intérieure, de l’âme.

Nous ne pouvons pas tout faire parfaitement, que ce soit dans le travail, dans les différents services, dans nos relations réciproques ou dans les différents aspects de la vie quotidienne, et nous ne pouvons pas donner une image impeccable de nous-mêmes. Il nous faut savoir le reconnaître devant les autres et avoir une indulgence réciproque. L’humilité passe dans ces échecs et leur acceptation.

Dans tous les cas, saint Benoît nous rappelle que nous sommes tous faillibles et que nous n’agissons pas avec la perfection que nous croyons ou que nous voudrions ! C’est donc un rappel à l’humilité, comme à reconnaître nos faiblesses comme nos fautes, et à avoir, les uns pour les autres, un regard de miséricorde. Sachant que nous pouvons nous-même commettre des écarts, nous n’avons pas à condamner ceux des autres ; la charité et la miséricorde sont préférables au jugement et à la condamnation.CHAPITRE 47 : DU SIGNAL DE L’ŒUVRE DE DIEU.

Lundi 27 mars :

Deux points sont à relever dans ce chapitre :

D’abord l’annonce des offices qui sont l’œuvre de Dieu. Ils rythment la journée à des heures régulières, et lorsque le signal de l’office est donné, on laisse toutes ses activités pour se rassembler et célébrer ensemble l’office. Même si nous avons deux fois par an un changement d’heure en fonction des saisons, nous n’avons plus la difficulté des anciens pour faire coïncider les heures des offices et des repas avec la position du soleil pour ceux du jour, et la position des étoiles pour les offices de nuit. Aujourd’hui, nous avons des heures précises qu’il nous faut respecter. C’est l’occasion de sanctifier le temps donné par Dieu, et cela en communauté et en union avec toute l’Église.

Ensuite, il est question des fonctions à remplir pendant ces mêmes offices. Ces fonctions, comme les lectures ou le chant, supposent plusieurs qualités grâce auxquels les assistants peuvent être édifiés. Ces fonctions ne peuvent s’exercer que dans l’obéissance à l’abbé ; c’est un service pour Dieu et toute la communauté.

Saint Benoît insiste ensuite sur les qualités requises pour accomplir des fonctions particulières au cours de l’office. Il faut une certaine compétence pour les lectures ou le chant en soliste, afin de pouvoir édifier les participants, autrement dit les aider pour la prière. Nous n’avons pas à nous donner en spectacle ; la preuve en est qu’il faut avoir ces autres qualités décrites dans ce chapitre : « l’humilité , la gravité et le saisissement de l’âme » avec le don à Dieu sans retour, le tout dans l’obéissance. Nous sommes en présence de Dieu, devant qui nous éprouvons une crainte pleine de respect.

Si saint Benoît précise ici le rôle de ceux qui sont mandatés par l’abbé pour lire ou entonner les chants, il va sans dire que tous nous devons chanter et manifester ainsi que nous formons une seule communauté habitée par l’Esprit-Saint.

CHAPITRE 48 : DU TRAVAIL MANUEL QUOTIDIEN.

Mardi 28 mars :

     Les moines orientaux d’Egypte et de Palestine avaient déjà inscrit dans leurs règles une place au travail manuel, mais c’est saint Benoît, le premier, qui lui a reconnu sa valeur proprement monastique. Dans ce chapitre, il montre que toute notre vie quotidienne, structurée par les différents offices, est rythmée par une alternance entre la lecture et le travail manuel. La lecture de la Parole de Dieu, la ‘’Lectio Divina’’, est importante, si non nécessaire, car elle nourrit le cœur et l’esprit en irrigant l’ensemble de nos journées.

Saint Benoît propose une répartition des activités correspondant à son époque. Si elle est plus difficile à suivre telle quelle aujourd’hui, son principe reste pourtant le même. Il peut être très prenant selon les circonstances et les moments de l’année, comme par exemple de faire les récoltes en été, mais il est vital pour la communauté.

En l’incorporant dans la journée monastique, mais encadré, et même ‘’inspiré’’ par la lecture divine, saint Benoît propose un équilibre de vie et le travail est ainsi devenu une tradition de la vie monastique.

Mercredi 29 mars :

     Après avoir présenté l’équilibre à garder entre lectio et travail manuel, saint Benoît insiste sur la période de l’hiver et plus spécialement sur le temps du Carême où un effort plus important est fait pour la lecture. On se rappelle la parole du Deutéronome citée par Jésus dans le récit de la Tentation : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt. 8, 3) ». Nous devons nous nourrir du pain de la Parole pour pouvoir continuer notre marche à la suite du Christ qui monte vers Jérusalem où il s’offrira à son Père.

C’est le moment de persévérer dans notre effort de Carême en évitant dispersion et oubli, pertes de temps et distractions inutiles afin de nous consacrer davantage à la lecture, à la prière et à l’étude.

Jeudi 30 mars :

     La fin de ce chapitre sur le travail manuel quotidien est consacrée au dimanche. C’est le jour du Seigneur, jour où l’on ne travaille pas pour se consacrer au service et à l’écoute du Seigneur, dans la célébration de la liturgie et la lecture, mis à part les services nécessaires à la vie communautaire.

Saint Benoît prévoit seulement un travail ou une occupation pour les frères malades ou faibles, ce qui peut paraître paradoxal, car ce sont ceux-là même que l’on verrait dispensés de travailler. Mais en fait, il s’agit plutôt d’une occupation, proportionnée à leurs forces, pour leur éviter l’oisiveté, ce qui pourrait devenir pour eux, source de tristesse ou d’acédie. Saint Benoît le rappelle au début de ce chapitre : « L’absence de labeur est ennemie de l’âme ». Mais il est aussi attentif à leur fragilité, et il respecte leur faiblesse, aussi, ne faut-il pas les accabler par une tâche trop lourde. Par contre, pour les autres frères, c’est la lecture qui est recommandée ; lecture de la Parole de Dieu ou de tout ce qui peut aider à entrer dans la contemplation de son mystère.

C’est bien le commandement de l’amour qui doit être vécu le dimanche ; amour de Dieu et du prochain. Il est donc consacré au service du Seigneur comme à celui des frères, surtout les malades.

CHAPITRE 49 : DE L’OBSERVANCE DU CARÊME.

Vendredi 31 mars :

Nous sommes à la fin du Carême où saint Benoît nous a appelé à faire disparaître toutes les distractions des autres temps. Poursuivons notre marche à la suite du Christ qui va entrer à Jérusalem, et avec nous dans la Semaine Sainte pour nous préparer, en Église, à célébrer le mystère pascal, la mort et la Résurrection de Jésus.

La Règle fait souvent référence à Pâques qui l’est aussi dans plusieurs aspects de notre vie de moine et de chrétien : l’office divin est organisé à partir de la fête de Pâques, qu’il s’agisse du rythme hebdomadaire ou du rythme annuel. Les services courants comme la cuisine, les repas ou les divers travaux y font également référence dans leur organisation.

A l’approche de la Semaine Sainte et de Pâques, poursuivons notre effort et continuons de faire disparaître nos négligences habituelles. Ensemble, gardons nos engagements de Carême dans le silence, la prière et la charité fraternelle, car le Carême est un temps de préparation, d’attente et de renouvellement. Et l’ascèse proposée a pour but de creuser en nous ce désir de nous attacher plus fortement au Christ vainqueur de toutes nos morts.

 

CHAPITRE 50 : DES FRÈRES QUI TRAVAILLENT LOIN DE L’ORATOIRE OU SONT EN VOYAGE.

Samedi 1er avril :

Saint Benoît nous rappelle ici que la prière, et particulièrement celle de l’office, est une dimension essentielle de notre engagement à la suite du Seigneur. Nous lui avons offert notre vie, c’est la raison pour laquelle nous devons Lui rendre hommage par notre prière, et l’office divin est bien cette expression de notre prière au nom de toute l’Église devant la quelle nous avons prononcé nos vœux. Et ce service de la prière ne doit pas passer inaperçu lorsque nous sommes éloignés du monastère.

Il est ici question de sorties qui se présentent normalement pour des nécessités qui peuvent être variées. Encore faut-il en évaluer les raisons et cela se fait généralement en dialogue avec l’abbé, donc dans l’obéissance. Dans ce cas, si nous nous trouvons loin du monastère, nous demeurons quand même unis à la communauté et la sortie n’est pas une fuite. Le lien avec la communauté se manifeste par la participation, là où on se trouve, avec la prière qu’elle récite. Mais ce ne sera pas forcément la récitation intégrale de l’office, au moment même où il se célèbre. Ce sera, en fonction des circonstances et du lieu, un temps de prière reprenant l’office du moment ou qui s’en rapprochera, à l’heure où ce sera possible. Même si l’absence est longue, on reste membre de la communauté des frères.

 

Frère Claude
Prieur du Bec