Écouter une parole du Bec en 2022 – S5

Dimanche 30 janvier :

Dans ce second degré d’humilité, le Seigneur nous dit : «Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé». Et nous prions ensemble, ou nous entendons dire par le supérieur, plusieurs fois par jour, dans le Notre Père : «Que Ta volonté soit faite». Saint Benoît nous rappelle aussi : «Que notre cœur soit accordé à nos paroles». En restant accordé à Jésus qui est venu faire la volonté de son Père, nous serons nous-mêmes accordés à cette volonté. Et la volonté du Père est de nous donner la vie, une vie pleine, sa Vie divine.

Notre désir est-il vraiment en accord avec celui de Dieu ? Voulons-nous vraiment accueillir le don de la vie qu’il veut nous faire ? Voulons-nous vivre pleinement, et pas seulement survivre? Au Prologue de sa Règle, saint Benoît écrit : «Et le Seigneur insiste encore : Quel est l’homme qui veut la vie, et aspire à voir des jours heureux ? Si tu réponds ‘’Moi !’’ […] Voici que dans sa tendresse, le Seigneur nous montre lui-même la voie de la vie.»

respecter les temps réservés au silence et à la prière, temps d’écoute et de communion avec Dieu et avec nos frères.

Humilité

Lundi 31 janvier :

« Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort » nous dit saint Benoît dans ce troisième degré d’humilité en parlant de celui qui, « pour l’amour de Dieu, se place sous un supérieur en totale obéissance afin d’imiter le Seigneur ». Le chemin de l’obéissance jusqu’à la mort a été pour le Christ chemin de résurrection, de vie. Obéir, c’est écouter, et c’est souvent dans les moments d’extrême pauvreté, d’abandon de nos repères habituels ou de nos sécurités, que nous serons davantage ‘’écoutant’’ ; dans la suffisance nos oreilles risquent de rester bouchées ! Écouter ce que l’Esprit-Saint nous dit, car l’Esprit est vie. Vivons pleinement nos pauvretés.

 

Mardi 1er février :

Père Claude reprend, à partir de ce matin, ses commentaires de la Règle :

Ce quatrième degré d’humilité est une invitation à la patience : patience dans des circonstances dures et rebutantes, ou même des injustices blessantes dans lesquelles saint Benoît nous demande de garder la paix. Il ne s’agit pas de souffrir – c’est le sens du mot ‘’patience’’ – de souffrir pour souffrir, ce qui serait malsain et même pathologique. Mais s’il faut supporter les épreuves, c’est pour être uni au Christ qui a souffert pour nous, pour nous obtenir de vivre avec lui. C’est un chemin à parcourir, un passage vers la vie vraie.

Et le moyen de persévérer dans la paix est de méditer la Parole de Dieu. Ce quatrième degré nous offre un florilège de citations bibliques. La force de la Parole de Dieu est un puissant soutien en  nous offrant de nombreux exemples de patience : prières de souffrants, de persécutés que l’on trouve dans les psaumes ou chez les prophètes, tribulations subies par l’apôtre Paul, et surtout, l’exemple de Jésus donné par ses paroles, par sa vie et dans sa Passion.

Vécue avec le Christ, cette souffrance acceptée dans la patience et l’humilité, conduit à la victoire, celle du Christ qui souffre avec nous.

 

Mercredi 2 février, solennité de la Présentation :

En ce jour où nous fêtons la Présentation de Jésus au Temple, nous pouvons y voir une fête des humbles. Tous les acteurs de cet évènement sont des humbles, attentifs aux appels divins.

Ce sont d’abord Marie et Joseph qui se soumettent à la Loi de Moïse mais qui, au-delà de cette observance, sont les intermédiaires d’une révélation qui les dépasse : la manifestation de Jésus comme Sauveur du monde.

Ce sont ensuite Syméon et Anne, deux vieillards qui représentent l’attente d’Israël et qui, à eux seuls, rassemblent le petit reste d’Israël, humble et pauvre dont parlaient les prophètes, et qui est dans l’attente de la venue du Messie.

Enfin Jésus qui, par la démarche de ses parents, se soumet aussi à la Loi. Par la prophétie de Syméon et les paroles d’Anne, la veuve fidèle, il est reconnu comme la gloire d’Israël et la lumière des nations, mais au prix de son obéissance au Père. Déjà, en effet, est évoquée la mission de Jésus : sauver tous les hommes grâce à l’offrande de sa vie. Entrons dans cette fête avec un cœur humble, ouvert à la volonté de Dieu et selon l’humilité dont parle le chapitre la Règle lu ces jours-ci.

 

Jeudi 3 février :

Le sixième degré d’humilité semble aller à l’encontre des aspirations humaines les plus légitimes, comme l’épanouissement de la personne. Or saint Benoît propose ici l’acceptation des abaissements extrêmes et la reconnaissance de son inutilité. Humainement, une telle attitude peut paraître révoltante, mais il faut la regarder avec les yeux de la foi et reconnaître, comme chez les prophètes et le psalmiste, que même au plus profond de la détresse, Dieu accompagne son serviteur ; il est présent. Notre assurance vient de ce que Jésus a connu l’anéantissement, le creux de la souffrance jusqu’à la mort. Mais il a gardé confiance en son Père, en sa présence et en son appui. Rappelons-nous le psaume 21 qui commence par ce cri de détresse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Mais il se termine par un chant de louange et de confiance ; il est traversé par un mouvement pascal, le passage de la mort à la vie.

C’est le mouvement de l’humilité : abandon de soi à Dieu et résurrection avec le Christ.

 

Vendredi 4 février :

Ce septième degré d’humilité nous ramène au Christ ; il est l’humble par excellence et cela, de deux manières, comme le montrent les citations de psaumes que Jésus à faits siens.

La dernière citation vient du psaume 118 : « Il est bon que tu m’aies humilié, afin que j’apprenne ta Loi ». Jésus se situe dans une relation d’obéissance à son Père ; il est le Fils, et il vient réaliser l’œuvre que le Père lui a demandée. Il accomplit la Loi ; il la fait sienne et il nous invite à faire de même.

Son obéissance va encore plus loin car il accepte d’être humilié de la main des hommes. Les deux autres psaumes cités sont des psaumes que la liturgie propose le Vendredi Saint : les psaumes 21 et 87. Jésus a vraiment vécu l’humilité jusqu’à la dernière extrémité. C’est une invitation pour nous à reconnaître notre pauvreté, nos limites, en toute sincérité et vérité, et non pour être bien vus des hommes.

Nous avons dans l’évangile d’aujourd’hui : la mort de Jean-Baptiste (Mc. 6, 14-29), un bel exemple d’humilité avec le Précurseur qui, par fidélité à la Loi et par son effacement devant celui qu’il reconnaissait comme plus grand que lui, a donné sa vie comme le fera plus tard Jésus.

 

Samedi 5 février :

Le huitième degré d’humilité insiste sur l’appartenance de chacun à sa communauté. Nous sommes membres d’un corps, le corps de l’Église bien sûr, mais aussi le corps que constitue la communauté. C’est ce que rappelle le vœu de stabilité que nous avons prononcé lors de notre profession et qui nous engage à nous mettre au service de la communauté.

La singularité se trouve exclue, ce qui n’empêche pas d’avoir des compétences, des talents. Mais nous ne les exercerons pas pour nous-mêmes, à seule fin de nous mettre en valeur ; ces capacités seront mises au service de toute la communauté.

De même, nous ne pouvons pas nous affranchir de la Règle, ni des usages du monastère s’ils ont fait leur preuve. Et s’il faut changer certaines choses, ou les améliorer, ceci se décidera en communauté, pour le bien de l’ensemble, et dans l’obéissance. Nous rejoignons là d’autres chapitres de la Règle. Encore une fois, la Règle n’est pas un rouleau compresseur qui écraserai les personnalités ; elle invite au contraire, chacun à être membre de la communauté et à se donner au Christ dans l’obéissance à l’Esprit-Saint qui réalise l’unité dans le respect et la charité de chacun.