Dimanche 2 octobre :
Pour ce quatrième degré d’humilité, saint Benoît recommande la patience et la persévérance quand le moine est affronté à des circonstances dures et rebutantes. Mais il ne se découragera pas s’il met sa confiance en Dieu.
Pour appuyer son propos, saint Benoît cite plusieurs textes de l’Écriture, notamment des psaumes en faisant allusion aussi au Sermon sur la montagne et à saint Paul. Les psaumes expriment souvent la prière de pauvres accablés par la souffrance, l’injustice, la persécution. Celle du psaume 43 par exemple : « A cause de toi, nous sommes condamnés à mourir tout le jour, traités comme moutons d’abattoir » peut être rapproché du quatrième chant du Serviteur au livre du prophète Isaïe où l’on voit que le Serviteur, accablé par les péchés de la multitude et muet comme une brebis conduite devant les tondeurs, est condamné à mourir.
Ce texte annonce la Passion de Jésus, l’innocent persécuté et mis à mort pour nous sauver. Donc, à travers toutes ces citations, nous pouvons voir que c’est Jésus qui est en butte aux outrages, au supplice de la croix jusqu’à livrer sa vie pour nous. Par l’humilité, ou plutôt par les humiliations supportées avec patience, le moine – comme tout chrétien – se rapproche de Jésus qui a connu la souffrance et qui l’a supporté avec patience. Son exemple doit nous stimuler dans notre quotidien.Lundi 3 octobre :
On retrouve ici le cinquantième des instruments des bonnes œuvres (Chap. 4 de la RB.) : « Briser immédiatement contre le Christ les mauvaises pensées qui viennent au cœur, et les découvrir au père spirituel ». Nous pouvons tous avoir de mauvaises pensées de toutes sortes : jalousie, rancune, orgueil, convoitise, découragement, etc. Elles obscurcissent le cœur et font la guerre à l’âme, comme le remarque saint Jacques, et si nous les laissons prendre de l’ampleur, elles empêcheront notre croissance spirituelle en empoisonnant le cœur et tariront notre vie, notre paix et notre joie spirituelle. C’est pourquoi, par l’ouverture du cœur au père spirituel, il faut les reconnaître et les avouer pour laisser à nouveau jaillir la source de la grâce en nous afin qu’elle puisse féconder toute notre existence. Les fruits de l’Esprit-Saint pourront alors de répandre et se développer dans nos cœurs.
Les citations des psaumes proposées par saint Benoît nous situent dans la juste attitude d’humilité et de confiance en Dieu qui écoute notre aveu dans son cœur de Père miséricordieux.
Mardi 4 octobre :
Avec ce sixième degré d’humilité, on s’enfonce encore un peu plus dans l’abaissement et cette situation requiert la foi en la Présence de Dieu. S’accepter comme inutile pourrait susciter de la révolte, de l’incompréhension, de l’indignation ou du découragement ! Mais avec la confiance en la Présence divine, nous pouvons traverser ces moments difficiles en union avec le Christ qui s’est anéanti lui-même, se livrant jusqu’à mourir par amour pour nous.
Ces traversées de vide, de découragement et d’accablement sont l’occasion de nous offrir, par amour pour Dieu, à sa miséricorde qui demeure toujours présente malgré une absence apparente.
Mercredi 5 octobre :
Ce septième degré d’humilité, lui aussi, peut sembler scandaleux aux yeux du monde car il est le contraire d’un idéal humain pour nos contemporains. Alors que dans le monde, on cherche à s’affirmer, à briller, ici saint Benoît propose de se mettre au dernier rang, de se reconnaître nul, non par une fausse modestie, mais réellement. Et pour justifier son propos, il cite le psaume 21 : « Je suis un ver, et non un homme, la honte des hommes et le rebut du peuple. »
Mais ce psaume 21, comme le 87 qui suit, est un psaume de la Passion, un psaume dans lequel nous reconnaissons la voix de Jésus persécuté, bafoué, flagellé, portant sa croix et mourant sur le calvaire après avoir été rejeté et condamné par les hommes.
Ce faisant, saint Benoît nous propose ce chemin d’humilité qui l’assimile et l’associe au Christ souffrant. Ces situations de souffrance, d’abandon, d’humiliation que le moine, comme tout chrétien, peut connaitre sont une école de patience dans la confiance, et nous permettent de marcher à la suite du Christ. Elles font mourir en nous le vieil homme pour que nous puissions renaître à la vie nouvelle en ressuscitant avec le Christ.
Jeudi 6 octobre :
Dans ce huitième degré, l’humilité consiste à accepter de faire partie d’un corps, ici le corps de la communauté, elle-même dans le corps de l’Église qui est le Corps du Christ. Cela n’empêche pas la liberté, mais cette liberté est mise au service de la communauté.
L’humilité est ici l’alliée de l’obéissance, et le moine suit la Règle sans chercher à se distinguer. Les anciens ont aussi laissé un témoignage, celui d’une vie donnée au Christ et à leurs frères. C’est pourquoi, nous pouvons suivre leurs exemples. Nous nous inscrivons donc dans une tradition qui nous renvoie toujours au Christ ; car avant tout, c’est Lui que nous servons à partir d’une tradition et dans une communauté.
Vendredi 7 octobre :
La recommandation de saint Benoît dans ce neuvième degré d’humilité n’est pas nouvelle ; elle rejoint en particulier le chapitre 6 de la Règle sur le silence, silence qui est en effet très lié à l’humilité. L’excès de parole comporte toujours des risques : d’abord il est nuisible au recueillement, au silence intérieur qui permet d’être attentif à Dieu. Il est aussi cause de dispersion. Ensuite, on peut pêcher par la langue car, à force de parler, on peut blesser, faire du tort à d’autres par des médisances ou pire des calomnies inconsidérées. Des paroles trop rapides peuvent se répandre sans qu’on les maîtrise et faire beaucoup de mal.
Cette mise en garde se retrouve souvent dans les Écritures, comme ici dans les Proverbes ou les Psaumes, mais aussi dans les Épitres de Paul ou de Jacques. Le silence favorise donc l’écoute, la prière intérieure, l’attention à Dieu, mais aussi le respect des autres et la charité, donc la paix dans la Maison de Dieu.
Samedi 8 octobre :
En lisant ce dixième degré d’humilité, on pourrait croire que saint Benoît recommande aux moines de ne jamais rire et de garder en permanence un air grave, sérieux ! Mais le rire qui est visé ici est plutôt le rire superficiel, explosif et déclenché sans motif raisonnable. Il peut aussi tomber dans la dérision, la raillerie ou le sarcasme, et dans ce cas, il devient blessant.
Ce qui est compatible avec notre vie de moine et de chrétien, c’est la joie, la vraie joie, celle qui vient du don de soi à Celui qui vient nous sauver, le Christ Jésus. Ainsi, saint Benoît nous dit à propos du Carême, d’attendre la Sainte Pâque avec la joie du désir spirituel. Cette joie vient de notre vie vécue dans la Présence de Dieu, dans la foi en Jésus ressuscité ; elle vient de la victoire de la Vie sur la mort, Vie éternelle vers laquelle nous tendons tous.