Écouter une parole du Bec en 2022 – S35

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 70 : QUE NUL NE SE PERMETTE D’EN FRAPPER D’AUTRES.

Dimanche 28 août :

De même que saint Benoît interdit de défendre un frère, il interdit également d’en corriger un autre de son propre chef. Seul l’abbé en a l’autorité, ou donner l’ordre de le faire ; encore le fera-t-il avec discernement et dans la plus grande charité.

Nous ne sommes pas supérieurs aux autres car nous sommes tous faillibles. Aussi, lorsqu’il faut pratiquer la correction fraternelle, que ce soit toujours avec charité et humilité ; jamais sous le coup de la colère, ni avec violence. Nous devons toujours nous placer devant le Christ qui est le plus humble de tous et qui nous donne l’exemple de la miséricorde, du pardon et de l’humilité. En nous inspirant de Lui, nous aurons cette attitude de miséricorde les uns envers les autres.CHAPITRE 71 : QU’ILS SOIENT OBÉISSANTS ENTRE EUX.

Lundi 29 août :

Il a déjà été question de l’obéissance dans la Règle : d’abord au Prologue, puis au chapitre 5, et encore dans le chapitre de l’humilité avec laquelle elle est associée. Pour suivre le Christ, c’est le chemin qu’il faut emprunter. Jésus lui-même, en faisant toute la volonté du Père, est le parfait obéissant. Et son amour total le conduira jusqu’à la croix.

Pour nous, comme pour tout disciple du Christ, l’obéissance consiste à abandonner sa volonté propre pour accomplir les ordres qui nous sont donnés, pour suivre la Règle dont les exigences sont une mise en œuvre de l’Évangile. Et s’il y a une hiérarchie dans l’obéissance, obéissance d’abord au supérieur avant celle due aux frères, celle-ci prend la forme de l’obéissance fraternelle ; c’est une des formes de la charité. Elle consiste en une attention et un respect des autres, car l’obéissance dans l’empressement de la charité doit pénétrer toute notre vie, toutes nos relations. C’est sur ce fondement solide que peut s’édifier notre vie communautaire.

CHAPITRE 72 : DU BON ZÈLE QUE DOIVENT AVOIR LES FRÈRES.

Mardi 30 août :

Dans ce premier chapitre de conclusion de la Règle, saint Benoît résume en un mot ce qui doit animer toute la vie d’un moine, c’est l’amour. Notre vie doit brûler de charité et c’est tout le contraire de la jalousie amère qui empoisonne le cœur et rend malheureux car on ramène tout à soi.

Cette bonne jalousie, ou bon zèle, est détaillée en huit qualités : respect, patience, obéissance mutuelle, oubli de soi et attention à l’autre, charité fraternelle, amour de Dieu, charité envers l’abbé et préférence pour le Christ. Toutes ces qualités ont été développées dans la Règle, et le précepte de ne rien préféré à l’amour du Christ a souvent été cité.

La pratique de toutes ces qualités qui résument l’ensemble de la Règle, dilate le cœur, même si nous pouvons avoir des défaillances ou des échecs. La charité est le vrai et le seul chemin du bonheur promis par le Christ.

 

CHAPITRE 73 : QU’EN CETTE RÈGLE, N’EST PAS CODIFIÉE

L’OBSERVANCE DE TOUTE JUSTICE.

Mercredi 31 août :

Dans ce dernier chapitre de la Règle, un épilogue qui est comme le pendant du Prologue, saint Benoît ouvre des perspectives. Il n’a pas eu la prétention de vouloir tout dire en faisant de sa Règle un absolu. Ce n’est pas non plus la charte d’une société secrète ou d’une secte, mais il s’est adressé à quiconque veut suivre le Christ et si sa Règle est inspirée de l’Évangile, elle n’est pas la seule, car il y a eu, avant lui, d’autres maîtres spirituels qui, eux aussi, appartenant à l’Église, proposent des chemins de perfection, des mises en œuvre de l’Évangile pour marcher à la suite du Christ et tendre au bonheur véritable.

Saint Benoît propose un chemin ouvert à tous ceux qui veulent suivre le Christ, car c’est bien tout chrétien qui est appelé à être son disciple, qui est appelé à entrer dans la Patrie céleste. On comprend dès lors pourquoi la Règle n’est pas réservée aux seuls moines, mais peut devenir un chemin de conversion pour des chrétiens de toute condition.

3/3

PROLOGUE.

Jeudi 1er septembre :

Pour la troisième fois cette année, nous recommençons la lecture de la Règle, et sans compter le nombre de lectures que nous en avons faites depuis notre entrée en vie monastique !

Ce début du Prologue pourrait se rapprocher de l’Évangile de ce jour : le récit par saint Luc de la pêche miraculeuse et l’appel des premiers disciples (Luc 5, 1-11). Sans forcer la comparaison au risque de la rendre superficielle, on peut suggérer quelques points communs :

Le plus évident est que dans le Prologue, comme dans cet Évangile, le Seigneur adresse un appel à renoncer à soi-même pour suivre et servir le vrai Roi, le Seigneur Jésus-Christ chez saint Benoît, appel des premiers disciples par Jésus dans l’Évangile de Luc. Dans les deux cas, nous sommes dans les commencements : le début de l’annonce du Royaume de Dieu par Jésus qui pour cela cherche des disciples. C’est l’engagement d’une vie au service du vrai Roi, donc la participation à l’établissement du Règne de Dieu pour le moine. On remarque aussi que celui qui est appelé se reconnait pécheur. La désobéissance a été cause d’éloignement de Dieu et le refus de répondre à l’appel peut provoquer son courroux, d’où l’exhortation de saint Benoît à choisir l’obéissance. Et dans l’Évangile, Pierre le pêcheur se reconnaît pécheur devant le signe qui vient d’être accompli par Jésus.

Enfin, on peut signaler l’appel à la confiance qui apparaît dès le début du Prologue, mais encore plus nettement par la suite. Et Jésus dit à Pierre : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes vivants que tu prendras ». Ainsi, tant dans l’Évangile que dans le Prologue, c’est Jésus qui nous appelle à le suivre et à mettre en Lui notre confiance malgré notre péché.

Vendredi 2 septembre, anniversaire de la Dédicace de la cathédrale d’Évreux :

L’appel du Seigneur à l’écouter, à suivre le Christ, le vrai Roi, jusqu’à la gloire, devient maintenant plus insistant chez saint Benoît. Il y a urgence ; plus de temps à perdre ; il faut sortir de sa torpeur et écouter l’appel du Seigneur pour notre conversion, à marcher dans la lumière, car la mort nous menace. C’est un appel adressé à chacun, comme à tous, car nous ne sommes pas seuls.

« Que celui qui a des oreilles, entende ce que l’Esprit dit aux Églises ». La mention des Églises nous rappelle que nous appartenons à un ensemble, à une communauté qui dépasse les limites concrètes de la communauté à laquelle nous appartenons. Et la fête de la Dédicace de la cathédrale de notre diocèse nous replace dans cette communion ecclésiale. Nous participons, selon notre vocation propre, mais complémentaire des autres vocations, à la vie de l’Église diocésaine, elle-même insérée dans l’Église universelle. Et c’est toute l’Église qui est en marche vers la vie éternelle ; nous participons à l’avènement de Royaume des Cieux.

Samedi 3 septembre :

Le Seigneur désire nous donner la vie et le bonheur, la vie vraie et éternelle. Pour cela, il cherche un ouvrier qui aspire à voir des jours heureux. Or, s’il cherche un ouvrier, c’est pour un travail et ce travail c’est le labeur de l’obéissance indiqué dès les premiers mots du Prologue où le travail à accomplir est décrit dans les citations du psaume 33 : se détourner du mal, faire le bien, rechercher la paix. C’est aller à contre-courant de la vie dans le monde, vie facile où l’on cède à ses penchants mauvais, à l’égoïsme d’où découlent : jalousies, querelles, médisances, divisions.

Mais à l’ouvrier qui s’adonne au labeur de l’obéissance, Dieu promet sa présence, il exauce sa prière. Ce chemin de l’obéissance nous est montré par le parfait ouvrier qui a répondu à cet appel : Jésus. Il a accompli la volonté de son Père dont il partage la vie en plénitude.

C’est ce chemin que nous avons à suivre chaque jour, chemin pascal qui, bien souvent, ne présente rien d’extraordinaire ni d’héroïque. Mais c’est une fidélité qu’il nous faut reprendre jour après jour, dans tous les actes ordinaires de nos vies.