CHAPITRE 19 : DE LA DISCIPLINE DU CHANT.
Dimanche 26 juin :
Saint Benoît rappelle ici quelle doit être notre attitude à l’office divin pour lequel il en détaille la composition. Mais il ne suffit pas de chanter les psaumes et tout ce qui compose les offices comme une tâche dont il faudrait s’acquitter pour être en règle. A l’église, mais aussi dans tout notre quotidien, nous sommes en présence de Dieu ; c’est lui que nous servons, que nous adorons, à qui nous rendons gloire. La foi en sa présence commande notre attitude dans la prière.
Saint Benoît détaille cette attitude avec trois citations de psaumes :
- D’abord le psaume 2, 1 : « Servez le Seigneur dans la crainte », autrement dit avec respect. C’est ouvrir tout notre être, cœur, corps et esprit à la contemplation ; c’est nous laisser saisir par Dieu qui veut nous donner sa vie.
- Ensuite le psaume 46, 8 : « Chantez en adoration », avec intelligence et sagesse. Il nous faut comprendre ce que nous disons. On voit ici le lien avec la lecture spirituelle, l’étude, la lectio Divina qui nous fait entrer dans le sens des Écritures, de la Parole de Dieu, car les psaumes sont Parole de Dieu.
- Enfin le psaume 137, 1 : « Je te chanterai en présence des anges ». Lorsque nous célébrons l’office, nous sommes aussi unis à l’Église du ciel. Nous le sommes déjà avec celle de la terre, avec tous les fidèles, comme avec d’autres communautés et tous ceux qui comptent sur notre prière, comme nous aussi nous nous appuyons sur celle des autres, car dans la célébration liturgique nous ne sommes jamais seuls, il y a toujours communion entre le ciel et la terre. Rappelons-nous l’échelle de Jacob qui relie la terre au ciel et sur laquelle des anges montent et descendent (cf. chap. 7 de l’humilité).
CHAPITRE 20 : DE LA RÉVÉRENCE DANS LA PRIÈRE.
Lundi 27 juin :
Pour couronner l’ensemble de l’organisation de l’office, saint Benoît rappelle quelle doit être notre attitude pendant la prière. Au chapitre précédent, il demandait déjà qu’il y ait correspondance entre nos paroles et notre cœur pourque ce que nous chantons soit vraiment sincère.
Nous le retrouvons ici dans la sincérité du cœur demandée par saint Benoît : avoir le cœur humble devant la grandeur et la sainteté de Dieu ; avoir un cœur pur totalement donné à Dieu et contrit à cause de la conscience de son péché. Ces dispositions du cœur se retrouvent dans nos prières chantées et particulièrement dans les psaumes. Notre prière sera vraie si notre cœur profond correspond à ce que nous exprimons.
Et en même temps, ces paroles que nous disons et chantons pénètrent nos cœurs et les façonnent intérieurement car elles sont la Parole de Dieu, inspirée par l’Esprit Saint. C’est pourquoi elles continuent de retentir en nous après l’office. C’est du moins ce à quoi nous exhorte saint Benoît et vers quoi nous devons tendre. On voit ici l’importance du silence et du recueillement, évidemment pendant l’office, mais aussi pendant sa préparation et dans son prolongement ; avant et après toutes nos célébrations, ce que nous oublions si facilement.
CHAPITRE 21 : DES DOYENS DU MONASTÈRE.
Mardi 28 juin :
Dans ce chapitre, saint Benoît prévoit que, lorsque la communauté est nombreuse, l’abbé pourra choisir des doyens pour le seconder dans sa charge (littéralement : « afin de pouvoir partager avec eux le poids de sa charge »).
Ils seront choisis, non pour leur compétence, mais à cause de leurs vertus monastiques. Qu’ils soient bons et vivent selon Dieu ; qu’ils gardent l’humilité et soient capables d’enseigner avec justice ; qu’ils soient des guides pour leurs frères dans la voie de l’amour et de l’humilité. C’est par cette humilité et cette ouverture à la grâce que Dieu peut venir habiter en nous.
CHAPITRE 22 : COMMENT DORMENT LES MOINES.
Mercredi 29 juin, solennité des saints Pierre et Paul :
Le temps du sommeil et de la nuit est présenté ici comme une continuité avec le jour et non comme une rupture. Même si les conditions actuelles ne sont plus les mêmes qu’au temps de saint Benoît, notamment avec les cellules individuelles qui ont remplacées le dortoir, la nuit apparaît comme un temps d’attente, un temps de veille, comme dit le Cantique des Cantiques : « Je dors mais mon cœur veille ».
Certains détails rappellent cette vigilance : la lampe qui brûle dans le dortoir (cf. la parabole des dix jeunes filles), la ceinture aux reins qui rappelle la première pâque célébrée en Égypte, la disponibilité pour l’œuvre de Dieu… On peut aussi penser à l’apôtre Pierre, fêté aujourd’hui, réveillé et libéré de sa prison par l’ange qui lui dit : « Mets ta ceinture et chausse tes sandales » (Act. 12, 8).
Ce chapitre prolonge en quelque sorte ceux sur l’office en développant l’attitude qu’il faut garder en dehors de l’office, notamment pendant la nuit. Il de doit pas y avoir de rupture entre la prière et les autres activités, même pendant le repos, la nuit étant un rappel de la nuit pascale.
CHAPITRE 23 : DE L’EXCOMMUNICATION POUR LES COULPES.
Jeudi 30 juin :
De ce chapitre, le premier de l’ensemble qui traite de l’excommunication, on peut retenir deux points :
D’abord l’excommunication – on pourrait dire l’exclusion – est le fait de celui-là même qui est en cause, plutôt qu’un châtiment imposé par le supérieur ou la communauté, car le coupable peut, par son attitude critique ou murmuratrice s’en séparer. En effet, il la juge en se croyant meilleur que tous les autres. Nous même pouvons connaître des moments où nous sommes tentés par cette attitude ; il nous faut alors écouter les appels à l’humilité et à la réconciliation.
Ensuite, le châtiment imposé au coupable a une valeur médicinale plus que disciplinaire car il est précédé d’avertissements inspirés par la miséricorde. Si le coupable refuse de les écouter, on doit en venir alors à l’excommunication pour que cette mesure puisse l’amener à revenir dans la communauté. L’exclusion définitive sera un dernier recours ; mais elle intervient rarement.
CHAPITRE 24 : QUELLE DOIT ÊTRE LA MESURE DE L’EXCOMMUNICATION.
Vendredi 1er juillet :
Ce matin, c’est Dom Guillaume qui nous partage son commentaire sur ce chapitre :
« Les mécanismes d’excommunication ou d’exclusion existent dans tout groupe humain et par conséquent, dans les monastères aussi. Saint Benoît craint par-dessus tout que ces mécanismes laissent beaucoup de place à l’inconscient et à la manipulation, qu’ils ne viennent prendre le pouvoir dans la communauté. C’est la raison pour laquelle il établit deux règles fondamentales pour réguler l’exclusion.
La première de ces règles est que l’exclusion est liée à la faute et qu’elle lui est proportionnée. On n’exclut pas quelqu’un parce que sa tête ne nous revient pas, parce qu’il ne partage pas notre manière de penser.
Avec la seconde règle, n’importe qui n’a pas le droit d’exclure, car saint Benoît réserve cette délicate mission uniquement à l’abbé. Pourquoi à l’abbé seul, pourquoi pas à la communauté comme le suggérait le troisième chapitre de la Règle ? C’est parce qu’une personne doit en assurer la responsabilité. La communauté est fondée sur la rencontre de visages, et non sur des rumeurs anonymes ou de sordides bruits de couloir. »
CHAPITRE 25 : DES FAUTES PLUS GRAVES.
Samedi 2 juillet :
Dans ces chapitres sur la gravité des fautes, on remarque la sagesse de saint Benoît : le remède est proportionné à l’importance de la faute et c’est à l’abbé de l’évaluer. Pour les fautes légères, le frère sera décalé du rythme communautaire afin que cette distance lui permette de prendre conscience de sa faute et d’obtenir le pardon. Pour les fautes plus graves, l’exclusion est plus rigoureuse et la solitude lui est imposée. Mais surtout, la bénédiction lui est refusée.
Cette séparation pour un temps plus long doit permettre au coupable de faire un retour sur lui-même, autrement dit, de se convertir, de revenir au Père qui l’aime et ainsi de rentrer de nouveau en relation avec la communauté. Rappelons-nous l’attitude de Jésus avec les pécheurs : il attend leur retour et leur manifeste sa miséricorde. Mais le fils prodigue doit faire l’expérience de la solitude, de la coupure d’avec les siens pour prendre conscience d’avoir tout perdu et revenir à celui dont il s’était éloigné.
A travers ces mesures d’exclusion du coupable, c’est toujours son salut qui est recherché ; la porte de la communauté ne lui est pas fermée et son retour est attendu.