Dimanche 15 mai :
L’abbé est comparé ici, par saint Benoît, au serviteur de la parabole à qui le maître a confié des talents qu’il doit faire fructifier. Ces talents, ce sont les frères de sa communauté qu’il doit guider, faire progresser spirituellement. Ce n’est pas une tâche facile car ces talents sont des êtres libres, trop souvent difficiles de caractère ou rétifs à ses conseils. Il doit donc s’adapter à chacun pour le faire progresser.
Et en même temps, il est un pasteur qui doit pouvoir se réjouir de l’accroissement de ce bon troupeau. Mais cet accroissement, nous le savons par saint Paul, ne dépend pas de nous ; l’abbé est seulement un semeur, d’autres arrosent, mais c’est Dieu qui donne la croissance. Nous devons donc toujours prier le maître du domaine, le Bon Pasteur que nous avons célébré dimanche dernier, d’appeler à son service de nouveaux disciples.Lundi 16 mai :
En concluant ce chapitre sur l’abbé, saint Benoît invite celui-ci – et nous tous par la même occasion – à marcher dans la foi et la confiance. Il s’appuie sur deux citations : celle de Jésus dans le Sermon sur la montagne (Mt. 6) : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroit », et celle du Ps. 33 : « Rien ne manque à ceux qui cherchent Dieu. »
En acceptant d’entrer dans la vie monastique, nous avons fait des renoncements pour ne rien préférer à l’amour du Christ et pour marcher à sa suite. Mais on sait aussi que lui-même marche avec nous, en nous précédant et en nous accompagnant tout à la fois. Et c’est après coup que nous reconnaissons sa présence comme les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu à la fraction du pain, et avant qu’il disparaisse à leurs yeux. Si sa présence est voilée, elle est quand même bien réelle, et il ne cesse d’encourager ses disciples à vivre cette présence-absence en marchant dans la foi, puisqu’ils sont soutenus par son amour.
CHAPITRE 3 : DE L’APPEL DES FRÈRES EN CONSEIL.
Mardi 17 mai :
En lisant ce chapitre sur l’appel des frères en conseil, nous pouvons le rapprocher des textes que nous entendons à la messe ces jours-ci.
Saint Benoît nous dit que l’abbé, pour les choses importantes, doit écouter l’avis des frères, pourvu qu’ils les expriment avec humilité. Cela signifie qu’il y ait écoute mutuelle : l’abbé prend ensuite la décision qui lui semble la meilleure.
Même si ce n’est pas dit explicitement, les uns et les autres se mettent à l’écoute de l’Esprit-Saint. Dans les récits des Actes des Apôtres, on voit l’Esprit-Saint à l’œuvre lorsque des décisions importantes sont à prendre. Par exemple, on voit comment Paul et Barnabé placent des anciens à la tête des communautés, ou comment les apôtres se réunissent pour examiner des questions qui touchent la vie des communautés. Dans l’évangile, Jésus exhorte les disciples à demeurer unis après son départ en leur promettant la venue de l’Esprit-Saint. En leur donnant sa paix, il les appelle à faire sa volonté comme lui-même fait la volonté de son Père. Et c’est avec ce même Esprit que nous pouvons nous écouter et nous aider à construire la communauté dans la paix et l’unité.
Mercredi 18 mai :
Dans la communauté, la Règle est la référence pour tous ; elle est un facteur d’unité et d’ordre.
Lorsqu’on a un sujet à traiter en conseil restreint ou communautaire, la Règle est source d’inspiration. Elle ne s’applique pas forcément dans les moindres détails, mais son esprit doit pénétrer les réflexions et les décisions.
Elle est elle-même inspirée par l’Évangile et la Parole de Dieu ; il faut donc y revenir sans cesse.
CHAPITRE 4 : QUELS SONT LES INSTRUMENTS DES BONNES ŒUVRES.
Jeudi 19 mai :
Le premier des instruments des bonnes œuvres : « D’abord aimer le Seigneur ton Dieu [..] Ensuite, ton prochain comme toi-même » donne le ton de tous les autres. C’est un commandement double et pourtant unique, car l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont indissociables. Et les instruments suivants développent ce premier, ce grand commandement. C’est tout l’enseignement de Jésus dans les Évangiles, mais aussi de l’apôtre Paul dans ses épitres. Ainsi, lorsque saint Benoît dit : « Se refuser soi-même à soi-même pour suivre le Christ », on entend saint Paul déclarer : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».
Ainsi, pratiquer les instruments des bonnes œuvres, c’est pratiquer les commandements transmis par Jésus qui porte à leur accomplissement les préceptes reçus de toute la Tradition d’Israël. C’est se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint et le laisser agir en nous.
Vendredi 20 mai :
Ces instruments très divers qui sont énumérés ici montrent que l’action de l’Esprit-Saint touche tous les aspects de notre vie. Il n’est aucun domaine qui ne soit concerné par le regard et la présence de Dieu : que ce soient nos actes, nos paroles, nos pensées, nos tendances, toute notre vie, tous les replis de notre cœur doivent être éclairés par la lumière de Dieu ; nous devons nous laisser transformer par son amour.
Et cette section se termine justement par la reconnaissance que Dieu est l’auteur du bien que nous voyons en nous, alors que le mal que nous faisons est à mettre à notre compte ; nous ne sommes pas encore entièrement convertis ! C’est justement l’occasion de nous rappeler la parole de Jésus que nous entendons dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn. 15, 16).
C’est bien Jésus, par son Esprit-Saint, qui réalise en nous le bien qui nous fait porter un fruit qui est l’œuvre de sa grâce et de son amour.
Samedi 21 mai :
Cette troisième série d’instruments des bonnes œuvres est une invitation à tendre vers le monde nouveau, le monde nouveau auquel appartient Jésus ressuscité, et dans lequel il veut nous introduire. Pour cela, nous devons nous convertir, abandonner ce qui nous retient encore au monde ancien et nous attache à ce qui passe pour accomplir la volonté de Dieu et aimer comme le Christ nous aime.
Et en ces jours où nous entendons à la messe le discours d’adieu de Jésus dans l’Évangile selon saint Jean, laissons retentir en nous les recommandations de Jésus à ses disciples.
Dimanche 22 mai :
Comme ce chapitre a commencé avec le grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain, il se termine, avec la même insistance, sur ce même commandement : « Ne haïr personne, vénérer les anciens, aimer les jeunes, dans l’amour du Christ prier pour ses ennemis, se réconcilier avant la nuit… Et comme si tout ce programme pouvait sembler difficile, comme s’il était jalonné d’échecs – et il y en a toujours ! – saint Benoît conclut par cet encouragement : « Et de la miséricorde de Dieu, ne jamais désespérer ».
La miséricorde doit pénétrer toute notre vie ; c’est celle dont Dieu nous entoure, celle que Jésus n’a cessé de manifester pour les pécheurs, les malades, les pauvres. Pour accueillir cette miséricorde, il nous faut un cœur humble et pauvre qui reconnaît ses faiblesses et son péché en se confiant à lui.
En retour, nous devons être les porteurs de cette miséricorde envers autrui par la compassion, le pardon des offenses, la charité, le partage…
La mise en pratique de tous ces instruments demande toute une vie et nous oriente vers la rencontre finale avec le Seigneur. C’est dès maintenant que nous vivons en ressuscités ; c’est ce que nous redisons sans cesse en ce temps pascal.