CHAPITRE 47 : DU SIGNAL DE L’ŒUVRE DE DIEU.
Dimanche 27 mars :
Même si nous avons deux fois par an un changement d’heure en fonction des saisons, nous n’avons plus la difficulté des anciens pour faire coïncider les heures des offices et des repas avec la position du soleil pour ceux du jour, et la position des étoiles pour les offices de nuit. Aujourd’hui, nous avons des heures précises qu’il nous faut respecter. C’est l’occasion de sanctifier le temps donné par Dieu, et cela en communauté et en union avec l’Église.
Saint Benoît insiste ensuite sur les qualités requises pour accomplir des fonctions particulières au cours de l’office. Il faut une certaine compétence pour les lectures ou le chant en soliste, afin de pouvoir édifier les participants, autrement dit les aider pour la prière. Nous n’avons pas à nous donner en spectacle ; la preuve en est qu’il faut avoir ces autres qualités décrites dans ce chapitre : « l’humilité , la gravité et le saisissement de l’âme » avec le don à Dieu sans retour, le tout dans l’obéissance. Nous sommes en présence de Dieu, devant qui nous éprouvons une crainte pleine de respect.
Si saint Benoît précise ici le rôle de ceux qui sont mandatés par l’abbé pour lire ou entonner les chants, il va sans dire que tous nous devons chanter et manifester que nous formons une seule communauté habitée par l’Esprit-saint.CHAPITRE 48 : DU TRAVAIL MANUEL QUOTIDIEN.
Lundi 28 mars :
Les moines orientaux d’Egypte ou de Palestine avaient déjà inscrit dans leurs règles une place au travail manuel, mais c’est saint Benoît, le premier, qui lui a reconnu sa valeur proprement monastique. En l’incorporant dans la journée monastique, mais encadré, et même ‘’inspiré’’ par la lecture divine, il a assuré non seulement à son œuvre un élément vital inépuisable, mais à tout l’Occident une école d’où partiraient toutes les impulsions culturelles. Le travail depuis saint Benoît est devenu une tradition de la vie monastique.
Mardi 29 mars :
Dans ce chapitre, saint Benoît montre l’importance du travail manuel quotidien. C’est un des éléments constitutifs de notre vie monastique, et il y a des moments, même assez longs dans la journée, qui lui sont consacrés.
Mais ce travail est toujours encadré par les offices et les temps de lecture, la lectio Divina. Saint Benoît insiste sur la place de la lecture pendant le Carême où le travail manuel y est bien sûr maintenu aux heures prévues. Mais le Carême étant une période de retraite et de retour à Dieu, la lectio Divina et l’étude des psaumes doivent favoriser cette nourriture spirituelle car « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu ». C’est pourquoi nous devons éviter les pertes de temps, les distractions inutiles pour nous consacrer davantage à la lecture et à l’étude.
Mercredi 30 mars :
La fin de ce chapitre sur le travail manuel quotidien est consacrée au dimanche. Et c’est précisément le jour où l’on ne travaille pas, mis à part les services nécessaires à la vie communautaire.
Le dimanche est le jour du Seigneur, le jour où l’on célèbre la Résurrection de Jésus. C’est à la fois le premier jour de la semaine, jour de la Création, et le huitième jour, jour de la Re-création. Le repos du septième jour est transféré à ce premier ou huitième jour qui commence avec les premières vêpres du samedi soir. Ce jour étant consacré au Seigneur, il est dédié à la lecture dans le prolongement de la liturgie.
Pour les frères qui ne peuvent méditer ou lire, comme pour ceux qui sont faibles ou malades, on prévoira une occupation ou un art afin qu’ils ne restent pas inactifs, car rappelle saint Benoît au début de ce chapitre : « L’absence de labeur est ennemie de l’âme ». Mais saint Benoît est aussi attentif à leur fragilité, et il respecte leur faiblesse. Aussi, ne faut-il pas les accabler par une tâche trop lourde. Le dimanche est donc consacré au service du Seigneur et au service du prochain.
CHAPITRE 49 : DE L’OBSERVANCE DU CARÊME.
Jeudi 31 mars :
Nous sommes donc en plein Carême et saint Benoît nous appelle à faire disparaître toutes les négligences des autres temps. Le but du Carême n’est pas de pratiquer l’ascèse pour elle-même, mais c’est un temps où nous nous préparons à célébrer le mystère pascal, la mort et la Résurrection de Jésus.
Pour le suivre, il nous faut d’abord l’écouter, l’accueillir dans nos vies. Et l’écoute appelle le silence, la vigilance qui n’est pas seulement absence de bruit, de paroles, mais surtout absence des bruits intérieurs, maîtrise de nos pensées, de nos désirs. Il faut mettre une distance à tout cela, ne pas rechercher les satisfactions immédiates pour laisser la Parole de Dieu nous guider et laisser le Christ prendre en nous la première place.
A l’approche de la Semaine Sainte et de Pâques, poursuivons notre effort et continuons de faire disparaître nos négligences habituelles. Ensemble, tenons nos engagements de Carême dans le silence, la prière et la charité fraternelle.
CHAPITRE 50 : DES FRÈRES QUI TRAVAILLENT LOIN DE L’ORATOIRE OU SONT EN VOYAGE.
Vendredi 1er avril :
Au cours de la profession monastique, nous prononçons trois vœux : conversion, obéissance et stabilité. Le rappel de ces vœux éclaire ce chapitre car ils ne vont pas l’un sans les autres.
Il est ici question des sorties qui se présentent normalement pour des nécessités qui peuvent être différentes. Encore faut-il en évaluer les raisons et cela se fait généralement en référence à l’abbé, donc dans l’obéissance. Dans ce cas, si nous nous trouvons loin du monastère, nous demeurons unis à la communauté et la sortie n’est pas une fuite. Le lien se manifeste par la participation, là où on se trouve, avec la prière de la communauté. Mais ce ne sera pas forcément la récitation intégrale de l’office, au moment même où il se célèbre. Ce sera, en fonction des circonstances et du lieu, un temps de prière reprenant l’office du moment ou qui s’en rapprochera, à l’heure où ce sera possible. Même si l’absence est longue, on reste membre de la communauté.
CHAPITRE 51 : DES FRÈRES QUI NE VONT PAS TRÈS LOIN.
Samedi 2 avril :
Ici encore, saint Benoît insiste sur le lien qui unit chaque moine à sa communauté. Même à l’extérieur, il appartient toujours au monastère, car ce lien reste présent si cette sortie se déroule dans l’obéissance.
Et si le moine sort dans l’obéissance, cet attachement touchera aussi les personnes qu’il pourra rencontrer dehors. L’obéissance permet d’unifier notre vie intérieure avec les actes que nous accomplissons.