Paroles de la salle du Chapitre – S51

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 19 décembre :

Quand on va jusqu’au bout de ce chapitre 63, on remarque que dans le respect des rangs, il y a beaucoup plus, pour saint Benoît, qu’une question d’ordre et de discipline, car le respect mutuel comporte une charité sincère, une attention pleine d’égards pour chacun. Nous sommes tous à l’image de Dieu et le respect dû à chacun va à Dieu.

Cela ne veut pas dire qu’il faut avoir une attitude raide ou guindée qui ne serait en fait qu’une caricature du respect et pourrait même cacher du mépris ou de l’animosité ; cette attitude peut provoquer des réactions contraires ou une mauvaise familiarité. Le vrai respect et la charité doivent s’exprimer dans la joie, la bonté ou toute attention prévenante. Pour cela, notre meilleur modèle reste le Christ lui-même.Lundi 20 décembre :

Ce chapitre 64 sur l’abbé vient compléter le chapitre 2 ; il s’agit ici du choix de l’abbé. Saint Benoît commence par des mises en garde car, sans doute, a-t-il été témoin d’expériences malheureuses où des communautés auraient élu un mauvais abbé. Lui-même a failli être empoisonné par des moines qui ne supportaient pas la sainteté de sa vie !

Il insiste donc sur les situations qui pourraient provoquer un scandale : si «ce triste état de choses parvienne, si peu que ce soit, à la connaissance de l’évêque du diocèse, ou des abbés, ou des chrétiens du voisinage, ils doivent empêcher le complot des méchants de prévaloir ». L’Église doit donc intervenir pour établir comme abbé un bon candidat ; elle en a la responsabilité.

En ce jour où nous faisons mémoire de l’Annonciation, au milieu de la semaine préparatoire à Noël, nous nous rappelons le ‘’oui’’ de Marie qui a accepté la mission que Dieu lui confiait. Chacun à notre place, nous pouvons répondre à l’appel reçu du Seigneur et accueillir sa volonté. Accueillons sa présence en nos vies et soyons dociles à l’Esprit-Saint. C’est lui qui nous guide et il sait ce qui est bon pour nous.

 

Mardi 21 décembre :

Après avoir mis en garde la communauté contre les risques d’un mauvais choix, saint Benoît brosse le portrait de l’abbé idéal en énumérant ses différentes qualités. D’ailleurs, le texte parle de lui-même !

Quelques traits émergent de cette description : connaissance et mise en œuvre de la Loi divine, miséricorde, charité, attention aux plus faibles, fidélité à la Règle… Toutes ces qualités tendent à identifier l’abbé au Christ, Maître de sagesse, amis des petits, bon Pasteur, doux et humble de cœur…

C’est lui que nous allons accueillir à Noël ; il vient porter au monde son message de paix, d’amour et de miséricorde. Il vient dans l’humilité pour révéler aux hommes l’amour de son Père et nous conduire, tous ensemble, dans son Royaume.

 

Mercredi 22 décembre :

La question soulevée dans ce chapitre 65 est celle de l’autorité, dans le monastère comme c’est ici le cas pour le prieur, mais ce pourrait être aussi dans l’Église comme dans n’importe quelle communauté ecclésiale. Dans un monastère, on comprend bien qu’il ne peut y avoir qu’une tête ; c’est la garantie de l’unité. Dans sa Règle, saint Benoît prévoit suffisamment de garde-fous (conseil, chapitre, autorité supérieure, etc.) pour que l’abbé ne prenne pas des décisions arbitraires. C’est pourquoi, pour qu’il y ait harmonie, l’abbé doit avoir la confiance du prieur. Si celui-ci est nommé par un autre que l’abbé, il peut être dominé par l’orgueil et il en résulte des conflits et des divisions qui nuiront à toute la communauté.

On en revient à la conversion du cœur. Pour chacun, et en particulier pour ceux qui exercent des responsabilités, l’humilité est source de paix et d’unité.

Revenons encore au message des évangiles de ces jours derniers : l’humilité de Marie qui accueille la mission confiée par Dieu, l’émerveillement de Marie et d’Élisabeth  devant l’action de Dieu, l’humilité et la pauvreté qui entourent la naissance de Jésus. Laissons-nous pénétrer et habiter par la présence de Jésus qui se fait l’un de nous.

 

Jeudi 23 décembre :

Il faut croire que saint Benoît, d’après son insistance sur la question du prieur, a connu, soit dans ses monastères, soit dans d’autres, des situations conflictuelles à cause d’eux. En effet, certains prieurs ont pu se révéler orgueilleux ou en contradiction avec la Règle qu’ils étaient pourtant tenus de faire respecter ! Dans ces cas, on procède comme il est dit dans les chapitres sur l’excommunication : avertissements, puis sanction pouvant aller jusqu’à l’exclusion.

La solution, inspirée de la sagesse et proposée par saint Benoît, est que l’abbé s’appuie sur les anciens, afin que l’autorité soit répartie sur plusieurs. Il y a alors moins de risques de domination et l’abbé choisira alors lui-même son prieur, après réflexion et conseil.

Ce désir de puissance peut être le fait de chacun. Il nous faut bien l’admettre pour demeurer fidèle dans le combat spirituel et vivre dans l’humilité. Nous avons, en ces jours, deux modèles d’humilité dans ces grandes figures de l’Avent qui sont la Vierge Marie et Jean-Baptiste : « Je suis la servante du Seigneur » dit Marie, et Jean-Baptiste dira plus tard : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » ; sans oublier l’image de l’humilité parfaite qui est le Christ lui-même : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé ».

 

Vendredi 24 décembre :

Il y a presque un paradoxe dans ce chapitre 66 sur les portiers du monastère où il est question de l’accueil et, en même temps, du respect de la clôture. L’accueil est confié à un portier qui reçoit au nom de la communauté ! Cependant les circonstances peuvent faire qu’il y ait plusieurs ‘’accueillants’’ ou même qu’il n’y ait aucun portier officiel. Pourtant, il doit toujours y avoir une qualité d’accueil qui permette de voir le Christ dans l’hôte comme il est dit au début du chapitre 53 : « Tous les hôtes survenant au monastère doivent être reçus comme le Christ ».

Et néanmoins, il ya une certaine distance, un respect réciproque, des limites à ne pas franchir ; une réserve d’un côté comme de l’autre, une discrétion à observer. C’est cela que l’on appelle ‘’garder la clôture’’. Mais rappelons-nous aussi que la clôture passe par notre esprit et dans nos cœurs, car, sans sortir du monastère, nous pouvons y échapper!

Ce respect de la clôture nous aide à reconnaître le Christ dans le prochain, à l’accueillir dans la lecture et l’écoute de sa Parole, comme dans l’arrivée de ceux qui se présentent à la porte du monastère. En venant dans le monde à Noël, le Christ s’est fait pauvre parmi les pauvres, et il est toujours présent en eux, aujourd’hui comme hier.

 

Samedi 25 décembre :

Saint Benoît insiste dans ce chapitre 67 (Des frères qui partent en voyage) sur le lien communautaire. Nous appartenons à un corps, à une famille qui est la communauté et dans laquelle nous avons fait vœu de stabilité et ce lien n’est jamais rompu, ni même distendu, si l’on doit s’absenter. Et ce lien s’exprime dans les deux sens : celui qui part se recommande à la prière des frères ; ceux qui restent font mémoire des absents.

En ces fêtes de Noël, vivons ce lien communautaire, car celui qui nous unit, c’est le Christ lui-même, lui qui se fait l’un de nous pour nous faire participer à sa vie divine. Comme le dit l’Épitre aux Hébreux, il ne rougit pas de faire de nous ses frères. C’est bien l’amour qu’il a pour nous qui nous unit bien au-delà de nos cercles étroits de familles et de communautés.

 

Père Claude
Prieur du Bec