Dimanche 28 novembre, premier dimanche de l’Avent :
Dans cette seconde partie du chapitre 48 sur le travail manuel, il est moins question du travail manuel que de la Lectio Divina, avec une insistance sur la période d’automne, d’hiver et du Carême pour y ‘’vaquer’’. Saint Benoît recommande la lecture, particulièrement l’étude des ‘’leçons’’ – il s’agit surtout des écrits des Pères de l’Église et des anciens moines – et des psaumes. Les psaumes sont en effet la base de l’office divin. Cet effort de lecture est plus particulièrement demandé pendant le temps du Carême.
Nous lisons ces passages de la Règle au début du temps de l’Avent. C’est un temps de renouveau pour notre vie chrétienne et notre vie monastique ; c’est un re-départ pour nous ouvrir à l’Avènement du Seigneur, à la fois venu dans notre monde à Noël, et qui reviendra dans la gloire à la fin des temps. Mais il vient aussi aujourd’hui, chaque jour dans nos vies. C’est pourquoi il nous faut demeurer vigilants, vivre et croire en sa présence, espérer sa venue et aimer sans mesure.Lundi 29 novembre :
Nous pouvons retenir de la fin de ce chapitre 48 ce que saint Benoît dit du dimanche qui n’est pas un jour de travail, mis à part les services nécessaires qu’il faut assurer : « Le dimanche, tous vaqueront à la lecture, excepté ceux qui sont chargés des divers services ».
Saint Benoît se situe bien dans la tradition de l’Église où le dimanche est le premier jour de la semaine et non la ‘’fin de semaine’’ ou ‘’le week-end’’ comme veut nous le faire croire notre société actuelle. Le dimanche est le ‘’Jour du Seigneur’’, le jour de sa Résurrection. Il est tout ensoleillé par la célébration de l’eucharistie pour la plupart des chrétiens, du moins ceux qui pratiquent encore ! Pour nous, la célébration de l’eucharistie et des autres offices rayonne sur l’ensemble de la semaine, à plus forte raison sur ce premier dimanche de l’Avent que nous venons de célébrer et qui ouvre une nouvelle année liturgique.
La priorité du dimanche est accordée, outre les offices, à la lecture qui nourrit la prière. Et même si nous sommes en retrait par rapport au monde, nous sommes en union avec tous les chrétiens qui célèbrent la Résurrection du Seigneur, et sont ouverts à l’œuvre de l’Esprit-Saint dans leur cœur et dans l’Église.
Mardi 30 novembre, fête de saint André :
Relire ce chapitre 49 sur l’observance du Carême pour commencer le temps de l’Avent n’est pas dépourvu d’intérêt ! Longtemps, on désignait l’Avent sous l’expression de ‘’Petit Carême’’, et c’était l’occasion, pour les prédicateurs, de donner des sermons comme pendant le Carême.
Sans revenir sur tous les détails de ce chapitre, nous pouvons retenir que c’est un temps de préparation, le temps de préparation à Noël. Comme pendant le temps de Carême, nous sommes appelés à la conversion pour préparer la venue du Seigneur. Pendant le Carême, nous marchons avec lui vers Jérusalem, vers sa mort et sa résurrection. Le mystère pascal est déjà à l’horizon de son mystère d’incarnation.
Nous entendons aussi les appels des prophètes, en particulier ceux d’Isaïe, de Jean-Baptiste qui proclame : « Préparez les chemins du Seigneur ». Ces chemins traversent nos cœurs où il nous faut dégager les pierres, les obstacles, tout ce qui entrave notre marche, risque de nous faire tomber et nous empêche d’accueillir le Sauveur.
Aujourd’hui, en fêtant l’apôtre saint André, nous entendons avec lui l’appel du Seigneur à tout quitter pour le suivre. Et en cette journée de désert, accompagnons-le sans crainte, avec confiance.
Mercredi 1er décembre :
Lorsqu’il s’agit de commenter ce bref chapitre 50 sur « les frères qui travaillent loin de l’oratoire ou sont en voyage », ce sont toujours les mêmes réflexions qui viennent à l’esprit. Déjà au temps de saint Benoît, on pouvait être amené à travailler loin du monastère et ne pas pouvoir rentrer pour la célébration de l’office. On pouvait aussi s’absenter, et à l’époque, les voyages étaient plus longs, car plus lents qu’aujourd’hui.
Les causes des absences envisagées ici par saint Benoît sont supposées sérieuses et en accord avec l’abbé, ou par sa volonté. Il peut y avoir aussi des sorties ou des absences non justifiées et dans certains cas, elles sont alors une fuite de la stabilité. Car la stabilité n’est pas seulement le fait de rester sur place, mais elle est surtout fidélité à notre propos monastique et à nos vœux.
Ce qui est souligné ici, c’est que l’on reste moine même lorsqu’on est amené à s’absenter, car on n’est pas dispensé de ses obligations. Et la première d’entre elles, qui est ici indiquée, est celle de la fidélité à l’office divin. Il ne sera peut être pas facile de le célébrer à distance et au même moment que la communauté, mais au moins, comme dit saint Benoît, « que les heures régulières ne passent pas inaperçues ». Ce qui compte, c’est de trouver un rythme équivalent pour marquer la journée, même si les heures sont décalées en fonction des circonstances. On appartient toujours, où que l’on soit, à sa communauté dont le lien le plus fort reste celui de la prière.
Jeudi 2 décembre :
Dans ce bref chapitre 51 sur « les frères qui ne vont pas très loin », on peut retenir deux points : à l’occasion d’une sortie pour affaire, et si le retour est prévu dans la journée, le moine ne doit pas manger au-dehors puisqu’il pourra le faire à son retour au monastère. Si non, il y a là une tentation d’échapper au rythme et au régime du monastère et, d’une certaine façon, de se couper de la communauté. Ces occasions permettent de voir si le moine est fidèle à son propos monastique.
Le second point qui apparaît à la fin du passage, c’est la question de l’obéissance : « à moins qu’il n’en ai reçu l’ordre de son abbé ». Dans ce cas, le moine porte avec lui sa communauté. Il lui demeure uni, et par son intermédiaire, ses hôtes sont aussi en lien avec le monastère.
Vendredi 3 décembre :
Ce chapitre 52 sur l’oratoire fait écho à la série des chapitres consacrés à l’office divin. Il l’a complète en rappelant l’importance de l’oratoire, lieu de la présence de Dieu. Cette présence de la Gloire de Dieu appelle le silence, le recueillement, le respect. La prière peut s’y prolonger avant et après les offices, et à d’autres moments de la journée.
C’est là que l’eucharistie est célébrée sur l’autel qui en est le centre. C’est là que se célèbre notre engagement par la profession monastique ; toute notre vie de moine et de disciple du Christ se ressource dans l’oratoire. Nous pouvons repenser à tous ces évènements marquants en offrant au Seigneur tout ce qui fait la trame de notre vie lorsque nous y sommes présents.
Samedi 4 décembre :
On pourrait parler longuement de l’hospitalité à partir de ce chapitre 53 sur « la réception des hôtes ». Il s’agit ici de l’hospitalité chrétienne, celle qui est pratiquée dans les monastères bénédictins ou dans d’autres communautés, avec une marque bien spécifique décrite ici dans la Règle. La première chose que dit saint Benoît, c’est que « les hôtes doivent être reçus comme le Christ », en référence à l’évangile. Et il le répète par trois fois.
L’hôte est accueilli avec charité, dévouement et humilité. Mais la prière doit précéder, car elle permet, dit saint Benoît, un discernement à cause « des illusions diaboliques ». Et l’on sait, en lisant sa vie, combien le diable usait souvent de stratagèmes pour essayer de tromper les moines ! Mais grâce à la prière, il était vite démasqué. Aujourd’hui, ce discernement peut se faire différemment ; variées aussi sont les demandes des hôtes !
Enfin, dit saint Benoît, « on traitera l’hôte avec toute l’humanité possible », non seulement sur le plan matériel, mais encore en lui proposant des conditions favorables pour qu’il puisse mener au mieux sa recherche spirituelle. Car en général, ce que les hôtes viennent chercher dans un monastère, c’est un ressourcement spirituel, une immersion dans la prière d’une communauté.
Père Claude
Prieur du Bec