Paroles de la salle du Chapitre – S47

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 21 novembre :

Dans ce chapitre 43 sur « ceux qui arrivent en retard à l’œuvre de Dieu ou à table », saint Benoît rappelle un principe essentiel : « Que rien ne soit préféré à l’œuvre de Dieu ». On peut le rapprocher d’un instrument des bonnes œuvres : « Ne rien faire passer avant l’amour du Christ » (Ch. 4,21). L’œuvre de Dieu manifeste en effet notre amour pour le Christ, sans oublier, bien sûr, que l’amour du Christ passe aussi par l’amour du prochain.

Cette priorité accordée à l’œuvre de Dieu nous rappelle que le temps ne nous appartient pas ; il appartient à Dieu. Aussi, lui consacrer régulièrement des moments de notre journée, c’est reconnaître qu’il est le maître du temps, le maître de notre existence, et que nous sommes dans sa main ; que c’est lui aussi qui donne la vie, le mouvement et l’être. C’est pourquoi, dès que l’œuvre de Dieu est annoncée, on doit laisser tout ce que l’on fait pour se rendre à la célébration, par respect pour Dieu d’abord, mais aussi par respect pour la communauté des frères rassemblée en son nom et au milieu de laquelle il est présent.

En cas de retard, la réparation a pour but d’aider le fautif à se corriger, à se convertir pour retrouver le lien avec la communauté en train de célébrer l’œuvre de Dieu.Lundi 22 novembre :

Dans cette seconde partie du chapitre 43, ce qui est dit de l’œuvre de Dieu s’applique aussi aux repas qui sont un acte communautaire ; nous devons donc veiller à être présents pour la prière qui le précède et qui le termine. Elle commence quand la cloche s’arrête de sonner. S’il peut y avoir des retards justifiés, ce qui n’est pas toujours le cas, un rappel pour respecter l’heure est toujours nécessaire. Aujourd’hui, où nous sommes moins rigoureux qu’au temps de saint Benoît pour les réparations ou satisfactions en cas de retard, nous avons le devoir d’être davantage attentifs à faire cet effort.

Comme il est dit dans un chapitre précédent, le repas étant un acte communautaire, nous devons aussi être attentifs aux uns et aux autres, à commencer par nos proches voisins. Même dans les repas en libre service, nous ne sommes pas seuls au réfectoire.

Enfin, saint Benoît signale ce point intéressant à la fin de ce chapitre : « si le supérieur offre quelque chose à un frère… » Ce qui doit nous rappeler que nous recevons tout du Seigneur par l’intermédiaire d’un membre de la communauté. Et recevoir implique la reconnaissance et l’action de grâce : pour la nourriture, pour le travail de ceux qui la préparent, qui la fournissent, pour ceux qui contribuent au service de table et à l’entretien du matériel. Nous sommes toujours pris dans une chaîne de solidarité, même si nous prenons un repas en solitaire. Et l’action de grâce à la fin du repas, même si elle peut devenir routinière, doit retrouver sa densité si nous prenons conscience de tous ces liens.

 

Mardi 23 novembre :

Ce chapitre 44 sur « ceux qui sont excommuniés, comment ils doivent satisfaire » peut être difficile à entendre si l’on voit surtout l’excommunication, autrement dit la mise à l’écart, la séparation du frère coupable. Il est exclu de l’oratoire, devant rester prosterné, et ne pas prendre part au chant de la communauté. Il faut pour cela qu’il y ait eu une faute grave.

Saint Benoît nous invite plutôt à voir la miséricorde à l’œuvre. C’est la miséricorde divine, la miséricorde du Christ qui se déploie par l’intermédiaire de l’abbé. Le pénitent répare sa faute et l’abbé évalue les étapes de son repentir jusqu’à sa réintégration dans la communauté.

Même si nous ne pratiquons pas aujourd’hui cette méthode de pénitence – car ces fautes graves restent plutôt exceptionnelles – nous reconnaissons que nous commettons nous-mêmes des fautes en divers domaines, ce qui est presque inévitable, et que nous avons besoin, nous aussi, de la miséricorde de l’abbé et des frères pour nous aider à nous en corriger.

 

Mercredi 24 novembre :

Ce petit chapitre 45 (« De ceux qui se trompent à l’oratoire ») est à rapprocher du chap. 19 (« De la discipline du chant ») et du chap. 20 (« De la révérence dans la prière »). Il y est rappelé que nous sommes en présence de Dieu et que nous devons tendre à le prier avec respect. Il nous faut donc accorder nos voix avec notre cœur pour lui offrir une louange sincère.

Pour cela, nous devons éviter la négligence. Mais pour diverses raisons, des distractions ou des erreurs peuvent survenir ; il nous faut donc les reconnaître humblement et faire satisfaction si besoin est, car nous avons foi en la présence de Dieu.

 

Jeudi 25 novembre :

Saint Benoît envisage dans ce chapitre 46 les fautes qui interviennent inévitablement dans la vie quotidienne, en distinguant deux domaines, on pourrait dire : ce qui relève du ‘’for interne’’ et ce qui relève ‘’du for externe’’.

Dans le premier cas, il s’agit des oublis, des maladresses, des négligences qui peuvent avoir des incidences sur la vie communautaire. Et comme nous sommes tous susceptibles d’en commettre, il nous faut avoir de l’indulgence et de la miséricorde les uns pour les autres.

Dans le second cas, il s’agit des pensées du cœur ou des péchés pouvant ralentir notre croissance spirituelle. Il faut donc s’en remettre à la miséricorde divine en les dévoilant à un ‘’ancien’’, c’est-à-dire à l’abbé ou à un père spirituel. C’est ce qu’on appelle ‘’l’ouverture du cœur’’ que l’on retrouve au chapitre 4 ‘’des instruments des bonnes œuvres‘’ : « Briser immédiatement contre le Christ les mauvaises pensées qui s’approchent du cœur, et les découvrir au père spirituel (4, 50) ».

 

Vendredi 26 novembre :

Ce chapitre 47 qui complète le cycle consacré à l’office divin, insiste sur l’importance de l’œuvre de Dieu. Il est d’abord question de l’annonce de l’heure des offices pour laquelle il fallait autrefois tenir compte de la variation de la longueur des jours et des nuits selon les saisons. Aujourd’hui, les sonneries sont programmées, mais il nous faut veiller cependant à y être attentifs pour ne pas risquer d’arriver en retard.

Le second point concerne le déroulement de l’office lui-même, avec les frères qui doivent lire ou chanter. Saint Benoît indique qu’il s’agit « d’édifier les auditeurs », sans se donner en spectacle, pour être un intermédiaire entre la communauté rassemblée et le Seigneur que nous célébrons.

Pour ce qui est du chant, chacun fait autant qu’il peut, mais en essayant de le faire le mieux possible ; nous ne nous produisons pas pour les auditeurs, mais nous essayons d’être vrais et d’exprimer notre prière commune par les chants et les textes prévus par l’Église. La vérité et l’observance de ce qui est prévu sont un signe d’humilité et de respect de Dieu.

 

Samedi 27 novembre :

Chaque communauté a sa propre organisation de la journée, rythmée par les offices, entre lesquels s’ajustent les temps consacrés à la lecture divine (Lectio divina), et ceux réservés au travail manuel. Cet agencement peut varier d’un monastère à l’autre en fonction du nombre d’offices, de la taille de la communauté, de son implantation locale ou autre chose. Mais toujours doit être respecté cet équilibre entre la lecture et le travail manuel, car la prière, l’office et la lecture donnent sens au travail qui ne doit pas être vu comme une corvée, mais au contraire, comme une nécessité vitale commune à tous les hommes. C’est aussi un moyen de sanctification pour lequel saint Benoît précise: « Ils sont vraiment moines s’ils vivent du travail de leur mains comme nos Pères et les Apôtres ».

 

Père Claude
Prieur du Bec

Le temps de Dieu