Paroles de la salle du Chapitre – S42

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 17 octobre :

La prière dominicale est dite à la fin de chaque office avec cette insistance sur la demande de pardon. C’est le rappel que la prière liturgique ne doit pas être détachée de la vie. La présence de cette demande : « Pardonne-nous nos offenses » nous ramène à la réalité ; nous venons à l’office avec toute notre vie concrète, nos soucis, nos travaux, nos joies, nos peines, nos relations, et nous les offrons tous au Seigneur. Nous pourrons même les oublier dans la célébration et nous laisser prendre par le chant et la contemplation.

Mais avant de retourner à notre quotidien, et cela plusieurs fois par jour, nous entendons le Seigneur nous redire : «  Quelle est ta relation avec ton frère ? Pardonne-lui comme je t’ai pardonné. Et va, fais la paix.»Lundi 18 octobre, fête de saint Luc :

Quand nous fêtons les saints, c’est toujours Dieu que nous célébrons. C’est lui qui a répandu son amour dans les cœurs, et les saints, qui sont reconnus comme tels, ont répondu à cet amour en  suivant le Christ dans le mystère de sa Pâque. En célébrant les fêtes des saints, nous célébrons le mystère de la Résurrection du Seigneur à laquelle ils participent. Ils sont en communion avec le Seigneur glorifié, et cette grâce rejaillit sur nous qui sommes encore en chemin. Nous le verrons bientôt avec la fête de la Toussaint qui, à l’origine, était une fête des martyrs célébrée pendant le temps pascal. C’est aussi vrai avec les fêtes de la Vierge Marie qui nous font participer au mystère du salut, avec les fêtes des apôtres, comme celle de saint Luc que nous fêtons aujourd’hui, et de tous les autres saints.

Les saints sont pour nous des intercesseurs. D’abord, ils ont vécu comme nous, ils ont cheminé et ont répondu à l’appel du Seigneur, et maintenant qu’ils participent à la gloire divine ; ils nous précèdent et nous montrent le but de notre pèlerinage. Ils nous soutiennent aussi et nous encouragent. En célébrant leur fête, nous glorifions le Seigneur de qui vient tout don parfait et à qui est du toute louange.

 

Mardi 19 octobre :

Le chant de l’Alleluia est le chant pascal par excellence ; il accompagne tous les offices du temps pascal. Le reste de l’année, hormis le Carême, il est aussi présent pour plusieurs offices et une partie des psaumes.

L’Alleluia donne donc un caractère pascal à l’office divin. Sans cesse, notre chant célèbre la victoire du Christ sur la mort. Pâques est le mystère central célébré tout au long du temps, mais de manière plus marquée le dimanche, et encore davantage pendant la cinquantaine pascale. Nous sommes rachetés par la mort et la résurrection de Jésus ; nous passons avec lui des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. Par le chant de l’Alleluia, nous exprimons notre foi en la résurrection de Jésus et nous lui rendons grâce.

 

Mercredi 20 octobre :

Dans ce chapitre, ce qui est visé avant tout, c’est la sanctification du temps, de la journée, car nous sommes appelés à louer Dieu jour et nuit.

En évoquant le chiffre sacré de sept pour les offices du jour, saint Benoît prend ce chiffre dans son sens symbolique, tel qu’on le trouve dans la Bible, dans le psaume 118, et non dans son sens purement arithmétique. Il aurait aussi bien pu prendre les chiffres 4, ou 10 ou 12 qui ont aussi une valeur symbolique forte.

Sept indique la plénitude. Autrement dit, c’est toute la journée qui est prise dans la louange pour le Seigneur. Il ne doit pas y avoir de rupture entre les différents offices, quelque soit leur nombre. Un état de prière continuelle doit nous maintenir en présence de Dieu, d’un office à l’autre, tout en tenant compte, bien sûr, que nous sommes aussi occupés par nos différents travaux et services communautaires. C’est pourquoi la journée est rythmée par les différents offices où la communauté se rassemble, en union avec toute l’Église, avec tous les disciples du Seigneur répandus dans le monde.

 

Jeudi 21 octobre :

Lorsqu’on détaille les différents offices de la journée, ceux qu’on appelle les ‘’petites heures’’, on suit la division journalière en usage dans l’antiquité : première, troisième, sixième et neuvième heure. On y retrouve aussi les différents moments de la Passion de Jésus.

Mais cette division n’est peut être pas toujours adaptée pour notre époque. Ce qui importe, c’est la sanctification du temps qui doit être marquée par des moments de prière, aux heures qui conviennent pour chaque communauté. Mais quelle que soit la répartition des heures du jour, les deux offices de Laudes et de Vêpres restent des temps de prière toujours et partout respectés. Tous les deux ont même structure et ils sont plus développés car ils marquent le passage de la nuit au jour et du jour à la nuit. Chacun comporte un cantique évangélique, le Benedictus et le Magnificat.

Tous ces offices sont une œuvre ecclésiale ; ils nous mettent en communion avec toute l’Église, car nous prions avec elle et pour elle. Nous présentons à Dieu la louange qui lui est due, à travers les psaumes qui nous viennent d’Israël, et nous intercédons pour le monde entier et toute l’humanité. Cette responsabilité découle de notre baptême qui nous a fait enfants de Dieu. Elle nous engage dans le service de louange et d’intercession.

 

Vendredi 22 octobre :

Saint Benoît aborde dans ce chapitre la répartition des psaumes aux différentes heures du jour, de Prime jusqu’à Complies. Au début de ce chapitre 18, il est donc question de l’office de Prime pour le dimanche et pour toute la semaine. On peut y retenir, non pas le choix pour la semaine des psaumes de cet office en lui-même, mais le fait que « l’on arrive ainsi à commencer toujours les Vigiles du dimanche au psaume vingtième ». En effet, ce psaume est un psaume de Résurrection. Il célèbre la victoire du roi sur ses ennemis ; or le dernier ennemi vaincu par le Christ ressuscité, c’est la mort. C’est bien la Résurrection du Seigneur qui est célébrée chaque dimanche.

La liturgie de l’office divin nous fait anticiper la liturgie céleste, nous fait participer déjà à la vie future. Outre la célébration liturgique, c’est toute notre vie qui doit être conformée à la vie du Christ ; nous sommes dépouillés du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau.

 

Samedi 23 octobre :

Aux petites heures du jour : Tierce, Sexte et None, le psaume 118 est réparti sur le dimanche et le lundi. Les autres jours de la semaine, on reprend, chaque jour, les psaumes 119 à 127 ; ce sont les psaumes ‘’des montées’’, ou psaumes de pèlerinage. Ce sont ceux que les pèlerins, en marche vers Jérusalem, chantaient en arrivant à la Ville Sainte. Le plus caractéristique est le psaume 121 : « O, quelle joie, quand on m’a dit : allons à la Maison du Seigneur… »

Ce choix nous rappelle que nous sommes en marche vers la Jérusalem nouvelle. A travers notre travail quotidien, le poids du jour, les joies et les épreuves, nous avançons dans l’espérance et la confiance. L’arrivée du dimanche marque comme une pause, une étape dans cette marche, un repos en Dieu qui, avec le psaume 118, nous permet de goûter la Loi de Dieu.

Cette réflexion est une façon d’interpréter le choix et la répartition des psaumes proposés par saint Benoît. Si aujourd’hui nous avons d’autres programmations des offices avec le psaume 118 au milieu de la journée, les psaumes des montées au début des Vêpres, ces deux aspects restent valables : méditation de la Loi chaque jour, et marche vers la Jérusalem céleste ; ce sont deux dimensions constitutives de notre vie spirituelle.

 

Père Claude
Prieur du Bec