Dimanche 26 septembre :
Ce matin, c’est Père Abbé Mark-Ephrem de Rostrevor qui commente le chapitre 7 de la Règle sur l’humilité :
Lorsque j’étais jeune moine au Bec, j’ai entendu parler d’une visite d’un groupe de la ‘’vie montante’’. Je ne savais pas ce que ça voulait dire et un vieux père m’a expliqué que la ‘’vie montante’’ c’était plutôt la ‘’vie descendante’’. Il faut garder cette idée pour accepter notre chemin d’humilité. En fin de vie, nous pouvons tous avoir besoin des services d’autres frères plus jeunes, ou d’autres soignants. Et ça peut être difficile d’accepter de reconnaître nos incapacités, humiliant de se faire servir ! Mais si le Christ a servi les autres comme il le dit : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir », il a su aussi se faire servir, et même assez souvent !
L’icône du ‘’service’’ pourrait être celle du lavement des pieds par Jésus à la dernière Cène. Et on sait comment Pierre a réagi en refusant d’abord de se laisser laver par le Christ. N’ayons pas peur, ni même peut être l’orgueil, de nous laisser aider et servir. La vie monastique n’est-elle pas aussi de nous aider, de nous servir les uns les autres ?Lundi 27 septembre :
C’est à nouveau un commentaire de Père Abbé Mark-Ephrem sur « le premier degré d’humilité, si, plaçant la crainte de Dieu devant ses yeux, toujours, l’homme fuit absolument l’oubli… »
Fuir l’oubli, c’est vivre dans la présence à Dieu qui est aussi présence aux hommes. Les deux vont de pair. Et d’abord, présence à nous-mêmes en vérité, mais toujours vérité dans l’amour ; l’un n’allant pas sans l’autre, car l’amour de Dieu nous accompagne sans cesse. Vivre la présence aux autres pour vivre la présence à Dieu tout en se reconnaissant pécheur afin de reconnaître pleinement cette présence de Dieu en nous et de vivre dans cette Présence qui est déjà vie du Royaume.
Mardi 28 septembre :
Père Claude reprend ses commentaires : Dans le premier degré d’humilité, saint Benoît exhorte le moine à découvrir la volonté de Dieu et à la mettre en œuvre. Il doit toujours se savoir sous le regard de Dieu qui connaît les secrets des cœurs. Pour suivre la volonté de Dieu, nous pouvons toujours nous référer à l’Écriture qui multiplie les appels à la vigilance : vigilance sur tous nos désirs qu’il faut vérifier, confronter à la volonté de Dieu pour voir s’ils sont en accord avec elle, attention à la volonté de Dieu sur nous.
Pour faire la volonté de Dieu, nous avons un moyen à notre portée, c’est la prière de Jésus, celle qu’il a donnée à ses disciples : « Père, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Sur la terre, c’est-à-dire d’abord en nous. Cette prière, Jésus l’a toujours faite sienne et la fait nôtre. Accomplir la volonté du Père, c’est entrer dans l’amour filial de Jésus. Par l’Esprit-Saint, nous entrons dans l’attitude des enfants de Dieu. On peut penser ici aux chapitres 7 et 8 de l’Épitre aus Romains où saint Paul reconnaît que de lui-même il ne fait pas toujours la volonté de Dieu, mais que l’Esprit-Saint le fait entrer dans les vues de Dieu, à la suite de Jésus qui a été rempli de son amour. Et c’est le chemin qu’il nous faut suivre.
Mercredi 29 septembre, Solennité des saints Archanges :
En ce jour où nous célébrons la fête des saints Archanges : Michel, Gabriel et Raphaël, et tous les anges, retenons dans ce premier degré d’humilité ce passage: « Si quotidiennement, jour et nuit, les anges qui sont chargés de nous, annoncent nos œuvres au Seigneur… » Ainsi les anges nous sont présents. Ils ont, dans la tradition biblique un rôle d’intercesseurs, de passeurs. Ils présentent nos prières devant Dieu, louanges comme supplications. Nous devons donc garder notre esprit en éveil, et fuir l’oubli de Dieu. Si nous pouvons avoir une juste crainte, une crainte révérencielle devant le Seigneur, n’oublions pas que nous sommes entourés de son Amour.
Jeudi 30 septembre :
Le second degré d’humilité est une invitation à laisser Dieu agir en nous. Notre modèle, c’est Jésus lui-même qui, reprenant les mots du psaume 39, s’abandonne à son Père en lui remettant sa volonté : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé ! » Et le terme de sa mission est la croix et la Résurrection.
En renonçant à notre volonté propre, nous laissons l’Esprit-saint nous transformer, nous conformer au Christ. Mais cela ne se fait pas en une seule fois, ni complètement. Il y faut du temps. Chaque jour, laissons-nous guider par l’Esprit-Saint pour qu’il puisse nous découvrir la volonté de Dieu sur nous, et cela passe par le concret de notre vie.
OCTOBRE
Vendredi 1er octobre, fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus :
Dans ce court paragraphe, sur le troisième degré d’humilité, le mot important, celui qui éclaire l’ensemble du texte, c’est le mot ‘’amour’’. Il ne s’agit pas là d’une expression banale, ‘’pour l’amour de Dieu’’, comme dans le langage courant. C’est au contraire, une réalité très profonde qui doit donner tout son sens à nos vies, comme il en a été pour sainte Thérèse de Lisieux dont l’amour a été toute la vocation.
Si nous faisons vœu d’obéissance, c’est dans la foi, dans la confiance. C’est inspiré par l’obéissance du Christ à son Père que nous reconnaissons et accueillons dans nos vies la volonté de Dieu. Elle est rappelée par le supérieur, par la Règle, mais au-delà de ces médiations, nous discernons la volonté de Dieu. Notre obéissance est la réponse à l’amour qu’il a pour chacun de nous. Cet amour a été exprimé au plus haut degré par le Christ qui s’est livré pour nous par obéissance à son Père ; Aussi, notre obéissance est un acte d’amour par lequel nous imitons le Christ qui nous a aimé le premier.
Samedi 2 octobre :
Ce quatrième degré d’humilité pourrait s’intituler : ‘’patience et persévérance’’. L’obéissance est mise à l’épreuve par diverses causes humaines ou événementielles. Ce peut être des imprévus, des rapports difficiles ou conflictuels avec tel ou tel, etc… La tentation peut alors être forte de réagir, de justifier son bon droit s’il s’agit de conflits avec d’autres. Mais c’est alors qu’il faut garder l’esprit paisible, rester patient et persévérant, et continuer à faire ce qui est demandé.
Cette patience est la réponse à celle de Dieu, à sa miséricorde, à la patience de Jésus qui a su supporter les accusations fausses, le mépris, les coups et les tortures, et la mort injuste. Et c’est pourtant lui qui vient à nous et qui offre sa vie pour tous les hommes. Cette patience divine est attestée par les Écritures dont il y a de nombreuses citations dans les psaumes, les évangiles et les épitres. Il faut enfin demeurer dans l’action de grâce et la bénédiction.
Père Claude
Prieur du Bec