Paroles de la salle du Chapitre – S38

Publié le

Catégorie : Vie monastique

Dimanche 19 septembre :

Encore une longue liste d’instruments des bonnes œuvres. C’est toujours l’amour de Dieu et du prochain qui est développé ici. Si les douze premiers instruments touchent notre relation au prochain, les derniers concernent la personne elle-même. Mais tous nous obligent à nous examiner au plus intime de nous-mêmes. C’est l’Esprit-Saint qui nous pousse dans nos retranchements et il ne nous laisse pas en repos pour nous maintenir en perpétuelle vigilance.

Nous sommes sous le regard de Dieu et c’est à lui qu’il faut rendre grâce pour tout le bien que nous pouvons voir en nous-mêmes car, heureusement il y en a. Mais justement, c’est le Seigneur qui en est la source en nous donnant sa grâce. L’Esprit-Saint est à l’œuvre dans les cœurs ; il ouvre les yeux du nôtre et nous guide sur le bon chemin. Sachons lui en rendre grâce.Lundi 20 septembre :

Beaucoup des instruments des bonnes œuvres de cette série touchent notre relation à Dieu. Il est rappelé que nous devons considérer cette vie comme un passage et tendre vers la vie éternelle, la vie vraie. Et c’est dès maintenant qu’il nous faut traduire en actes ce désir de vie divine. Il nous faut pour cela cultiver le silence intérieur en limitant les conversations inutiles ; il faut, au contraire,  entretenir ce goût de Dieu par la lecture (Lectio Divina et autres), les préceptes divins, le renoncement à sa volonté propre, et avoir sans cesse conscience que Dieu nous est présent, non comme un juge, mais comme un Père aimant qui désire nous donner ses meilleurs dons.

 

Mardi 21 septembre :

Ce chapitre sur les instruments des bonnes œuvres s’ouvre par le rappel du grand commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, amour que tout homme doit pratiquer. Et il se conclut par le rappel de l’amour qui vient du Christ et de Dieu, amour qui est le fondement de celui que nous devons mettre en œuvre chaque jour, et inlassablement.

L’amour des ennemis est possible parce que le Christ a aimé ses ennemis et a pardonné à ceux qui l’ont torturé et mis à mort. Nous pouvons donc, nous aussi, pardonner à qui nous a fait du tort et ainsi : « rentrer en paix avant le coucher du soleil ». Enfin, pour couronner le tout, « de la miséricorde de Dieu, ne jamais désespérer. » Nous sommes enveloppés de son amour ; aussi, il ne faut jamais perdre confiance.

Cette espérance nous soutient dans la pratique inlassable et quotidienne de ces « instruments de l’art spirituel » et nous tourne vers la vie éternelle.

 

Mercredi 22 septembre :

Dans ce chapitre 5 sur l’obéissance, on retrouve le début du Prologue dont le premier mot est : ‘’Écoute’’. « Écoute, ô mon fils, l’invitation du maître, du Père qui t’aime

C’est donc une invitation à revenir à Dieu par le labeur de l’obéissance. Ces mêmes éléments sont présentes dans ce chapitre : ‘’écoute’’ avec deux citations bibliques :

« Il tend l’oreille pour m’obéir (Ps. 18, 45) » et « Qui vous écoute, m’écoute (Luc 10, 16).» L’écoute est l’attitude du vrai disciple. Dans le Prologue, c’est « le Père qui t’aime » qui appelle le disciple. Ici, c’est « n’avoir rien de plus cher que le Christ » qui appelle l’amour, car l’obéissance repose sur l’amour. Elle n’est donc pas une relation de maître à esclave, mais une relation filiale, car orientée vers la vie, vers le bonheur.

L’obéissance est la voie étroite qui mène à la vie, et le modèle du parfait obéissant est Jésus lui-même : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé (Jn. 6,38).» Le Christ est bien celui qui fait la volonté de son Père, et cette obéissance le conduit jusqu’au don total de lui-même. Aussi, n’avoir rien de plus cher que lui, conduit le disciple à marcher sur ses traces et à être obéissant comme lui, dans la vie de chaque jour.

 

Jeudi 23 septembre :

L’obéissance requiert une double qualité : elle doit être agréable à Dieu et douce aux hommes. Pour être agréable à Dieu, elle doit être immédiate, sans arrière-pensées, sans murmure ; elle suppose confiance et humilité. Car le murmure, même s’il n’est pas exprimé, trahit un certain orgueil.

Il y a dans la vie de saint Benoît, telle que la rapporte le pape saint Grégoire dans ses dialogues au chapitre 20, un épisode significatif à ce sujet : Un soir Benoît prend son repas à une heure tardive et un jeune moine lui tient la lampe. Il est immobile et silencieux, quand soudain une pensée d’orgueil lui vient au cœur. Il murmure en lui-même : Qui est-il celui-là pour que je sois ici à lui tenir la lampe comme un esclave ? Sans qu’il ait prononcé un seul mot, Benoît a entendu la pensée sortie de son cœur et il le reprend sévèrement en lui disant : « Signe ton cœur, mon frère ! Qu’est-ce que tu dis là ? Signe ton cœur !»

Benoît, avec l’inspiration de l’Esprit-Saint, a immédiatement entendu le murmure de son cœur. Cet épisode montre bien que l’obéissance due aux supérieurs va directement à Dieu.

La véritable obéissance est celle d’un cœur humble et pauvre. Au tout début de ce chapitre 5, il est dit : « Le premier degré d’humilité est l’obéissance immédiate. Elle se trouve chez ceux-là qui sont décidés à n’avoir rien de plus cher que le Christ ! » Obéir avec un cœur libre et humble, c’est suivre jésus, le parfait obéissant, qui a donné sa vie par amour de ses frères et pour son Père.

 

 

Père Claude
Prieur du Bec