»Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa; mâle et femelle il les créa. » (Gen 1, 27). En latin, il existe trois mots pour préciser ce que dit le texte original: homo, le genre humain, qui englobe l’homme, vir (mâle), et la femme, mulier (femelle).
Une mauvaise lecture du texte de la Création déduit, du fait qu’Ève soit tirée du côté d’Adam, que la femme est inférieure à l’homme. Or, le texte dit bien que c’est l’être humain, l’homme et la femme en relation mutuelle, qui est l’image de Dieu.Que l’homme se soit approprié l’exclusivité du magistère est une grave déviance, un abus de pouvoir, dirait-on aujourd’hui. Ce n’est pas une question de féminisme primaire, auquel cas il suffirait de concéder aux femmes quelques places dans le gouvernement des communautés, avec pouvoir de décision, et cela calmerait leurs velléités égalitaires … Ce n’est même pas une question de parité, de complémentarité, mais de théologie: Dieu n’est pas homme, mais tout autre, et c’est l’homme (vir) et la femme (mulier) unis entre eux, qui en sont, pour nous humains, l’image la plus juste (homo).
Que déduire de cette révélation? L’ordination diaconale et presbytérale des femmes? Ce n’est pas de mon ressort, quelle que soit mon opinion. Ce que je crois, c’est que nous avons tous une profonde conversion à opérer :
- Nous, hommes, en considérant que nous ne sommes qu’une moitié de l’humanité, que nous sommes nés d’une femme, que nous ne sommes ce que nous sommes qu’avec elle(s),
- Vous, femmes, en considérant que votre baptême vous donne d’être « prêtres, prophètes, reines », tout autant que nous.
Ces propos ne sont pas révolutionnaires, mais évangéliques. Les femmes n’ont pas à revendiquer une place, des droits, mais à rappeler à l’Église qu’elle est le peuple de Dieu composé d’hommes et de femmes à l’image de Dieu, dans le Christ ressuscité: il est le Premier né de la Création nouvelle dans laquelle il n’y a plus l’homme et la femme en concurrence ou opposés, mais réconciliés.
Fr. Paul-Emmanuel
Abbé du Bec