Toute cette semaine, c’est Dom Mark-Ephrem Nolan, abbé de Holy Cross à Rostrevor en Irlande du Nord et en séjour d’une semaine chez nous, qui donnera, sans papier, un commentaire de la Règle. J’en propose un compte-rendu à partir de quelques notes prises au Chapitre:
CHAPITRE 55 : DES VÊTEMENTS ET CHAUSSURES DES FRÈRES.
Dimanche 8 août :
Pour certains d’entre nous, il peut être plus facile de donner que de recevoir. Sachons du moins, accueillir les dons et les grâces du Seigneur avec gratitude et simplicité. Dieu nous donne souvent par nos frères ; soyons attentifs à percevoir leurs besoins et à y répondre avec charité.
CHAPITRE 56 : DE LA TABLE DE L’ABBÉ.
Lundi 9 août :
Il n’y a pas que saint Benoît qui parle des repas dans sa Règle. Si on la compare avec d’autres règles monastiques, on peut voir l’importance de la table comme lieu de communion. Déjà, dans le Nouveau Testament, les Évangélistes mentionnent nombres de repas de Jésus qui invite ou est invité. Tout repas est une occasion d’accueillir le prochain en partageant la même table, car le Christ nous demande de toujours partager, de donner ce que l’on a reçu. Nous sommes appelés à vivre une vie de communion et à rendre grâce, non seulement pour la nourriture qui vient de la cuisine, mais aussi à rendre grâce pour tout ce qu’on peut recevoir de l’autre qui deviendra ainsi notre prochain, notre frère.CHAPITRE 57 : DE CEUX QUI EXERCENT UN MÉTIER DANS LE MONASTÉRE.
Mardi 10 août :
Ce que saint Benoît veut nous proposer dans toute sa Règle, c’est une vie honnête. C’est ce qu’il nous dira en conclusion de sa Règle, au dernier chapitre : « Nous avons écrit cette Règle afin qu’en l’observant dans les monastères nous montrions quelque peu que nous avons une vie honnête et un commencement d’observance. » L’honnêteté n’est pas réservée seulement aux objets créés dans le monastère, mais elle est aussi souhaitable dans toutes nos relations, à commencer par celles en communauté. L’honnêteté doit être à la base de tous les rapports entre nous. Il y a quelque fois une charité qui n’est pas bonne, car malhonnête. Et comme le disait un Père Jésuite : « Ce qui n’est pas net, n’est pas honnête ! »
CHAPITRE 58 : DU RITE DE LA RÉCEPTION DES FRÈRES.
Mercredi 11 août :
En lisant ce chapitre, on pourrait penser à ceux qui demanderaient à entrer dans notre communauté, à des postulants! Aujourd’hui, on doit l’entendre en pensant à nous-mêmes. Comment écoutons-nous ce que nous dit saint Benoît? Pouvons-nous l’écouter comme s’adressant à nous-mêmes ? Si on ne se pose plus les questions soulignées ici, sommes-nous encore moine ? Où en sommes-nous par rapport aux offices liturgiques? Comment les vivons-nous ? Et par rapport à la Lectio, à la Parole de Dieu ? Continue-t-elle à nous vivifier ? Où en sommes-nous avec l’obéissance que nous avons promise ?
La vie continue autour de nous et pour les autres, mais vivons-nous encore vraiment ? Osons-nous nous laisser questionner par ce chapitre en nous demandant où nous en sommes dans notre recherche de Dieu, et si nous répondons vraiment aux exigences de la Règle.
Jeudi 12 août :
« Accueilles-moi, Seigneur, selon ta parole, et je vivrai ; ne me déçois pas dans mon attente ». Ce verset du psaume 119, 116 nous rappelle ce que Marie a spontanément répondu à l’ange : « Qu’il me soit fait selon ta parole ». Son ‘’oui’’ n’a pas été prononcé seulement à l’Annonciation, mais elle l’a répété tout au long de sa vie, à la Présentation comme jusqu’au pied de la croix.
Notre ‘’suscipe’’ doit, non seulement nous accompagner, mais aussi, il doit nous garder pendant toute notre existence, et surtout pendant les moments difficiles et à notre mort où ce seront les frères qui le rediront pour nous. Nous devons le garder, l’entretenir en nous pour nous rappeler notre engagement. Car, comme nous le rappelle saint Benoît, c’est tous les jours que nous nous offrons au Seigneur, « sans rien nous réserver, sachant que nous n’avons même plus pouvoir sur notre propre corps ». Oser, chaque jour recommencer notre engagement, c’est aussi éviter d’acquérir des habitudes de routines et d’oublier ce que nous avons promis lors de notre profession.
CHAPITRE 59 : DES FILS DE NOBLES OU DE PAUVRES QUI SONT OFFERTS.
Vendredi 13 août :
Ce geste d’offrande dans la nappe de l’autel, si évocateur, doit nous rappeler que nous sommes appelés à vivre de et dans l’offrande de Jésus-Christ. C’est chaque jour que nous avons à offrir tout ce que nous sommes, tout notre être au Père, dans l’oblation de son Fils.
Saint Benoît est clair dans son message : nous ne pouvons pas rester dans l’indécision et le compromis ; il faut nous engager clairement et définitivement. Nous engager, c’est nous offrir sans retour en arrière. C’est le sens du mot oblat dans le vocabulaire liturgique. Les oblats de la liturgie eucharistique sont en effet bien peu de choses : un peu de pain, un peu de vin. Mais comme pour l’offrande des cinq pains et des deux poissons de l’enfant qui a permis de nourrir 5000 hommes dans le désert, l’offrande de notre pauvre vie, le Seigneur la transformera en nourriture de vie pour tous. Si nous n’offrions pas ce peu de pain, ce peu de vin avec tout nous-même, il ne pourrait pas y avoir de sacrement eucharistique.
CHAPITRE 60 : DES PRÊTRES QUI VOUDRAIENT HABITER DANS LE MONASTÈRE.
Samedi 14 août :
Père Claude reprend ce matin les commentaires de la Règle :
La question posée ici à celui qui se présente – en l’occurrence un prêtre – n’est pas sans rappeler la question particulière de Jésus à Judas au jardin de Gethsémani : « Mon ami, pourquoi es-tu venu ? » On connait la suite… Mais il y a un autres texte de l’évangile, à la connotation plus positive, auquel on peut ici faire référence, c’est lorsque Jésus déclare à ses disciples : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; c’est moi qui vous ai choisi » (Jn. 15).
Si l’on se présente au monastère, c’est parce qu’il y a d’abord un appel de Dieu auquel nous répondons. Cet appel est le même pour tous, que l’on soit prêtre ou laïc. Si quelqu’un est déjà prêtre, il doit s’engager à garder la discipline de la Règle comme chacun. C’est cela faire ce que le Seigneur nous commande. Tous partagent la même vocation ; tous ont entendu le même appel à suivre le Seigneur dans l’observance de la Règle et la stabilité dans un monastère.