Commentaires de la Règle de saint Benoit – S16

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 61 : DES MOINES ÉTRANGERS ; COMMENT LES RECEVOIR.

Dimanche 15 août :

Commentaire de Dom Guillaume :

« Du moine étranger qui demande l’hospitalité, comme de celui qui désire entrer dans la communauté, saint Benoît n’attend qu’une seule chose : qu’il se contente de ce qu’il trouve ; ni plus, ni moins. Le grand signe d’une vocation monastique authentique est cette capacité de prendre ce qui est donné, sans exiger davantage, mais aussi, sans se défiler devant ce qui est demandé.

D’ailleurs, la vie de chaque jour permet de discerner s’il en est bien ainsi car le quotidien est le meilleur critère pour juger d’une vocation véritable. Les grandes phrases et les efforts ne suffisent pas car, dans la vie quotidienne, tout finit toujours par se voir […]

Pour connaître un frère, il n’est pas toujours nécessaire de savoir ce qu’il a fait avant d’entrer, ou de connaitre sa famille. Mais il suffit de le voir vivre, au jour le jour. Il suffit de voir comment il se comporte avec les autres, surtout les frères plus fragiles. Il suffit de le voir dans le travail et les services communautaires, surtout les plus simples et les moins enviés. Il suffit de le voir, à l’église, au scriptorium, au réfectoire, pour le connaître bien mieux et plus lucidement qu’il ne se connaît parfois lui-même, pour discerner s’il cherche vraiment Dieu ».Lundi 16 août :

Dans ce chapitre, quelques points peuvent être retenus. Ce qui n’est pas dit, mais qui est un fait, c’est que nous faisons vœu de stabilité dans une communauté. Ce vœu nous attache à un lieu, mais surtout à une communauté. Il ne doit pas, pour autant, nous faire considérer cette communauté comme une citadelle fermée à toute influence étrangère ; au contraire, elle doit être capable d’accueillir l’étranger qui se présente, l’hôte, bien sûr, mais parfois aussi, un moine venu d’ailleurs. Il peut être de passage.

Il vient avec humilité, sans exigences particulières. Mais saint Benoît dit qu’il peut parfois faire des suggestions. Sommes-nous alors capables de l’accueillir avec discernement ou resterons-nous sur la défensive, et même dans une attitude de rejet ? Mais parfois, ce moine étranger ne peut pas rester. Parfois aussi, le moine venant d’un autre monastère demande à fixer sa stabilité là où il est accueilli. Beaucoup de monastères connaissent cette situation.

Nous devons toujours nous rappeler que c’est l’appel du Christ qui nous attire, qui nous rassemble pour son service. Il nous faut donc avoir assez d’humilité pour reconnaître cet appel chez nos frères, qu’ils soient au monastère depuis longtemps ou plus récemment. C’est ensemble que nous formons le Corps du Christ, la communauté appelée à le servir, et que nous nous édifions mutuellement. Nous avons une relation personnelle au Christ, mais nous ne vivons pas seuls, chacun pour soi. Nous reconnaissons le Christ présent dans chacun de nos frères.

 

CHAPITRE 62 : DES PRÊTRES DU MONASTÈRE.

Mardi 17 août :

Lorsqu’on lit ce chapitre sur les prêtres du monastère, il nous semble évident que le sacerdoce du moine n’est pas un statut à part qui pourrait le dispenser de l’observance de la Règle. Or, si saint Benoît insiste tant sur le fait que le moine prêtre doit obéir à la Règle, et même plus qu’auparavant, c’est qu’il a certainement été témoin de cas plus ou moins flagrants de désobéissance de la part de moines prêtres, certains étant tombés dans l’élèvement et l’orgueil. Il a pu même y avoir des scandales publics entrainant l’exclusion du monastère.

Le sacerdoce ne dispense donc pas de l’obéissance à la Règle. Bien plus, il exige une fidélité beaucoup plus grande et la pratique de l’humilité et de l’obéissance. Le sacerdoce est d’abord un service : service liturgique, service de l’autel, service pour la communauté. Et dans une certaine mesure, service pastoral dans le cadre du monastère avec, exceptionnellement un service à l’extérieur. Le sacerdoce doit nourrir et renforcer la vie spirituelle du moine pour qu’il grandisse de plus en plus en Dieu.

 

CHAPITRE 63 : LES RANGS DANS LA COMMUNAUTÉ.

Mercredi 18 août :

      C’est un principe dans toute communauté de respecter le rang occupé par ses membres d’après leur ancienneté. On suit en général l’ordre d’entrée au monastère, ou, ajoute saint Benoît, le mérite de leur vie ou encore une décision de l’abbé.

Ce principe est un facteur d’ordre et de paix. C’est pourquoi, on s’y tient. Cependant, si, par inadvertance un plus jeune prenait le pas sur un ancien, que celui-ci n’en fasse pas un ‘’casus belli’’. Il faut toujours relativiser la faute.

Mais plus profondément, ce qu’il faut voir dans cet usage, c’est ce qui nous réunit, c’est-à-dire l’appel de Dieu auquel nous avons répondu. Et nous savons que le Christ a choisi la dernière place, qu’il s’est fait le serviteur de tous. Et cela, il le montre au moment où les disciples se querellent pour savoir qui est le plus grand parmi eux. Et nous connaissons la réponse : les hommes réagissent de telle manière… pour vous, il ne doit pas en être ainsi ; que le plus grand se fasse le serviteur de tous. Quelque fois des plus jeunes peuvent parvenir à la sainteté plus rapidement que des anciens. Rappelons-nous la « course de géant »  de sainte Thérèse de Lisieux.

Donc, le respect des rangs est utile pour le bon ordre, mais ce n’est pas le but visé. L’essentiel est que nous sommes tous appelés à suivre le Christ, que nous ayons un an ou soixante ans de vie monastique.

 

Jeudi 19 août :

     La suite de ce chapitre 63 insiste sur le respect mutuel qui doit habiter toutes nos relations, tant des jeunes vis-à-vis des anciens, que des anciens vis-à-vis des jeunes. Le respect est fait de simplicité et de délicatesse. Sa caricature serait une attitude guindée et hautaine qui pourrait cacher une absence de sincérité. Son opposé peut être une familiarité trop facile qui pourrait tourner à la vulgarité ou même à la grossièreté.

Le respect n’empêche pas la proximité, mais avec une certaine réserve. Surtout, il est le signe que l’on considère la présence du Christ en chacun puisque nous avons tous répondu à son appel. Plus largement, saint Benoît recommande de voir le Christ en tout homme.

C’est cet appel que chacun a reçu du Christ qui unit les membres de la communauté. Tout dans la manière de nous comporter les uns avec les autres doit exprimer l’amour que nous avons pour le Christ et les uns pour les autres.

 

CHAPITRE 64 : DE L’ORDINATION DE L’ABBÉ.

Vendredi 20 août :

     Dans ce nouveau chapitre sur l’abbé, saint Benoît aborde la question de son choix. Il est élu, non à la manière d’une personnalité politique, mais dans un esprit de crainte de Dieu. Il est élu pour tenir la place du Christ.

Saint Benoît met d’abord en garde contre un mauvais choix, ce qui serait cause de scandale pour l’Église locale. Après cela, il insiste sur les critères qui doivent présider à ce choix : mérite de sa vie, doctrine de sagesse, prédication par la parole et par l’exemple. Puis seront détaillées toutes les qualités qu’un abbé doit avoir.

Nous avons en ce moment des modèles de saints abbés : aujourd’hui avec saint Bernard de Clervaux dont c’est la fête et hier, avec saint Bernard Tolomeï. Chacun a été un père pour sa communauté en se donnant à elle jour après jour, avec toujours le souci de communiquer la vie divine aux brebis qui leur étaient confiées.

 

Samedi 21 août :

La suite de ce chapitre énumère les qualités que doit avoir l’abbé et précise la façon dont il doit gouverner. Ce qui ressort de cet ensemble, c’est la nécessité de la mesure, de la discrétion, de la miséricorde. Cela demande une grande attention aux personnes. L’abbé doit agir et décider avec discernement dans la correction ou pour demander un effort. Sa référence doit toujours être celle de la Règle et de la Parole de Dieu. Il ne doit pas se laisser influencer par des pressions extérieures, parfois contradictoires, ni par celles de proches qui peuvent être intéressées ou partisanes. Mais il doit peser les avis pour voir s’ils sont en conformité avec la Sagesse et la Prudence. Il peut ainsi aider les personnes à prendre leur part de responsabilité et à entrer dans la liberté des enfants de Dieu.