Commentaires de la Règle de saint Benoit – S14

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 45 : DE CEUX QUI SE TROMPENT A L’ORATOIRE.

CHAPITRE 50 : DES FRÈRES QUI TRAVAILLENT LOIN DE L’ORATOIRE OU SONT EN VOYAGE.

Dimanche 1er août :

      Ce chapitre met l’accent sur deux points : l’appartenance à la communauté et le service de la prière.

Lorsqu’on est absent du monastère, pour un voyage, un déplacement exigé par un travail, un séjour en famille ou une autre raison, on ne cesse pas d’appartenir à sa communauté, on ne met pas sa vie monastique entre parenthèses. Depuis notre profession la vie monastique fait partie de notre être. Et puis, par notre vocation monastique, nous nous sommes engagés à servir le Seigneur et la célébration de l’œuvre de Dieu, l’office divin, est une priorité.

Donc, à l’extérieur, nous n’en sommes pas dispensés et nous restons unis à la communauté qui le célèbre aux heures prévues. Bien sûr, lorsqu’on est au dehors, il faut trouver le bon moment, le bon moyen pour célébrer les heures. Il peut être nécessaire de les adapter, l’essentiel étant de marquer ces temps de prière qui sont essentielles, à la fois sur le plan personnel, car nous sommes engagés à la suite du Christ, et sur le plan communautaire, car nous appartenons ç une communauté de frères et nous ne pouvons pas nous affranchir de ce lien.

La communauté est le lieu où nous servons le Christ reconnu dans les frères. La Règle nous le rappelle dès le début. Ce lien communautaire est un soutien indispensable pour notre vie spirituelle.

CHAPITRE 51 : DES FRÈRES QUI NE VONT PAR TRÈS LOIN.

Lundi 2 août :

Le repas monastique a une valeur quasi liturgique en réunissant la communauté. C’est pourquoi, manger au dehors sans en informer l’abbé, c’est se couper de la communauté. Saint Benoît dit que si le frère va au dehors sans l’ordre de l’abbé, il est excommunié. Or, ce n’est pas tant l’abbé qui l’excommunie – autrement dit le sépare de la communauté – que lui-même qui se sépare volontairement ou inconsciemment. Aussi, devons-nous veiller sur les raisons de nos sorties, et sur les repas pris à l’extérieur, si cela doit arriver. Quelquefois, l’avis et l’agrément de l’abbé peuvent aider à discerner nos motivations et si la sortie sera utile ou nécessaire en gardant le frère dans l’intimité de la communauté.

 

CHAPITRE 52 : DE L’ORATOIRE DU MONASTÈRE.

Mardi 3 août :

« L’oratoire doit être ce que dit son nom » nous dit saint Benoît en début de ce chapitre. Il y a deux aspects qu’il ne faut pas oublier : l’oratoire est d’abord la Maison de Dieu, et comme on le rappelle pour la fête de la Dédicace : « Que ce lieu est redoutable ». C’est ensuite le lieu de la prière où dans la prière liturgique comme dans la prière personnelle, chacun peut rencontrer le Seigneur. Et comme le dit la note de ce chapitre dans l’édition DDB de 1965 : « La sainteté de l’oratoire  ne vient pas tant de ce que les hommes y vont prier, que de la Présence de Dieu : « C’est la Maison de Dieu et la porte du ciel » (Gn. 28,17). Or, dans l’Écriture, cette demeure de Dieu parmi les hommes porte un nom : c’est la Tente de réunion qui accompagne les Hébreux dans le désert. C’est aussi cette Présence de Dieu qui remplit le Temple de Salomon. Combien plus les églises chrétiennes et nos oratoires de monastères ! « Que par conséquent la Gloire de Dieu emplisse ce lieu. »

 

CHAPITRE 53 : DE LA RÉCEPTION DES HÔTES.

Mercredi 4 août :

Si les conditions matérielles avec lesquelles on accueille les hôtes ont évolué, puisque nous ne sommes plus au temps de saint Benoît, et qu’aujourd’hui il y a davantage d’exigences (nous en savons quelque chose avec les travaux prévus à la maison des hôtes), l’esprit dans lequel les hôtes sont reçus reste cependant le même. Et si la communauté ne va plus au-devant d’eux pour leur arrivée, c’est dans la prière qu’ils sont reçus, lors du premier office auquel ils assistent. Sur ce point, nous essayons de leur faciliter la participation au moyen des psautiers et des textes des chants.

Une des façons de les honorer est aussi de respecter leur silence, leur recueillement, leur recherche de Dieu, sans s’immiscer dans leur vie. Le frère hôtelier veille à écouter leurs demandes et à leur rappeler certaines observances. En les recevant, c’est le Christ que nous recevons, surtout, dit saint Benoît, dans les pauvres et les pèlerins.

 

Jeudi 5 août :

Les hôtes qui viennent au monastère sont là pour un temps de retraite, de réflexion, de recherche de Dieu. Ils quittent leur vie habituelle, familiale, professionnelle ou autre, pour prendre un temps de recul, de distance. Et même s’ils ne viennent pas dans un hôtel de luxe, ils ont besoin de se sentir accueillis dans un cadre paisible et accueillant. C’est ce que nous essayons toujours de leur proposer.

Mais ils ne viennent pas non plus pour de simples vacances, c’est avant tout, encore que cela puisse varier selon les personnes, pour chercher Dieu, pour trouver un climat de silence et de prière. C’est ce que doit leur proposer la communauté qui les accueille, par la célébration des offices, dans un climat de prière et de silence qui habite le monastère, par le témoignage de notre service et de notre charité fraternelle. Sauf exception pour ceux qui demandent à rencontrer un frère, nous devons respecter leur réserve, leur vie personnelle, sans intrusion ni indiscrétion.

 

CHAPITRE 54 : SI UN MOINE PEUT RECEVOIR DES LETTRES OU AUTRE CHOSE.

Vendredi 6 août :

Ce chapitre touche la question de l’appropriation que saint Benoît considère comme un vice, et de son contraire, le détachement, le renoncement aux biens pour ne s’attacher qu’au Christ. Le moine ne peut garder pour lui ce qu’il reçoit, mais le remettre à l’abbé qui jugera de ce qu’il faut en faire et à qui le donner. C’est lui qui peut voir à qui cela peut être utile ou s’il faut le destiner à l’ensemble de la communauté. Celui qui a reçu le cadeau pourra s’en détacher, ne pas s’attrister et ainsi devenir libre pour le Christ seul.

Nous savons bien que nous avons toujours tendance à nous constituer des sécurités matérielles, des compensations à toutes sortes de frustrations car nous avons peur du manque. Ces détachements ne doivent pas nous révolter, mais au contraire, nous libérer de ces peurs, et nous rendre disponibles pour suivre totalement le Christ qui, possédant tout, s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa divinité. On sait que ce travail peut durer jusqu’à notre mort. Et en même temps, ce détachement doit nous sortir de nous-mêmes pour nous ouvrir aux besoins des autres et nous donner ainsi le sens du partage et du bien commun.

 

 

CHAPITRE 55 : DES VÊTEMENTS ET CHAUSSURES DES FRÈRES.

Samedi 7 août :

La première partie de ce chapitre traite des vêtements. Saint Benoît considère l’aspect pratique de l’habillement qui doit être adapté aux circonstances locales, lieu et climat. Les moines doivent avoir le nécessaire tout en évitant le superflu. Et en même temps, l’habit doit être adapté aux besoins de chacun ; en cela saint Benoît fait preuve de sens pratique.

Outre son côté pratique, l’habit monastique a acquis une valeur symbolique. Si, dans les débuts de la vie monastique, il se confondait avec celui des habitants du lieu, l’habit est devenu ensuite le symbole de la consécration à Dieu avec le retrait du monde, l’appartenance à une communauté – on évite de se singulariser – et l’engagement dans la vie nouvelle à la suite du Christ.

 

Père Claude
Prieur du Bec