25ème dimanche du T.O – Marc (9, 30-37)

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Catégorie : Homélies

Évangile : « Le Fils de l’homme est livré… Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le serviteur de tous »

En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.

Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux...
"Je suis le salut de mon peuple, dit le Seigneur, dans toutes les épreuves, s'il crie vers moi, je l'exaucerais, je serai son Seigneur pour toujours." Ps 36

Homélie :

« Je suis le salut de mon peuple, dit le Seigneur, dans toutes les épreuves, s’il crie vers moi, je l’exaucerais, je serai son Seigneur pour toujours. » c’est par ce champ d’entrée qui a commencé notre célébration dominicale. Le compositeur de cet introït a repris les derniers mots du psaume 36 : »le Seigneur et le salut pour les justes, leur abri au temps de détresse. », en les plaçant dans la bouche de Dieu. C’est donc le Seigneur en personne qui invite son peuple à mettre en lui toute sa confiance. Ce peuple, c’est l’ensemble des justes, de ceux qui sont éprouvés, accabler, persécuté. C’est le peuple d’Israël. C’est aussi nous tous qui sommes appelés à être ses disciples.

1/ Cette promesse de salut touche le cœur de ceux qui demandent justice, comme l’exprime le psaume de ce dimanche : »Par ton nom, Dieu, sauve-moi, par ta puissance, rends-moi justice. Dieu entends ma prière, écoute les paroles de ma bouche. » C’est la prière du juste tourmenté et mis à mort dans le livre de la Sagesse, cet écrit tardif de la Bible qui fait écho aux persécution subies par les Juifs dispersés en milieu païen.

Parce qu’il est fidèle à la loi de Dieu, le juste suscite la jalousie et l’hostilité de ceux qui médite le mal, car sa conduite est pour eux un vivant reproche. Cette haine peut aller jusqu’à la mise à mort. Cette figure du juste symbolise tous les hommes qui suivent les commandements du Seigneur.

Par leur fidélité, les justes confessent leur foi en Dieu. Paradoxalement dans ce texte de la sagesse, cette confession de foi est exprimée par les persécuteurs, mais sur un mode interrogatif et même ironique : »Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera ! » et encore : « Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui. » C’est que, même si les persécuteurs persévèrent dans leur mauvais dessin, cette fidélité des justes envers le Seigneur les interroge et ne les laisse pas indifférents. Leur beau témoignage finit par intriguer même les cœurs les plus fermés.

De même, sur la croix, Jésus subira les railleries et les injures des passants. « Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix. » et encore : »Il a compté sur Dieu, que Dieu le délivre maintenant. » Et enfin : « Laisse, voyons si Élie va venir le sauver ! » mais rien de tout cela n’arrive. Jésus va jusqu’au bout de son sacrifice.

2/ C’est justement à cet événement capital de sa mort et de sa résurrection que Jésus prépare l’esprit et le cœur de ses disciples. Une première fois – et c’était l’évangile de dimanche dernier – Jésus annonce qu’il doit souffrir, être rejeté et condamné à mort, puis ressusciter. Nous entendons aujourd’hui la deuxième annonce de la Passion et il y en aura bientôt une troisième. Entre ces trois annonces, il leur expose les conditions nécessaires pour le suivre.

Il vient d’être reconnu comme le Messie par les disciples mais il veut dès lors écarter de leur esprit tout ambiguïté au sujet de sa mission : Elle n’est pas humaine, temporelle ou politique. Jésus est l’envoyé du Père qui révèle aux hommes l’amour de celui-ci, dans la faiblesse et l’humilité, non dans la force et la grandeur.

« le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes, ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » La déclaration de Jésus est si brutale qu’il ne la comprenne pas sur le coup. Il faudra que tout se réalise pour qu’ils saisissent le sens de ces paroles. Pour le moment, ils attendent un Messie glorieux et Jésus leur annonce tout le contraire : Souffrances, humiliations et mort cruelle. En fait, c’est le Père qui offre son Fils et qui permet ses souffrances et sa mort pour montrer aux hommes son amour et son pardon. Il ne l’abandonne pas et le relève du tombeau. Le plan divin, assumé librement par Jésus, s’accomplit pleinement dans la victoire de l’Amour sur la mort et le péché.

3/ Si Jésus assume dans sa Pâque les souffrances de tous les justes qui l’ont précédé, il donne également sens à celles de tous ses disciples persécutés, des martyrs de tous les temps, qui, par fidélité à son nom et à sa Parole, lui offre leur vie.

Quant à nous, même si nous reconnaissons le sens pascal de la mission de Jésus, nous restons bien souvent comme les apôtres dans une attitude d’incompréhension. Nous restons prisonniers de préoccupations trop humaines, de nos ambitions et de nos rêves de grandeur au lieu de nous investir dans le service et le don de nous-mêmes. La lettre de Saint-Jacques nous montre les conséquences de ces convoitises, de ces jalousies, de ces rivalités : Elles nous mènent aux conflits, aux guerres et au meurtre. En contemplant Jésus souffrant, mort et ressuscité, nos cœurs pourront se convertir et s’engager sur le chemin de l’humilité. Il nous indique la voie à suivre : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier et le serviteur de tous. »

4/ Et pour frapper les esprits, Jésus pose un geste fort : Il prend un enfant, le place au milieu d’eux, l’embrasse et leur dit : »Celui qui a accueilli en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

En mettant un enfant à la première place, Jésus nous invite à regarder et aimer ce qu’il y a de plus faible et de plus humble dans l’humanité. Car l’enfant, au temps de Jésus, était compté pour rien. Par sa faiblesse et sa dépendance, il symbolise Jésus qui a pris la dernière place, celle des pauvres, pour se faire le serviteur de tous, jusqu’à subir la mort des criminels et des esclaves. Accueillir un enfant, un pauvre, un exclu, c’est accueillir Jésus lui-même qui a partagé leurs conditions, c’est accueillir le Père qui a consenti à l’humiliation de son Fils.

5/ Disciples de Jésus, pour répondre à son appel, tenons-nous à la dernière place, celle du serviteur, soyons prêts à donner notre vie comme Lui. Accepter de devenir comme un enfant, c’est nous reconnaître totalement dépendant de Dieu, c’est mettre en Lui notre confiance car, nous-même nous ne pouvons être sauvés.

Accueillir le pauvre, le faible, l’étranger au nom de Jésus, c’est Le reconnaître en eux, lui, le Fils de Dieu qui prend leur visage. L’Eglise est servante et pauvre lorsqu’elle accueille les petits qui sont les frères de Jésus. C’est par l’accueil et le service que nous pratiquons la vraie sagesse qui vient de Dieu, selon l’expression de Saint-Jacques, sagesse qui peut transformer le monde et donner des fruits de droiture, de justice, de miséricorde et de paix.

 

Fr Claude
Moine du Bec