Dimanche 30 juillet :
Le chapitre sur le travail manuel s’achève avec la mention du dimanche dont la particularité est évoquée en plusieurs endroits de la Règle. C’est le jour du Seigneur, et il est essentiellement consacré, mis à part les offices, à la lecture, dans la suite de ce qui est dit précédemment. Il s’agit de la lecture de la Parole de Dieu avec les commentaires des Pères, tout ce qui tend à la prolonger et à la faire comprendre.
Mais saint Benoît ajoute que l’on puisse assurer quand même tous les services indispensables, mais uniquement ceux-là. Les seuls travaux permis sont ceux de la vie courante, ceux qui sont commandés par la charité comme la cuisine, les services du réfectoire ou de l’église, les services des faibles et des malades. Et on voit combien saint Benoît tient compte de leur fragilité en leur permettant de leur donner une occupation proportionnée à leurs forces.
L’absence de travail le dimanche, entendons les gros travaux physiques ou tout travail productif, permet de consacrer ce premier jour au Seigneur ; c’est le jour de la Résurrection, jour de fête et de joie, où la liturgie tient une plus grande place avec la lecture et la méditation. Ainsi la grâce du dimanche peut rayonner sur toute la semaine pour la sanctifier.CHAPITRE 49 : DE L’OBSERVANCE DU CARÊME.
Lundi 31 juillet :
Même si saint Benoît demande que la vie du moine présente toujours une observance de Carême, nous savons par expérience que nous en sommes souvent bien loin ! C’est pourquoi, pendant le carême, il nous faut revenir à l’essentiel et, si possible, que cet effort dure le reste de l’année.
Nous restons trop souvent à la surface des choses, prenant des habitudes de facilité avec nombres de justifications. Alors, pendant le Carême, et saint Benoît y faisait déjà allusion dans le chapitre sur le travail manuel, il nous faut prendre du recul par rapport à nos intérêts, nos habitudes de facilité, comme à tout ce qui encombre nos vies et qui n’est pas l’essentiel, pour nous ajuster sur ce qui est le plus important : l’écoute de la Parole de Dieu, la prière, le service en renonçant à tout ce qui nous centre sur nous-mêmes pour nous ouvrir à Celui qui nous appelle et que nous voulons suivre sur son chemin de mort et de résurrection.
CHAPITRE 50 : DES FRÈRES QUI TRAVAILLENT LOIN DE L’ORATOIRE OU SONT EN VOYAGE.
Mardi 1er août :
Dans ce chapitre saint Benoît tient compte des réalités de la vie quotidienne lorsque certains travaux peuvent obliger les frères à être loin du monastère à l’heure de l’office. Mais toute absence dans l’obéissance maintient le lien avec la communauté. Ce lien s’exprimera notamment dans la prière, si possible aux heures régulières, à celles des offices célébrés au monastère. Saint Benoît demande à ce qu’ils soient célébrés, même seuls, comme les frères le pourront, sur le lieu de leur travail. L’essentiel c’est le rappel de la prière qui est notre premier devoir, le service gratuit pour Dieu. Et si l’office ne peut pas être célébré intégralement, du moins, consacrons un temps de prière à un moment proche de celui de l’office.
Saint Benoît rappelle ainsi l’importance de l’office divin qui est le premier devoir du moine. L’office pénètre nos vies et nous rappelle que nous ne nous appartenons plus ; nous appartenons au Christ que nous nous sommes engagés à servir en communauté et en Église.
CHAPITRE 51 : DES FRÈRES QUI NE VONT PAS TRÈS LOIN.
Mercredi 2 août :
Dans ce bref chapitre, saint Benoît envisage des situations qui peuvent sembler mineures en soi, mais qui font appel à notre conscience en traitant des petites sorties hors du monastère. Elles doivent avoir un but précis, car la tentation évoquée est celle de manger au-dehors sans l’autorisation de l’abbé, ou de s’attarder sans raison. Il peut y avoir alors une tentation de fuite lorsque nous pensons nous sentir libre à l’extérieur du monastère, alors que la vraie liberté se vit dans l’obéissance.
Saint Benoît rappelle la nécessité de l’obéissance qui permet de rester en lien avec la communauté et de demeurer dans l’unité. Lorsque saint Benoît évoque, à la fin de ce chapitre, le risque d’excommunication, il veut dire que de pas être dans l’obéissance sépare de la communauté et qu’ainsi, l’unité est brisée. L’obéissance n’est pas une servitude ; au contraire, elle est toujours libératrice.
CHAPITRE 52 : DE L’ORATOIRE DU MONASTÈRE.
Jeudi 3 août :
Dans l’Introït de la Dédicace, nous chantons la parole que Jacob a prononcé lorsqu’il s’est réveillé de son songe à Béthel : « Que ce lieu est redoutable, et je ne le savais pas ; c’est ici la maison de Dieu et la porte du ciel ».
Ces paroles disent bien ce qu’est l’oratoire, ou l’église du monastère, comme toute autre église, cathédrale ou simple chapelle : c’est le lieu de la Présence de Dieu. On y entre et on y reste avec respect ; c’est un lieu de prière, prière dite en commun ou prière personnelle. C’est un lieu de rencontre avec Dieu, dans le silence de la relation personnelle avec le Christ qui nous rassemble en Lui, que ce soit au cours de la célébration liturgique, de l’eucharistie ou de l’office divin. Temps de rassemblement en Église, avec les fidèles qui s’associent à notre prière ou viennent se resourcer spirituellement.
Nous devons donc veiller à donner le témoignage de notre vie de foi et de prière, sans ostentation, mais avec sincérité et vérité.
CHAPITRE 53 : DE LA RÉCEPTION DES HÔTES.
Vendredi 4 août :
De ce long chapitre sur l’accueil des hôtes, nous pouvons retenir quelques traits :
D’abord, l’hospitalité monastique selon saint Benoît a une caractéristique bien spécifique ; on n’accueille pas celui qui se présente dans un hôtel comme on peut en trouver ailleurs, mais on le considère avec le regard de la foi ; on le reçoit comme le Christ. Comme dans le chapitre sur les malades, saint Benoît cite la parole de Jésus dans la parabole du Jugement dernier chez saint Matthieu : « J’étais sans toit et vous m’avez accueilli » (Mt. 25). Et encore : « Qui vous accueille, m’accueille ».
Second point, nous croyons que Dieu habite chacun d’entre nous puisque nous sommes tous ses enfants. C’est l’Esprit Saint qui nous fait discerner le Christ en eux, et c’est toute la communauté qui accueille l’hôte. Mais en même temps, cet accueil doit être plein d’humanité ; on propose à celui qui arrive tout le nécessaire, surtout ce qui favorise sa quête de Dieu, comme le silence, la prière ou un entretien spirituel.
Enfin, et c’est le troisième point, tout cela demande de notre part humilité, respect et discrétion car le témoignage que nous avons à leur donner, est celui de notre propre recherche de Dieu pendant les offices et notre recueillement à l’église comme au réfectoire, en un mot, par toute notre manière d’être.
Samedi 5 août :
Saint Benoît élargit ici la réflexion à propos de l’hôtellerie et évoque la solidarité qu’il doit y avoir entre les frères pour assurer les différents travaux dont chacun est chargé. Nous devons rester attentifs les uns aux autres et nous entraider en fonction des besoins de chacun. Nous ne sommes pas isolés les uns des autres, chacun s’acquittant uniquement de son service sans regarder ce que fait son frère ; certains pouvant avoir un travail plus lourd qui demande de l’aide.
Et saint Benoît conclut en rappelant la nécessité du respect et de la discrétion qu’on doit garder à l’égard des hôtes. Leur séjour ne doit pas être troublé par les indiscrétions de frères. Nous ne devons pas chercher à entrer en contact avec eux s’ils ne l’ont pas demandé pour que leur séjour porte les meilleurs fruits.
Frère Claude
Prieur du Bec