6ème dimanche de Pâques – Jean (14, 15-21)

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Catégorie : Homélies

Évangile« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur »

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.

Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

Homélie :

En préparation à la fête de la Pentecôte, nous avons aujourd’hui la promesse que le Père enverra l’Esprit Saint, le Défenseur, qui accompagnera son Église à travers les tourmentes de l’histoire.

L’Église est née du souffle de l’Esprit. Alors qu’un petit groupe de personnes terrifiées et paralysées par la peur étaient enfermés derrière des portes verrouillées, l’Esprit Saint a ouvert ces portes et a envoyé les disciples  à travers le monde.

L’Esprit Saint c’est le printemps qui fait tout renaître avec exubérance. C’est un nouveau souffle qui redonne vie à la foi et à l’espérance enfouies sous des cendres de nos défaites et de nos désillusions.

Nous vivons dans une période de grandes turbulences. L’assistance dominicale est plus restreinte, les paroisses gèrent la décroissance avec difficulté, les églises se vident et se vendent, les communautés se regroupent pour former des unités pastorales, le personnel sacerdotal diminue de façon alarmante. L’Esprit Saint, notre Défenseur, nous aidera à traverser ce temps d’incertitudes et à trouver des nouvelles solutions aux besoins d’aujourd’hui. Il nous conseillera sur ce qu’il y a à conserver dans la tradition et nous donnera le courage de laisser tomber ce qui ne répond plus aux besoins de notre temps.

L’Église n’en est pas à sa première crise. Le texte des Actes des Apôtres (1ère lecture) raconte «la crise de la circoncision», qui a provoqué un changement majeur chez les chrétiens de la première génération. Les conservateurs de la communauté voulaient obliger tous les nouveaux baptisés à suivre les règles de la religion juive et à se faire circoncire. Paul et Barnabé n’étaient pas d’accord. L’Esprit Saint a permis que l’on en arrive à un compromis : «L’Esprit Saint et nous avons décidé…»

Par la suite, plusieurs autres règles, dont celles concernant les restrictions sur la nourriture, ont été abolies. Pierre raconte sa vision, dans les Actes des Apôtres : «Sur cette grande nappe j’y vis les quadrupèdes de la terre, les bêtes sauvages… J’entendis une voix me dire : Allons Pierre, immole et mange. Je répondis : Oh non Seigneur, car rien de souillé ni d’impur n’entra jamais dans ma bouche!… Le Seigneur répondit : ce que Dieu a purifié, toi ne le dis pas souillé.» (Actes 11, 6-10)

Les chrétiens ont ensuite remplacé le sabbat (samedi) par «le premier jour de la semaine», notre dimanche.

Dans sa lettre à Tite, Paul décrit ce que doivent être les responsables des premières communautés chrétiennes : «Chaque candidat doit être irréprochable, mari d’une seule femme, avoir des enfants croyants, qui ne puissent être accusés d’inconduite et ne soient pas insoumis. L’épiscope, en effet, en sa qualité d’intendant de Dieu, doit être irréprochable…» (Tite 1, 6) S. Pierre et la plupart des apôtres étaient mariés. On indique même que Pierre allait en mission accompagné de son épouse. Beaucoup plus tard, on fit le changement au célibat ecclésiastique.

Dans les premiers siècles, l’eucharistie se célébrait en langue grecque. C’était la langue que les gens comprenaient. Plus tard, on a imposé le latin partout dans le monde. Quand le concile Vatican II a autorisé la messe dans la langue des gens, les traditionalistes ont crié à la trahison.

Au 19e siècle, les valeurs de la révolution française : liberté, égalité, fraternité, paraissaient scandaleuses pour la majorité des chrétiens. Aujourd’hui on y reconnaît les fruits de l’Évangile. De même pour la démocratie, que l’Église a longtemps dénoncée et qui nous semble maintenant aller de soi.

Dans les premières communautés chrétiennes, l’eucharistie avait lieu autour de la table de famille. Lorsque le christianisme est devenu la religion officielle, les chrétiens ont commencé à la célébrer dans les églises. Au fil des ans, on en est venu à célébrer « dos au peuple». Vatican II a fait déplacer les autels pour revenir «face au peuple».

On pourrait aussi mentionner les changements dans les lois du jeûne, du calendrier liturgique, de la préparation aux sacrements, etc.

L’Église a connu des centaines et des centaines de changements à travers les siècles. C’est là un signe de vitalité et de capacité à s’adapter aux besoins du temps.

Quels sont les changements que nous croyons importants aujourd’hui? Le langage inclusif? Des homélies prononcées par des hommes et par des femmes? Des sermons qui ne sont pas limités à huit ou dix minutes? Des prêtres mariés? Des femmes prêtres? Une nouvelle façon de planifier la famille?

Le message du Christ n’est pas lié à une seule langue, à une seule liturgie, à une seule façon de faire, à un seul modèle d’Église, à un seul groupe à l’intérieur de l’Église, qu’il soit d’extrême droite, d’extrême gauche ou du centre. L’Église est ouverte à tous et «l’Esprit souffle là où il veut».

Dieu nous parle à travers les situations changeantes et nous invite à vivre notre foi dans un monde en constante évolution. Cet Esprit est pour nous source de vie nouvelle. Il nous guide, nous accompagne et nous donne le courage de faire face à toutes les situations difficiles de nos vies.

«Soyez sans crainte. Le Défenseur, l’Esprit Saint vous enseignera tout ce que je vous ai dit».

 

Père Yvon-Michel Allard, s.v.d.,
Directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin,
Granby, QC, Canada.
6eme dimanche 2010