Évangile : « C’est la plus petite de toutes les semences, mais quand elle grandit, elle dépasse toutes les plantes potagères »
En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »
Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.
Homélie :
Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous fait un cours de culture agricole avec deux courtes paraboles. Et cela, en écho avec la première lecture tirée d’Ézéchiel et du psaume. On parle de cèdre, de palmier, de blé, de moutarde (sénevé), de plante potagère, de semence.
En nous arrêtant sur la première parabole nous pouvons remarquer qu’il y a trois acteurs principaux : une semence, un terrain et un homme qui jette la semence en terre. Et pour qu’il puisse y avoir une bonne récolte, chacun doit faire ce qu’il lui revient.
La parabole dit que celui qui sème doit avoir deux autres attitudes afin que le grain puisse porter du fruit. La première est d’attendre. Cette attente signifie fondamentalement avoir confiance. Il s’agit d’abord d’avoir confiance dans la graine et dans la force qu’il contient.
Le grain est le don de Dieu et, à ce titre, il ne peut pas ne pas porter de fruit. Mais le semeur est aussi appelé à faire confiance dans la terre. C’est cette terre qui est à mon avis le véritable protagoniste de la parabole de ce jour. En effet, c’est elle qui produit spontanément : « l’herbe, puis, l’épi, et enfin le blé plein l’épi ».
Mais l’homme ne sait pas comment arrive ce mystère de maturation et de vie. Le grain germe et croît mais il le fait sans révéler le secret de sa force, sans montrer à personne son développement, lent mais assuré. Ainsi il ne s’agit pas seulement de savoir attendre, mais il faut aussi attendre en acceptant de ne pas savoir, de ne pas contrôler, de ne pas posséder le destin du grain.
Les deux paraboles entendues nous précisent la logique de Dieu. En affirmant que «cette graine c’est la plus petite des semences de la terre», Jésus lui-même nous montre par sa vie la logique de Dieu. Il s’est fait le plus petit de tous et le plus pauvre. Il a été enterré au tombeau. Mais sa résurrection à été le point de départ de la naissance de l’Église aux extrémités de la terre. Celle-ci a commencé petitement avec un groupe d’hommes insignifiants. Une Parole donnée par un homme simple, « le fils du charpentier » et la grandeur exceptionnelle du fruit qu’elle portera deux mille ans après.
Cet Évangile nous rejoint fondamentalement dans notre vie de chrétien, de foi et de confiance. Il nous fait voir le terrain que nous sommes nous. Le terrain qui est notre vie. Il nous le fait voir comme une terre qui est faite pour accueillir une semence de vie nouvelle, d’éternité, capable de générer quelque chose qui va au-de là d’elle-même et qui n’est pas seulement pour elle-même. Mais ceci demande de notre part de savoir attendre avec confiance et sans vouloir posséder la vie qui est semée en nous.
Frère Dieudonné
Moine du Bec