Homélie :
Comme une famille se réjouit à l’approche de la naissance d’un enfant, la famille-Eglise se réjouit en ce jour de célébrer la naissance de Jean-Baptiste.
Habituellement on ne fête pas la naissance des saints ; c’est le jour de leur mort qui est retenu et qui devient fête dans nos calendriers car la mort est une naissance au ciel. Par contre Jean-Baptiste comme Jésus, et comme aussi un petit nombre de saints privilégiés, est fêté en sa naissance. Pourquoi cette exception ?
Les deux naissances, celle de Jean et celle de Jésus, s’appellent l’une l’autre, se complètent dans leur signification :
= Le 25 décembre au solstice d’hiver où les jours allongent c’est la naissance de Jésus : il est la lumière du monde….
= Six mois avant le 24 juin au solstice d’été où les jours commencent à diminuer c’est la naissance de Jean-Baptiste, lui, le témoin de la lumière, lui qui avait dit de Jésus : « Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue ».
Et dans les textes bibliques de cette fête que pouvons-nous retenir ? Dans la première lecture, avec Isaïe, nous entendions :
Je dis : « J’étais encore dans les entrailles de ma mère quand le Seigneur a prononcé mon nom ». « Oui, j’ai du prix aux yeux du Seigneur ».
Jean : ce nom est précieux. Par son nom chacun de nous est unique pour le Seigneur : nous sommes chacune et chacun ses bien-aimés… personnellement présents dans son cœur et ses projets… et cela même avant notre naissance. Oui, nous avons du prix aux yeux du Seigneur. Je pense ainsi à tous les enfants déjà nés ou à naître, encore en devenir dans le ventre de leur maman. Tout enfant, comme Jean-Baptiste, est un être à respecter dès sa conception, à accueillir dans le monde avec joie, à accompagner dans la vie avec responsabilité et amour. De plus, Dieu veut se servir des enfants pour nous parler de lui.
« Je vais faire de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre ».
Jean Baptiste sera cette lumière, ce phare, ce projecteur montrant Jésus. Les enfants d’aujourd’hui, nous parlent aussi de Dieu et nous montrent sa présence au milieu de nous. Ils sont parfois nos maîtres et nos enseignants : ils nous apprennent à ne pas nous habituer à notre foi : leurs réflexions et leurs questions nous incitent à approfondir ce que nous disons, ce que nous croyons et ce que nous vivons. Ils nous regardent vivre et attendent de nous des attitudes conformes à nos convictions. Dans la deuxième lecture, Paul nous rappelle ce que Jean-Baptiste disait de Jésus :
« Celui auquel vous pensez, ce n’est pas moi. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de lui défaire ses sandales ».
Est-ce que nous savons savourer cette humilité de Jean ?
Rappelez-vous, cet homme rude, du désert, parlait avec un langage persuasif ; son message attirait les foules ; il avait de nombreux disciples… mais il s’efface devant Jésus… il le montre, le désigne… et là finit sa mission : « Le voici qui vient après moi » Oui, le précurseur de Jésus, le plus grand des prophètes ne vit que pour révéler Jésus, pas pour prendre sa place. Nous tous, peuple de Dieu, nous devons endosser l’humilité qui fut celle de Jean-Baptiste. Être tellement transparents que le Christ devienne visible à travers notre manière d’être et de servir. Cela est vrai pour tous. Nous devrions nous dire, en rencontrant nos frères et sœurs, qui sont images du Christ : je ne suis même pas digne de lui défaire ses sandales.
Et puis dans l’Evangile, après le récit assez atypique de la naissance de Jean-Baptiste, le texte se terminait par une question et son début de réponse :
« Que sera donc cet enfant ? »
En effet la main du Seigneur était avec lui. L’enfant grandit et son esprit se fortifiait.
Nous sommes nés pour être disciples de Jésus et pour préparer le cœur des hommes à l’accueillir. A l’exemple de Jean Baptiste, nous sommes appelés à donner le meilleur de nous-mêmes à cette mission en évitant de nous disperser dans des futilités.
Père Dieudonné
Prieur du Bec