Homélie du Très Saint Sacrement 2025
C’est la Fête-Dieu, ce dimanche, ou la fête du « Corpus Christi » (le Corps du Christ), ou la fête du Très Saint Sacrement, selon les appellations.
Pour comprendre le sens de cette fête, il faut se rappeler que le mot Eucharistie signifie Action de grâce. Quand nous venons à la messe, c’est d’abord pour rendre grâce au Seigneur. Nous lui disons merci pour toutes les merveilles qu’il réalise tout au long de notre vie.
Les sacrements sont les évènements qui continuent, dans le temps de l’Église, les grandes œuvres de Dieu, de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ainsi, dans ce sacrement de l’Eucharistie se prolonge le Don de la manne que Dieu fit à son Peuple dans le désert, mais aussi cette nourriture providentielle que reçut le prophète Élie au cours de sa longue marche de quarante jours et de quarante nuits dans le désert. Sacrement de l’Eucharistie encore préfiguré dans les évangiles par la multiplication des pains que Jésus accomplit au désert pour cinq mille personnes qui le suivaient ; préfiguré aussi, là de façon mystique, par le sang qui jaillit à la Croix de son côté transpercé.
Le sacrement de l’Eucharistie institué par Jésus au cours de ce que nous appelons « la Dernière Cène » : cette dernière Cène est sa Cène à Lui, Jésus, au cours de laquelle il donne « Quelque chose » de totalement nouveau, à savoir : Lui-même. Au cours de cette Cène, Jésus célèbre sa Pâques, il anticipe sa mort et sa résurrection.
Saint Jean dans son évangile, nous le savons, ne décrit pas cette dernière Cène comme un repas pascal juif, précisément, parce que Jésus entend inaugurer là quelque chose de totalement nouveau qui dépasse la Pâque juive. Il célèbre sa Pâque qui est liée bien sûr aux évènements de l’Exode, au passage de la Mer Rouge, à l’entrée dans la terre de Canaan, mais plus profondément, dans cette Cène il offre sa vie à lui, Jésus, le Fils de Marie de Nazareth.
Au centre de cette dernière Cène : les gestes de Jésus qui rompt le pain, le distribue aux siens, et partage la coupe de vin avec les paroles qui les accompagnent ; et ceci dans un contexte de prière, c’est l’institution de l’Eucharistie, c’est la grande prière de Jésus et de l’Église jusqu’à la fin des temps. On entend souvent dire : la messe c’est ennuyeux ! N’est-ce pas parce que nous avons oublié que c’est le don incroyable de Jésus à ses disciples d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Peut-être avons-nous besoin de prendre mieux conscience de cela ! Et d’être des témoins plus joyeux de ce qui nous arrive dans l’eucharistie, de ce don si étonnant. Avec l’institution de ce sacrement, Jésus institue les apôtres comme héritiers de ce sacrement pour en perpétuer l’action au sein du Peuple de Dieu qui leur est confié.
« Faites ceci en mémoire de moi » … ce Don de Jésus, de sa Vie, de sa Personne, devient un exemple tout en restant un Don. Être chrétien, frères et sœurs, c’est avant tout un Don, que nous recevons, qui se développe au cours du temps dans la dynamique de vivre et d’agir avec ce Don, et de se laisser transformer, transfigurer par ce Don. L’un de nos Pères dans la foi, st Léon le Grand, dit que notre participation au corps et au sang du Christ ne tend à rien d’autre qu’à devenir ce que nous recevons. Et encore le grand Augustin d’Hippone : « À ce que vous êtes, vous répondez au moment de la communion : « Amen », et par cette réponse, vous y souscrivez. Tu entends en effet : « le corps du Christ », et tu réponds : « Amen », sois membre du Corps du Christ pour que ton « Amen » soit vrai !»
Dans la Communion nous devenons ce que nous recevons. Cette Nourriture est indispensable à la vie de notre être chrétien. L’Eucharistie est la consommation du mariage entre le Christ et l’Église ; une vie qui se voudrait chrétienne sans la réception de l’Eucharistie, est semblable à un mariage ratifié mais non consommé ! Ce n’est pas pour rien qu’on dit que le mariage est le sacrement le plus proche de l’Eucharistie. A cause de la communion spirituelle et sensible qui existe.
On comprend que cette réception de l’Eucharistie exige de nous que nous soyons en état de le recevoir dans un cœur purifié, notamment par la réception du sacrement de Pénitence et de Réconciliation. Le Seigneur n’attend pas que nous soyons parfaits pour recevoir l’Eucharistie ; c’est pourquoi, très justement, la liturgie nous fait dire avant de communier, dans la Messe : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir » ; ce sacrement nous est donné pour nous aider, à devenir saint.
Frères et sœurs, en cette fête du Saint Sacrement où l’Église nous invite à méditer sur notre participation à l’eucharistie, rendons grâce à Dieu qui nous associe avec générosité à l’offrande de son Fils. Rendons-lui grâce pour la parole de vie qu’il nous délivre, pour le pain de vie qu’il nous partage, pour la mission qu’il nous confie.
Père Dieudonné
Prieur du Bec