A l’approche de Pâques, l’Église prépare les Catéchumènes au baptême et nous prépare avec eux à l’incorporation au Christ Jésus dans le mystère de sa Pâque.
Aujourd’hui, la rencontre de Jésus avec la Samaritaine nous aide à réaliser notre soif profonde de Dieu.
Nous ouvrir à la rencontre du Christ nous conduira, dimanche prochain, avec l’aveugle de naissance, à nous laisser transformer par la lumière de cette rencontre, tandis que le dimanche suivant nous révélera, avec la résurrection de Lazare, le Christ Seigneur, vainqueur de la mort, qui nous conduit par le baptême et l’eucharistie à communier à sa mort et sa résurrection.
La Parole de Dieu aujourd’hui nous parle de l’eau et de la soif, besoin vital, figure du désir qui nous fait vivre. Cette soif, ce désir, vient au jour dans nos rencontres. Jésus traverse la Samarie, un désert de la foi qui éveille sa soif. Au puits de Jacob, lieu de rencontre de Jacob et de Rachel, il demande à une Samaritaine : »donne-moi à boire! ». Jésus, vulnérable, étonne et désarme cette femme hérétique et l’ouvre à un échange improbable. Jésus avec un grand respect la fait passer de son besoin d’eau à l’émergence de son désir : « Si tu savais le don de Dieu, et connaissais celui qui te dit : « donne-moi à boire, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ». Elle ne comprend pas et reste à une soif d’eau.
Pour l’amener à son désir, Jésus l’interpelle sur son mari, à qui elle a confié sa vie. Elle n’en a pas ou plutôt elle en a eu cinq :La Bible exprime souvent l’Alliance de Dieu avec son peuple infidèle comme l’espérance que ‘L’épouse reviendra vers son mari’. A sa suite, l’antique tradition de l’Église voit, dans les cinq maris de la Samaritaine, les cinq peuples à qui s’est alliée la Samarie et qui ont enchaîné sa liberté intérieure jusqu’au culte des idoles. Saint Augustin y voit nos cinq sens tour à tour idolâtrés qui nous rendent infidèles. Posons-nous la question : vers quoi s’oriente notre désir ? acceptons-nous de nous dépouiller de nos idoles ?Laissons-nous monter librement notre désir de l’eau vive pour rencontrer vraiment Jésus ?
La Samaritaine affirme son désir de rendre un culte à Dieu. Jésus l’invite, et nous avec elle, à l’approfondir en adoration du Père en esprit et en vérité. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous, comme en elle, de nous dégager de nos idoles pour accueillir le Christ et en témoigner personnellement.
Jésus a vécu, est mort et ressuscité pour accomplir l’œuvre du Père et la confier à ses apôtres et à chacun de nous : donner à tous d’adorer le Père en esprit et en vérité en reconnaissant le Christ comme Sauveur du monde. C’est le cœur de la vraie liberté, jaillissement de la foi, de l’amour et de l’espérance comme une eau vive qui s’épanche en vie éternelle.
Fr. Jean Marie
Moine du Bec