Pourquoi la liturgie est elle nécessaire ?
C’est la question que posait le cardinal John-Henri Newman pour y répondre ainsi : « C’est pour préparer notre rencontre avec Dieu ».
Mais d’abord, il est sans doute nécessaire de rappeler ce qu’est la liturgie ? Car si nos grands-parents – ou sans doute aujourd’hui, nos arrières-grands-parents – allaient encore aux vêpres le dimanche après-midi, combien aujourd’hui savent ce qu’est un office religieux, combien y en a-t-il… et en fait, qu’est ce que la liturgie(1) et à quoi ça sert ?En Occident, la liturgie désigne la vie de l’Église elle-même à laquelle doivent s’associer tous les croyants. Et si la liturgie traite de l’ensemble de la vie de l’Église, puisqu’on parlera de la liturgie eucharistique, de la liturgie sacramentelle,… Newman ne semble parler dans son texte que de la liturgie des heures.
Ce sont surtout les monastères qui ont gardé toute la liturgie des heures avec ses 7 offices : laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies, selon le psaume : « 7 fois par jour je louerai le Seigneur ». Mais tous ces offices n’ont pas la même importance, ni la même longueur. Il y a deux grands offices : laudes et vêpres ; et cinq petits offices qui, même s’ils sont tous construits sur le même schémas, sont beaucoup plus courts. Ce qui faisait dire à un de nos hôtes : « J’aime beaucoup votre petite messe ! » Il voulait parler de l’office de none qui dure moins de 15 minutes !
Déjà Newman (1801-1890) à son époque se plaignait que les chrétiens –et pas seulement les jeunes- désertaient les célébrations liturgiques. Dans un entretien de décembre 1838 (P.P.S., vol. V, n°1), ne voulant laisser personne dans l’illusion, il disait : « Tous les temps, tous les lieux sont bons (dites-vous) pour rencontrer Dieu… A quoi bon ces célébrations ? Mais si vous ne consacrez pas un temps précis à Dieu, si vous ne Le rencontrez pas là où Il vous donne rendez-vous, jamais vous ne Le rencontrerez. Que ferez-vous alors quand Il viendra ? » On éprouve tant de joie à Le rencontrer !
Et Newman reprend dans son texte :
« A ceux donc qui se posent la question : pourquoi la Liturgie est-elle nécessaire ? Je leur ferai remarquer que la raison la plus évidente, c’est qu’un jour viendra où il leur faudra changer leur manière d’être. Ils ne sont pas pour rester toujours en ce monde ; or, pour rencontrer Dieu comme il convient, il faut entrer en relation directe avec Lui. Il faut se préparer à supporter sa vue.
Quel est donc, en ce temps de l’Avent, le sens de la Liturgie ? Sortir de soi-même pour rencontrer Christ, l’Époux divin de l’Eglise. Si nous ne Le contemplons pas maintenant dans la beauté de son Mystère, Il nous apparaîtra un jour comme un Feu consumant. La Liturgie a donc pour but de nous préparer tous ensemble à l’Avènement du Seigneur.
C’est là une grâce admirable que Dieu nous fait : Il nous offre Lui-même le moyen de nous préparer à cet Avènement. La Liturgie est ce moyen à notre portée. Quand nous entrons donc à l’église, en ce temps de l’Attente, disons-nous intérieurement : Un jour viendra où je verrai le Christ, Christ glorieux, dans la Lumière avec ses Anges. Aujourd’hui, je viens donc apprendre ici à contacter le Mystère du Seigneur, Lui qui seul est Saint, Lui dont la vision ne peut réjouir que ceux qu’elle n’anéantit pas. En ce monde, il faut se préparer à l’avance, si on entreprend de réaliser un grand projet. On y pense à jet continu ; on y exerce son esprit ; on s’y applique de façon exceptionnelle… Disons-nous donc aussi maintenant, en venant à l’église : je viens participer à la Liturgie de l’Église comme héritier du Royaume. A travers les psaumes, les hymnes, la louange, je me prépare à la rencontre avec le Seigneur ».
(1) Étymologiquement, le mot vient du grec : leitourgia à partir de leitos en grec qui se traduit par public et de ergon : œuvre. La liturgie est donc le culte officiel et public que l’Eglise rend à Dieu
Présenté par Frère Raphael
Moine du Bec
