7ème dimanche de Pâques – Jean (15, 9-17)

Publié le

Catégorie : Homélies

Évangile : « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. »

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :

« Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom, le nom que tu m’as donné.
J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.

Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

 

 

Qu'ils soient Uns, comme nous-mêmes
Par une conversion continuelle, nous sommes appelés à un renouvellement de notre cœur, de notre être et de notre agir à la lumière du Christ qui s'est abaissé et offert

Homélie :

L’église vient de célébrer l’ascension, à la fois dernière apparition de Jésus ressuscité au 11 apôtres et son retour dans la gloire auprès de son Père. Mais avant de les quitter, il leur a promis le don de l’Esprit-Saint qui sera leur soutien dans leur mission d’évangélisation et leur défenseurs dans la tribulation et la persécution. En cette neuvaine qui nous conduit de l’Ascension à la Pentecôte, nous veillons dans la prière avec les apôtres au cénacle. Comme eux nous sommes appelés à vivre dans la communion et c’est cette unité ecclésiale qu’ils recherchent, déjà inspirés par l’Esprit-Saint, en choisissant Mathias pour qu’il soit avec eux témoin de la résurrection du Seigneur.

Ici est particulièrement soulignée la nécessité que l’Ecriture soit accomplie. La désertion de Judas et son remplacement étaient déjà annoncés dans le livre des Psaumes. L’écriture est relue à la lumière de l’événement pascal. Le destin de Judas est aussi évoqué par Jésus dans l’évangile de ce dimanche, comme accomplissement de l’Ecriture.

Le passage de Saint Jean que nous venons d’entendre est extrait de la grande prière de Jésus au soir du Jeudi-Saint entre la Cène et sa Passion : c’est une heure dramatique. Judas vient de partir dans la nuit, « il va à sa perte » dit Jésus, et, peu après, il sera à la tête de ceux qui viendront l’arrêter. Jésus va donner sa vie et sa prière se fait plus instante. S’adressant à son père, il prie pour ses disciples en leur présence. Ses paroles prennent valeur de testament. Jésus y exprime le plus profond de son cœur, c’est tout son amour pour son Père et pour les hommes qui traversent sa prière avant de s’accomplir dans son sacrifice.

Jésus demande d’abord à son Père de garder ses disciples dans la fidélité à son nom. Il les a appelés à sa suite et les a formés. Il a veillé sur eux tant qu’ils l’ont accompagné. Ils vont maintenant être affrontés à l’épreuve de sa Passion et de sa mort, puis il disparaîtra de ce monde visible pour entrer dans sa gloire. Aussi demande il pour eux comme pour nous à son Père de leur donner sa force afin qu’ils continuent de croire en Lui, de vivre de Lui, de transmettre le message qu’il leur a confié.

Jésus prie ensuite son Père de les consacrer, de les sanctifier, comme il se consacre lui-même pour eux. Il s’offre lui-même à son père en donnant sa vie par amour sur la Croix. C’est en donnant leur vie à leur tour que les disciples seront sanctifiés par son amour. Jésus est le prêtre parfait qui s’offre comme victime sans tâche à son Père et qui lui offre ses disciples, et tous ceux qui, après eux, marcheront à sa suite.

Mais cette consécration des disciples ne se réalise pas totalement dans l’immédiat. Elle passe par une mission. Jésus envoie ses disciples dans le monde, bien que ni lui-même ni eux n’appartiennent au monde. Il faut en effet distinguer ici les deux sens qu’il donne à ce terme, si souvent employé dans cette page.

Le monde est d’abord le lieu où vivent les hommes. Il est la création de Dieu. Par son incarnation, Jésus est venu dans ce monde, il a pris sur lui notre humanité. Les disciples sont de ce monde et nous-mêmes avec eux. Mais lorsque l’Évangile est écrit, Jésus ne lui appartient déjà plus car sa résurrection inaugure la création nouvelle à laquelle nous aspirons.

Dans ce passage de l’évangile de Jean, Jésus désigne par « monde » l’ensemble des forces hostiles qui se déchaînent contre la parole de Dieu, contre Jésus et tous ceux qui veulent lui demeurer fidèles. C’est ce monde du mal qui a pris en haine les disciples, car la parole de Dieu vient dénoncer le péché. Saint Jean évoque les persécutions que subissent les chrétiens en ces débuts de l’Église, persécutions qui sévissent tout au long de l’histoire de l’Église.

Appeler à vivre dans le monde sans être du monde, les disciples sont envoyés par Jésus annoncer le message de son amour, la bonne nouvelle de sa résurrection, source de salut pour tous. C’est ainsi que Mathias est choisi par Dieu lui-même à la prière de l’Assemblée réunie autour des apôtres pour participer à cette mission. Pierre déclare en effet : « Il faut que l’un de ces hommes devienne avec nous témoin de sa résurrection. »

Appartenant par notre baptême à la création nouvelle, nous ne pouvons plus vivre à la manière du monde qui ignore Dieu ou s’oppose à Lui. Au prix d’un combat parfois difficile, il nous faut rejeter le péché et la haine. Par une conversion continuelle, nous sommes appelés à un renouvellement de notre cœur, de notre être et de notre agir à la lumière du Christ qui s’est abaissé et offert. A cet appel adressé à nous tous, quelle que soit notre place dans l’Eglise, nous répondons avec la grâce que Dieu donne à chacun par l’Esprit Saint.

En ces jours où Jésus Ressuscité cesse de se rendre visible, c’est Lui l’esprit de vérité, notre Défenseur dont nous attendons la venue. Jésus demande à son père de l’envoyer sur ses disciples pour les garder dans la fidélité à son nom et à sa Parole. Par lui, dit Saint Jean dans sa première épître, nous demeurons dans l’amour et nous reconnaissons que le fils est l’envoyé du Père. Il nous rend capable de nous aimer les uns les autres, comme Jésus lui-même dans le don total de nous-mêmes. Si nous reconnaissons que Jésus est le fils de Dieu, l’Esprit nous assure que l’amour de Dieu et notre amour ne seront pas séparés. Dieu demeure en nous et nous en Lui. L’Union des baptisés entre eux, l’ensemble des disciples du Seigneur, est d’autant plus forte qu’ils sont plus unis à Dieu. Et l’Esprit Saint nous fait entrer dans la joie divine, cette joie parfaite que Jésus éprouve parce qu’il aime le Père et qu’il est aimé de Lui.

En ces jours, méditons cette grande prière de Jésus. Sous l’inspiration de l’esprit Saint, unissons-nous à l’intercession qui l’adresse à son Père, pour tous les fidèles, pour l’Église, pour tous les hommes appelés à être ses disciples. Supplions-le de nous garder fidèles à son nom, de nous consacrer par sa Parole qui est vérité, de nous maintenir unis dans son amour afin que le monde croie en Lui.

 

Frère Claude
Moine du Bec