5eme dimanche de carême – B – Jean (3,14-21)

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Catégorie : Homélies

Évangile : « Si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit »

En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! »

Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

Jésus nous avertit aussi que si un homme reste attaché à son instinct de vie, il demeure enfermé en lui-même, il se perd, puisqu'en voulant se sauver seul, il cesse d'aimer. L'amour authentique se donne tout entier et sans retour.

Homélie :

Quelques Grecs abordèrent Philippe :  » Nous voudrions voir Jésus ». Philippe le dit à André et tous deux vont le dire à Jésus. ‘

Jésus interprète tout de suite cette demande comme un appel à témoigner au prix de sa vie de l’amour de son Père qui veut sauver tous les hommes. » L’HEURE est venue pour le Fils de l’Homme d’être glorifié.

Le thème de ‘l’heure’ parcourt tout l’évangile Jésus n’est pas ballotté au gré des événements : il sait qui il est et qu’il doit accomplir la volonté de son Père. Le Fils de l’homme, le juge à qui Dieu donne le Royaume éternel va être intronisé dans sa Gloire (Daniel 7, 14). Mais ce ne sera que par son passage à travers la mort.

Jésus comprend son destin par la petite parabole de la semence : celle-ci doit être jetée en terre, enfouie dans l’humus mais, au fond, elle ne meurt pas : elle porte en elle un germe de vie qui va jaillir, monter et s’épanouir en gerbe. Le corps nous permet d’entrer en relation avec les autres mais ces liens sont étroits, limités, éphémères : Jésus comprend qu’il doit offrir son corps afin qu’il puisse entrer en relation avec les Grecs mais aussi avec le monde, avec les hommes et les femmes de toutes nationalités et cela, jusqu’à la fin des temps.

Jésus nous avertit aussi que si un homme reste attaché à son instinct de vie, il demeure enfermé en lui-même, il se perd, puisqu’en voulant se sauver seul, il cesse d’aimer. L’amour authentique se donne tout entier et sans retour.

» Si quelqu’un veut me suivre » : Tout sera réalisé par la croix de Jésus mais le chemin dans lequel il pénètre en ce jour est celui que devra prendre quiconque veut être son disciple. Se mettre au service de Jésus c’est « le suivre », marcher sans cesse vers « l’heure » du don de soi. Mais au bout de cette démarche, le disciple fidèle recevra la Gloire éternelle du Père. Suivre le Christ conduit à la divinisation, à l’accomplissement divin de notre vocation humaine, à l’humanité plénière parce que baignée d’amour.

Cependant la perspective de l’horrible mort à laquelle Jésus est promis ne peut être évoquée sans frayeur : le Fils de l’homme reste un homme et il avoue sa tentation.

« Maintenant je suis bouleversé ! Que puis-je dire ?  Dirai-je :  » Père, délivre-moi de cette Heure » ? Mais non, puisque c’est pour cela que je suis parvenu à cette Heure ! … Père, glorifie ton Nom ». Alors du ciel, vint une voix qui disait :  » Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ».

Dans son récit de la Passion, Jean ne rapportera pas l’agonie à Gethsémani ; l’angoisse a saisi Jésus, seul au milieu d’un succès populaire et de l’incompréhension de ses disciples ; La perspective de sa passion l’effraie. Ne pourrait-il pas demander à son Père d’échapper à ce supplice ? Mais par fidélité à son Père, il ne peut édulcorer son message. L’HEURE de Dieu est là. S’il faut sauver les hommes au nom de Dieu, on ne peut que les aimer à en mourir.

Jésus exprime en public le cri de sa prière : « Père, glorifie ton Nom ». Que Tu sois reconnu, adoré et aimé dans le don de ma vie, image de ton amour qui se donne totalement ! Et son Père l’approuve grâce à la Pâque de son Fils dans la chair, tous reconnaîtront que Dieu EST Amour.

Jésus partage sa confiance : quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». Il signifiait par-là de quel genre de mort il allait mourir.

La crucifixion, toute horrible qu’elle soit, sera en vérité l’élévation dans la Gloire divine ! elle sera pour tous un témoignage. Crucifié entre ciel et terre, Jésus apparaîtra, pour les croyants, comme le médiateur entre Dieu ct les hommes. Le Crucifié attirera les hommes jusqu’à la fin de l’histoire. Ainsi l’Heure de la Croix sera en même temps : Glorification du Père, Gloire du Fils, espérance des croyants. Avec la résurrection par le Père « Jésus est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut)) et gage de la vie éternelle dans la paix et la joie partagée en Dieu de son Esprit d’amour « .

 

Frère Jean Marie
Moine du Bec