3eme dimanche de l’Avent 2020 B (Jn 1, 6-8. 19-28)

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Catégorie : Homélies

Evangile

Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.

Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »

Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »

Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.

Homélie de la messe du dimanche

En ce 3ème dimanche de l’Avent, nous sommes invités à nous réjouir puisque nous allons célébrer bientôt le jour de notre libération, la venue du fils de Dieu parmi nous, le mystère de l’incarnation qui nous a sauvés et qui apporte le salut au monde.

Il est urgent que nous retrouvions la joie, la vraie, pas les divertissements ni les consolations diverses promises par l’argent. Notre monde aujourd’hui est triste, il est comme prisonnier d’une chape de plomb. Les informations quotidiennes diffusées sur les ondes et dans les journaux sont un chapelet de catastrophes, de maladie, de mort, de guerre, d’abus sexuels, de menaces écologiques et sanitaires et cetera. La pandémie qui sévit depuis des mois sur notre planète a bousculé profondément nos habitudes les plus enracinées, qu’elle soient bonnes ou mauvaises.

« Notre monde est triste, écrivait Bernanos, il y a un vertige de la tristesse, un sale vertige. Avec Satan, la tristesse est entrée dans ce monde ». Ces paroles sont vraies, actuelles, la tristesse est un produit de la terre alors que la joie est une “rosée du ciel”. C’est l’homme qui a introduit la tristesse dans le monde, ce n’est pas Dieu. En Dieu, il n’y a qu’amour paix et joie.

Le chrétien ne doit jamais succomber à cette tristesse du malin. Or, il semble justement qu’il nous ronge insidieusement, freine nos élans les plus beaux, atteint l’espérance et même notre Foi. “Réveillez-vous, levez la tête, car votre délivrance est proche” chantons nous en cette Avent. Oui, il est urgent de nous réveiller.

Mais voyons quelle est la joie qui nous est donnée par Dieu ! Les lectures bibliques sont parlantes : vous le savez, c’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière” et aujourd’hui encore, en Isaïe : ”Je tressaille de joie dans le seigneur, mon âme exulte en mon Dieu.” et Saint-Paul ajoute : ”Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâces en toutes circonstances. C’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus, éloignez-vous de toute espèce de mal, bannissez l’inquiétude, faites connaître à Dieu vos besoins dans l’action de grâces.”

Méditons sérieusement sur chacune de ces paroles et tant d’autres dans l’écriture. Par notre baptême, nous avons reçu la joie, elle est en nous, nous n’avons pas à la chercher au dehors sinon pour nous émerveiller des merveilles de la création, à commencer par les êtres : qui a-t-il de plus beau, de plus émouvant, que le sourire d’un enfant ou même d’un vieillard qui rend grâce pour le bien qu’on lui a apporté. Le moyen de demeurer dans la joie est donc d’accorder nos désirs avec la volonté de celui qui conduit notre vie. Le secret de notre joie est dans la certitude que Dieu nous aime, d’un amour infini, qu’il est toujours avec nous. C’est cette prise de conscience de la présence de Dieu en nous qui nous garde dans la joie.

Tous les malheurs du monde, remettons-les à Dieu dans la Foi. Mais, en venant en aide aux plus pauvres, aux plus souffrants, aux plus abandonnés, notre Foi doit être active par la charité. Jean-Baptiste le prophète de l’Avent, le précurseur est celui que nous devons imiter. Il reste à sa place, il annonce la venue du messie parce qu’il l’a reçu en lui et que son unique devoir était de la proclamer jusqu’à sa mort.

Il nous apprend à voir Jésus en nous et dans nos frères. Quand il voit Jésus marcher vers lui, il dit : « Voici l’agneau de Dieu », mais avec nos yeux de chair on ne voit pas l’agneau de Dieu, on ne voit que Jésus qui marche. Voir l’agneau de Dieu, c’est voir avec les yeux de la Foi. C’est sur ce regard là que nous devons voir nos frères et le monde au-delà des apparences, si opaque soient-elles. Voir ce qui ne se voit pas, c’est par l’esprit Saint que nous avons reçu que cela est possible.

Jean-Baptiste est un prophète incontournable dans notre vie mais il porte en lui une austérité, une rigueur, que nous ne retrouvons pas avec Jésus. A ce propos un ancien raconte cette histoire : « un jour le vent parle avec le soleil, il lui dit : je suis plus fort que toi. Tu vois cet homme là-bas ? Pour te montrer ma force, je peux, en un rien de temps, lui retirer son manteau. Le soleil accepte le défi et va se cacher derrière un nuage, il laisse juste un petit trou pour voir le vent agir. Ce dernier se met à souffler de plus en plus fort, plus il souffle, plus l’homme tient ses bras serrés pour retenir son manteau. Le vent est essoufflé et obligé de reconnaître son échec. Le soleil sort tranquillement à demi de son nuage et se met à sourire en brillant calmement. Au bout d’un moment, devant la douce chaleur qui l’environne, l’homme enlève son manteau pour le pour le porter sous son bras.

Sans forcer le trait en comparant trop brutalement le Baptiste au vent et Jésus au soleil, nous pouvons entendre dans cette histoire un appel à faire rayonner le sourire de Dieu. Ce sourire qui réchauffe nos cœurs, enlève le poids de nos péchés et de nos peurs afin que nous ressuscitions dans la confiance et dans la joie à la rencontre du Seigneur.

Mets ta joie dans le Seigneur, il comblera les désirs de ton cœur.

Frère Michel
Moine du Bec